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Le grand piano de Leif Ove Andsnes

Salzburg
Grosses Festspielhaus
08/22/2012 -  
Ludwig van Beethoven : Sonates n° 21 en do majeur «Waldstein», opus 53, et n° 22 en fa majeur, opus 54
Frédéric Chopin : Valses en fa mineur, opus 70 n° 2, en sol bémol majeur, opus 70 n° 1, en ré bémol majeur opus 70 n° 3 – Grande Valse brillante en la bémol majeur, opus 42 – Ballade n° 3 en la bémol majeur, opus 47 – Nocturne en si majeur, opus 62 n° 1 – Ballade n° 1 en sol mineur, opus 23

Leif Ove Andsnes (piano)


L. O. Andsnes (© Wolfgang Lienbacher)


C’était le jour du cent-cinquantième anniversaire de la naissance de Debussy. Mais, comme il y a deux ans pour Chopin, Krystian Zimerman a fait faux bond à Salzbourg – il devrait néanmoins interpréter le Concerto de Lustoslawski avec Cleveland et Franz Welser-Möst le 29 août, alors qu’il n’avait pas non plus joué avec le Quatuor Hagen en 2010. Cette année-là Volodos le remplaçait, voici aujourd’hui Leif Ove Andsnes.


Le meilleur, peut-être, de sa génération. Difficile d’imaginer début à la fois plus clair et plus décidé de la «Waldstein», où l’on entend toutes les notes des accords, où chacune pèse ce qu’il faut, dense mais jamais lourde – difficile aussi d’imaginer main gauche plus nette. La Sonate révèle aussi, au-delà de l’architecte, un coloriste – pas étonnant chez un Norvégien familier de Grieg –, dont la palette ressort d’autant plus qu’elle s’inscrit dans un grand éventail dynamique : l’Adagio molto pourrait être quelque Cathédrale engloutie. Mais la musique, surtout, avance, comme dans le développement de l’Allegro con brio, ou la transition entre les deux derniers mouvements. La sonate suivante ne met pas tous les interprètes à l’aise, les induisant dans la tentation d’une légèreté affectée ou d’une anticipation surchargée de l’«Appassionata» alors qu’elle se suffit à elle-même par son invention formelle : le pianiste ne tombe pas dans le piège, jouant le Menuetto initial avec une force tranquille, gardant la maîtrise de la course poursuite d’un Allegretto aux contrastes justement dosés.


Son Chopin, ensuite, refuse l’effet et répugne au romantisme de façade, d’abord dans les Valses, d’une grande finesse et d’une grande clarté, où un rubato discret traduit parfois une sorte de frémissement inquiet, même dans la Grande Valse brillante. Les Ballades peuvent dérouter ceux qui en attendent de grandes tempêtes : elles restent apolliniennes, classiques, relevant plus du journal intime que de l’explosion extravertie, l’expression passant, comme chez Beethoven, par les couleurs, alors que la virtuosité semble aller de soi. En d’autres termes, rien de faussement lisztien ici. Dans ses refus, dans ses exigences, dans ses pudeurs, ce piano est-il si éloigné de celui de Zimerman ? En bis, une autre Valse en la bémol et un très intéressant «Hommage à Rameau» de Debussy, aux sonorités rondes et veloutées, où le fil se noue, comme naturellement, entre le Polonais et le Français.


Du très grand piano.



Didier van Moere

 

 

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