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Fureur, luxe et volupté

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/07/2000 -  
Claudio Monteverdi : Madrigali guerrieri ed amorosi
Concerto Vocale, René Jacobs (direction et clavecin)

« Il lui pousse d’estoc le fer dans son beau sein,
Où la lame s’enfonce, et boit son sang, avide ;
Et son habit qui, cousu de bel or,
Lui serrait tendrement, doucement les tétons,
S’emplit d’un fleuve chaud. »
Torquato Tasso


Les livres de madrigaux recèlent en eux autant de délicatesse que de fureur. On passe rapidement de la douce mélancolie à la vengeance immédiate. L’amoureux fait en même temps valoir sa flamme et son fer. Cette richesse induit parfois une atmosphère difficile à conduire avec subtilité. Avec René Jacobs, c’est bien le mot subtilité qui s’impose tout au long d’une soirée qui laissa perplexe par ses infimes nuances dynamiques, expressives, rythmiques. L’instrumentarium varié n’était pas pour rien dans la délicatesse de cette approche microscopique, qui au demeurant, donnait un air étonnamment moderne à ces partitions entre tradition et invention, de l’ancien madrigal à l’air d’opéra. On entendait entre autres, les délicats entrelacs d’un lirone, de deux violes de gambe, de deux cornets et quatre trombones, d’un archiluth et d’un théorbe, sans compter le coeur délicieusement anagogique de Marie-Ange Petit. Cette richesse sonore qui s’appuie sur une description détaillée de 1608 du Ballo delle Ingrate permettait à René Jacobs de tisser les pièces vocales de pavane, gaillarde, sonates et chaconne très réussies de Johann Hermann Schein, Giovanni Battista Fontana, Tarquinio Merula (avec de merveilleuses violes en échos) et Lorenzo Allegri. Il va sans dire que les solistes vocaux atteignaient les mêmes sommets de délicatesse que ces danses. Les vocalises de Kobie van Rensburg et John Bowen insufflaient un esprit particulièrement seyant au Zefiro torna, tandis que Salomé Haller et Marisa Martins ont réussi de manière éblouissante l’extase finale du Hor che’l ciel e la terra. La tragédienne Bernarda Fink a soutenu le Lamento della ninfa avec une rare tension. René Jacobs n’a pas failli à sa réputation de grand montéverdien.

Le concert sera retransmis sur France Musique, le jeudi 30 novembre à 20h00.


Frédéric Gabriel

 

 

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