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Une certaine sonorité

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
06/06/2012 -  et 4 (Paris), 8 (Köln), 9 (Hamburg), 10 (London) juin 2012
Gabriel Fauré : Pelléas et Mélisande (Suite), opus 80
Maurice Ravel : Concerto pour la main gauche
Claude Debussy : Prélude à l’après-midi d’un faune – La Mer

Pierre-Laurent Aimard (piano)
Orchestra of the Age of Enlightenment, Simon Rattle (direction)


S. Rattle, P.-L. Aimard (© Mat Hennek & Felix Broede)


Prestigieuse série produite par le Bozar et le Festival van Vlaanderen Brussels, les European Galas s’achèvent cette saison avec l’Orchestre de l’Age des Lumières dirigé par Simon Rattle, un de ses «artistes principaux». Comme prévu, une foule cosmopolite des grands soirs honore la visite de cette formation un peu particulière en ce sens qu’elle évolue sans chef principal ni directeur musical. Propre à plaire au plus grand nombre, le programme se consacre à de la musique française composée sur une courte période à cheval sur les XIXe et XXe siècles, un répertoire encore peu abordé par les ensembles jouant, tel celui-ci, sur instruments d’époque.


Amputée de la «Chanson de Mélisande», la Suite de Pelléas et Mélisande (1898) de Fauré donne le ton : inutile d’attendre une sonorité et une discipline comme celles, par exemple, de l’Orchestre philharmonique de Berlin dont le chef britannique assure la direction musicale depuis dix ans. Cependant, le niveau s’avère satisfaisant, voire un peu plus, car, comme l’indique le compte rendu de la prestation de l’avant-veille à Paris, la (relative) acidité des cordes passe au second plan à l’écoute de cette interprétation épanouie, déliée et emplie de charme tandis que les bois interviennent avec suffisamment de suavité. A chacun ensuite, selon sa sensibilité, de se laisser porter par le pouvoir évocateur de cette musique qui invite à un rapprochement avec la peinture ou la poésie.


En revanche, la noirceur domine dans le Concerto pour la main gauche (1930) de Ravel. Est-ce à la demande de Pierre-Laurent Aimard, connu pour son intransigeance, qu’un encart a été inséré dans le programme de salle pour indiquer qu’il joue un Erard de 1921? Quiconque a dans l’oreille la fabuleuse version de Samson François avec André Cluytens sera surpris par la sonorité d’ensemble à laquelle contribue, bien sûr, ce magnifique instrument qui parvient autant que possible à se faire entendre malgré le poids de l’orchestre et les dimensions de la salle. Même si la main droite à plus d’une fois tendance à se diriger vers le clavier (un réflexe sans doute), le soliste parcourt sans souci particulier cette musique redoutablement efficace, pour reprendre un terme tant de fois galvaudé mais tellement approprié à son sujet. Le tact et l’expressivité avec lesquels le pianiste intervient suite à un fracas de l’orchestre ou la manière dont il s’impose sans dominer ses partenaires suscitent l’admiration. Impossible de passer sous silence l’aptitude des différents pupitres à restituer le climat lourd de sens de ce chef-d’œuvre ainsi que le rythme soutenu imprimé par Simon Rattle. Ce dernier prend place ensuite au fond de la scène pour écouter le bis, «La Fille aux cheveux de lin» extrait du Premier Livre des Préludes de Debussy, histoire d’établir un lien avec Mélisande, célèbre pour sa longue chevelure.


«Claude de France», justement, occupe la seconde partie de la soirée, un choix logique compte tenu de la teneur de la soirée mais aussi de circonstance, sesquicentenaire de sa naissance oblige. Au contraire de Massenet, voilà au moins un compositeur célébré comme il se doit, cette année, par le petit monde musical belge. Exécuté de façon trop quelconque, le Prélude à l’après-midi d’un faune (1892-1894) ne distille pas ce sentiment d’abandon et d’indicible qui le caractérise. L’orchestre se montre davantage affairé dans une Mer (1903-1905) rugueuse et tourmentée. Au prix de quelques imprécisions dans les interventions et d’un manque de netteté, de façon générale, dans la mise en place, le «Dialogue du vent et de la mer», pour ne citer qu’un exemple, possède un souffle et une intensité véritablement saisissants. Pour se remettre de toute cette émotion, rien de telle qu’une pièce calme et pensive, en l’occurrence une orchestration de la Deuxième Gymnopédie de Satie offerte en guise de bis.


Que réservent les European Galas la saison prochaine ? De belles choses, assurément : l’Orchestre de chambre de Bâle dirigé par Rinaldo Alessandrini le 14 septembre (avec Rolando Villázon), l’Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg conduit par Yuri Temirkanov le 20 novembre (avec Nelson Freire), l’Orchestre philharmonique de Vienne le 11 mars emmené par Zubin Mehta et l’Orchestre philharmonique de Rotterdam le 15 mai avec, à sa tête, un jeune chef vers lequel bien des regards se tournent, Yannick Nézet-Séguin. Un peu comme Simon Rattle lorsqu’il officiait à Birmingham.


Le site de l’Orchestre de l’Age des Lumières
Le site de Pierre-Laurent Aimard



Sébastien Foucart

 

 

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