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Lady Macbeth s’est perdue au royaume du belcanto

Geneva
Grand Théâtre
06/13/2012 -  et 15, 18, 21, 24, 26 juin 2012
Giuseppe Verdi: Macbeth
Davide Damiani (Macbeth), Christian Van Horn (Banco), Jennifer Larmore (Lady Macbeth), Andrea Carè (Macduff), Emilio Pons (Malcolm), Natalia Gavrilan (Une servante), Khachik Matevosyan (Un docteur), Björn Bürger (Un assassin, Un serviteur, Un héraut), Daniela Stoytcheva, Wolfgang Barta, David Ferreira (Trois apparitions)
Chœurs du Grand Théâtre de Genève, Ching-Lien Wu (direction), Orchestre de la Suisse Romande, Ingo Metzmacher (direction musicale)
Christof Loy (mise en scène), Jonas Dahlberg (décors), Ursula Rezenbrink (costumes),
Bernd Purkrabek (lumières), Thomas Wilhelm (chorégraphie), Yvonne Gebauer (dramaturgie)


(© GTG / Monika Rittershaus)


Ce Macbeth de fin de saison au Grand Théâtre de Genève était attendu avec autant d’impatience que d’inquiétude. Impatience parce que l’ouvrage est une rareté dans la Cité de Calvin, inquiétude parce que de sérieux doutes planaient sur les intentions du metteur en scène, Christof Loy, qui a offert ces deux dernières années au public genevois le meilleur (La Veuve joyeuse) comme le pire (La Donna del Lago), ainsi que sur l’aptitude de Jennifer Larmore, magnifique interprète de Mozart, Rossini et Bellini sur cette même scène, à incarner Lady Macbeth, son tout premier personnage verdien.


Pour ce qui est de la mise en scène, les appréhensions ont très vite été dissipées: Christof Loy signe une production parfaitement lisible et fidèle au livret, pour une fois sans transposition radicale dénaturant l’ouvrage ni provocation excessive. L’action est située dans le hall austère du château de Macbeth, manoir gothique aux murs énormes, avec un escalier monumental à l’arrière-plan. Cet univers en noir-blanc a quelque chose de cinématographique. A en juger par les costumes, nous sommes dans les années 1920-1930 et assistons à la décadence d’une société sans foi ni loi, dans laquelle la morale a disparu et où tout est permis, avant l’embrasement final. L’atmosphère étouffante et délétère qui se dégage n’est pas sans rappeler Les Damnés, avec moins de turpitudes mais plus de sang. La patte Loy se reconnaît à quelques excentricités (des infirmières à barbe parmi les sorcières, un pas de deux dansé par des hommes, dont l’un finira complètement nu), mais le tout est finalement plutôt sage.


Pour ce qui est de la distribution vocale, les choses sont nettement moins réjouissantes. Jennifer Larmore a peut-être toutes les notes de Lady Macbeth, mais elle n’est pas Lady Macbeth. Sa voix légère et claire ne lui permet pas de distiller la perfidie et la noirceur qui caractérisent le personnage, ni d’en dégager les accents impérieux. Certes, Macbeth est un opéra de transition, à la charnière entre belcanto et œuvres plus dramatiques, mais confier le rôle de la Lady à une belcantiste prive l’héroïne de son essence même, sans apporter en contrepartie de nouvelles couleurs ou de nouveaux éclairages au rôle. Malgré tout, l’interprète fait preuve d’une présence scénique électrisante, renforcée par ses robes magnifiques et son entrée glamour, descendant lentement les marches du grand escalier. Macbeth est chanté par un Davide Damiani constamment fâché avec l’intonation, à la technique sommaire et aux trémolos incessants, qui, de surcroît, arrive complètement essoufflé au terme de la représentation, craquant plusieurs notes. Heureusement, le superbe Banco de Christian Van Horn et l’héroïque Macduff d’Andrea Carè offrent de beaux moments de chant. Pour ses débuts dans la fosse du Grand Théâtre (il sera à la barre du Ring de la saison prochaine), Ingo Metzmacher livre une lecture toute en finesse et en nuances, mais au détriment de la charge dramatique. Du coup, ce Macbeth paraît moins sombre que ce qu’on a l’habitude d’entendre. Pour terminer, il faut relever, une nouvelle fois, la superbe prestation du chœur, pilier des saisons genevoises.



Claudio Poloni

 

 

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