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Vrai et faux concertos

La Roque
Parc du château de Florans
08/07/2012 -  
Franz Schubert : Symphonie n° 3, D. 200
Claude Debussy : Fantaisie
Maurice Ravel : Concerto en sol

Anne Queffélec (piano)
Sinfonia Varsovia, Jacek Kaspszyk (direction)


A. Queffélec, J. Kaspszyk (© Christophe Grémiot)


On ne peut certes reprocher à un festival de piano de ne pas mettre l’accent sur les orchestres, mais le Sinfonia Varsovia, dont Marc Minkowski est le directeur musical depuis 2008, confirme que la priorité ne se situe pas dans ce domaine à La Roque d’Anthéron: de fait, la formation polonaise ne brille ni par sa sonorité, ni par sa précision dans la Troisième Symphonie (1815) de Schubert. Ce lever de rideau tenant davantage du bouche-trou, sans aucun rapport avec la suite du court programme du concert, souffre, entre mollesse et sécheresse, d’un manque de grâce rédhibitoire et des tics interprétatifs de Jacek Kaspszyk, directeur artistique du Philharmonique de Wroclaw depuis 2006 et directeur musical de l’Orchestre de la Radio de Katowice depuis 2009.


Le festival salue l’année Debussy par une intégrale de sa musique pour piano seul, partagée entre Jean-Efflam Bavouzet et Philippe Cassard, mais il est heureux qu’il donne aussi à entendre sa seule pièce concertante, la Fantaisie (1890), de création posthume et rarement à l’affiche. Refusant, comme Fauré neuf ans plus tôt dans sa Ballade... et trente ans plus tard dans sa propre Fantaisie (également en sol), l’appellation trop traditionnelle de «concerto», le jeune compositeur n’en respecte pas moins la coupe tripartite usuelle et s’inscrit dans la veine franckiste par l’omniprésence d’un motif unificateur. Entre Symphonie «Cévenole» et Nuits dans les jardins d’Espagne, la partition, à la différence d’un concerto virtuose, ne met pas le piano en avant – nonobstant l’excellente acoustique du parc du château de Florans, Anne Queffélec paraît même excessivement couverte par l’orchestre – et aurait mérité davantage de sensualité, tant de la part de la soliste que de ses partenaires, en particulier dans le Lento e molto espressivo central.


A la différence de Debussy, Ravel n’a pas rechigné à sacrifier au genre du concerto et, s’il a attendu la toute fin de sa vie créatrice pour ce faire, la genèse du Concerto en sol (1931), dans la même tonalité que la Fantaisie de Debussy, s’est étalée sur près de vingt ans. Si l’équilibre entre les forces en présence est meilleur qu’en première partie, l’accompagnement demeure approximatif, parfois même grossier, à l’image de ce percussionniste frappant sans retenue la grosse caisse. Approximatif, le jeu de la pianiste française ne l’est pas du tout, sans tricher ni avec le tempo ni avec l’articulation dans le Presto final, quasiment parfait. Avec sa sobriété coutumière, elle cultive délibérément un registre expressif restreint, à peine perturbé par de furtifs états d’âme, au risque de rendre l’Adagio assai un peu soporifique, avec un cor anglais hélas difficilement audible. En bis, le choix de la Première Gnossienne (1890), exactement contemporaine de la Fantaisie, surprend moins de la part d’une interprète familière de la musique de Satie que le caractère intimiste, presque étrangement schumannien, qu’elle lui confère.


Le site du Sinfonia Varsovia



Simon Corley

 

 

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