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Festivités londoniennes

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
06/11/2012 -  
Leos Janácek : Príhody Lisky Bystrousky (Suite)
Antonín Dvorák : Concerto pour violoncelle n° 2, opus 104, B. 191
Anton Bruckner : Symphonie n° 1

Truls Mørk (violoncelle)
London Philharmonic Orchestra, Vladimir Jurowski (direction)


T. Mørk (© Stéphane de Bourgies/Virgin Classics)


Londres n’est pas que festivités jubilaires et olympiques, mais aussi une cité riche de nombreux et prestigieux orchestres. Si le Symphonique est en résidence à Pleyel, le Philharmonique, quant à lui, se produit régulièrement, comme le Philharmonia, au Théâtre des Champs-Elysées depuis plusieurs saisons. Vladimir Jurowski, qui en est le principal conductor depuis 2007, vient de fêter ses quarante ans mais en constatant que de trop nombreux sièges sont restés vides – un lundi soir, il est vrai – on se dit que sa notoriété n’est pas encore celle que devraient lui valoir son grand talent mais aussi sa personnalité toujours originale, parfois même déroutante ou irritante.


Le chef russe est par ailleurs depuis 2001 directeur musical du festival de Glyndebourne, où il s’apprête à donner avec son orchestre La Petite renarde rusée (1923) de Janácek: d’où sans doute l’idée de débuter ce copieux programme avec la Suite symphonique en deux parties que Václav Talich a tirée de l’opéra en 1937 (dans sa version révisée par Charles Mackerras). Vive et imagée, très attentive à mettre en valeur les effets instrumentaux tout en se concentrant sur une mise en place ô combien périlleuse, sa direction paraît moins chaleureuse et opulente que minutieuse et pointilliste, peut-être même au prix d’une certaine raideur.


Eloigné de la scène entre avril 2009 et décembre 2010, Truls Mørk avait déjà retrouvé Paris en mars dernier dans Don Quichotte de Strauss. Cette fois-ci dans le Second Concerto (1895) de Dvorák, il confirme qu’il ne souffre d’aucune séquelle de cette redoutable maladie de Lyme qu’il avait contractée voici plus de trois ans. Bien au contraire, il semble n’avoir jamais été aussi libéré des contingences techniques et aussi bouleversant dans son expression: associant finesse, pureté, pudeur, noblesse, mais aussi puissance, son jeu transfigure l’œuvre sans céder à la facilité de phrasés qui viendraient tirer l’auditeur par la manche. La satisfaction vient également d’un accompagnement faisant ressortir moult détail, certes un peu tonitruant dans les tutti mais en osmose avec le soliste, tout particulièrement dans son dialogue avec les bois. Un indice trompe rarement: la qualité d’écoute, une fois n’est pas coutume, du public de l’avenue Montaigne, qui retient encore plus son souffle pour le bis, Le Chant des oiseaux, mélodie catalane arrangée par Casals, et qui rappelle encore le violoncelliste norvégien bien que les lumières commencent à se rallumer.


A la tête d’un effectif significativement renforcé par rapport à cette première partie tchèque (et des contrebasses désormais placées en fond de scène, à la «viennoise», mais sans toutefois que les premiers et seconds violons aient été disposés en vis-à-vis), Jurowski a choisi la relativement rare Première Symphonie (1866) de Bruckner (dans la version de 1877, dite de «de Linz», alors que le compositeur résidait à Vienne depuis neuf ans). Belle démonstration de travail d’orchestre, bien sûr (impeccable tenue d’ensemble, soigneux agencement des voix, parfaite gradation des progressions, capacité à susciter des atmosphères très variées), sans doute d’autant plus admirable que si certaines pages annoncent les huit symphonies suivantes, d’autres sont en revanche singulièrement mal fichues – mais pas seulement. Car Jurowski s’attache à aller à l’encontre d’une pseudo-tradition brucknérienne d’épaisseur et de lourdeur: sans renoncer à la force et à la solennité, il se fait volontiers transparent, subtil et incisif, traçant une longue arche entre les Neuvièmes de Beethoven et Schubert, d’une part, et Mahler d’autre part – la scansion du début de l’Allegro molto moderato initial de Bruckner, par exemple, annonce ici clairement celle du premier mouvement de la Sixième de son élève.


Malgré des cuivres performants, le Philharmonique de Londres se révèle plus solide qu’irréprochable mais le nom de certains chefs de pupitres (clarinette, cor) n’en aurait pas moins mérité d’être mentionné. Toutefois, la gratuité, depuis la saison dernière, du programme de salle s’est hélas accompagnée d’une réduction de la pagination entraînant notamment la suppression de la composition détaillée des formations symphoniques et prive ainsi les musiciens d’une juste reconnaissance de leur individualité au sein de la collectivité orchestrale.


Le site de l’Orchestre philharmonique de Londres



Simon Corley

 

 

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