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Une générosité unique

Geneva
Victoria Hall
05/24/2012 -  
Frédéric Chopin: Ballades n° 1, opus 23, n° 3, opus 47, et n° 4, opus 52
Ernesto Lecuona: Malaguena – La comparsa – Córdoba – Gitanerías
Alberto Ginastera: Danza criolla
Ernesto Nazareth: Odeón – Brejeiro
Moisés Moleiro: Joropo
Improvisations

Gabriela Montero (piano)


G. Montero (© Colin Bell)


Voici un récital d’une artiste unique, profondément authentique et très talentueuse. Gabriela Montero s’est fait connaître par une capacité unique à improviser mais sa singularité va au-delà de cette prodigieuse capacité. Sous ses doigts, les Ballades de Frédéric Chopin deviennent une histoire. Ce ne sont plus des simples formes musicales, ce sont des vrais poèmes. La fluidité des tempis sert avant tout à développer une atmosphère et à rendre plus personnel le discours. Il ne faut pas chercher comme le font de nombreux pianistes, avec succès, à faire ressortir la richesse des recherches d’harmonies ou à limiter le rubato pour rendre la musique trop objective, nous sommes ici plus dans un esprit à la Cortot où il faut chercher à habiter chaque notes au-delà de leurs places dans une structure formelle.


Les moyens techniques de la pianiste vénézuélienne sont également inhabituels. A l’opposé d’une grande majorité de ses nombreuses collègues, elle a beaucoup de puissance sonore et n’hésite pas à jouer des vrais fortissimos. Suivant aussi une tradition de nombreux artistes issus d’Amérique latine, elle possède enfin une vitalité rythmique qui rend les pièces de son pays irrésistibles.


Mais c’est sans nul doute dans la seconde partie consacrée à ses improvisations qui est la plus marquante. Gabriela Montero dialogue avec son public pour lui demander de proposer des thèmes le plus souvent en demandant que ceux-ci soient chantés. Cet échange est fait avec beaucoup de gentillesse et de complicité. C’est tout naturellement que deux jeunes filles fredonnent l’air de Papageno de La Flûte enchantée, air qui devient la base d’une fugue à la Bach avant qu’un auditeur plus âgé ne chante l’air du toréador de Carmen qui lui sert de base à une improvisation pleine d’harmonies à la Debussy. Le thème du premier mouvement du Troisième Concerto de Rachmaninov se retrouve dans des accords profonds à la Moussorgski avant que ceux-ci ne s’éclairent et s’animent. Gabriela Montero y fait preuve d’une exceptionnelle maîtrise et voir la musique se créer sous ses propres yeux est une expérience absolument unique. Il ne faut pas voir dans cette démarche aucune marque d’orgueil ou de vantardise mais au contraire celle d’une générosité profonde. Il y a des artistes qui veulent qu’on les admire, d’autres qui se vivent pour la profondeur des émotions qu’ils génèrent et d’autres comme Gabriela Montero qui se dépassent pour communiquer avec leur public.


Ce récital constituait la première apparition genevoise de Gabriela Montero. La pianiste vénézuélienne s’est fait particulièrement connaître durant les dernières années aux Etats-Unis où elle réside mais sa notoriété n’est pas encore suffisante pour remplir Victoria Hall, ce qui est très dommage. Mais ne nous trompons pas, il y a peu d’artistes dont comme elle, il soit possible de dire que le talent s’approche du génie.


Alternatives Classiques
Le site de Gabriela Montero



Antoine Leboyer

 

 

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