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José Cura, excellent chef mais piètre metteur en scène

Nancy
Opéra
05/06/2012 -  et 8, 10, 11, 13*, 15 mai 2012
Giacomo Puccini : La rondine

Yuree Jang/Gabrielle Philiponet* (Magda de Civry), Avi Klemberg/Mickael Spadaccini* (Ruggero), Abdellah Lasri*/Xin Wang (Prunier), Eva Ganizate/Norma Nahoun* (Lisette), Jean-Vincent Blot/Marc Scoffoni* (Rambaldo), Benjamin Colin (Périchaud), Florian Cafiero (Gobin), Sébastien Parotte (Crébillon), Alexandra Matloka (Ivette), Cristina Antoaneta Pasaroiu (Bianca), Rany Boechat (Suzy)
Chœur de l’Opéra national de Lorraine, Merion Powell (chef de chœur), Orchestre symphonique et lyrique de Nancy, José Cura (direction musicale)
José Cura (mise en scène, décors et costumes), Gerd Meier (lumières)


(© Opéra national de Lorraine)


La rondine est un bien curieux opéra. Créée à Monte-Carlo en mars 1917, l’œuvre de Puccini semble davantage appartenir à l’univers de l’opérette viennoise qu’au mélodrame larmoyant vécu par Mimi, Manon, Butterfly et autre Liù. L’intrigue rappelle ainsi un peu La Chauve-Souris, et la belle Magda qui se rend au bal Bullier déguisée en grisette est sœur de Rosalinde ; mais son rêve secret est bien plus proche de celui de Violetta dans La traviata. La partition est un étrange mélange de pages d’un lyrisme à fleur de peau – dont Puccini détient le secret – et de musique d’opérette, mais annonce aussi certaines préoccupations contemporaines, avec l’introduction du tango, du slow fox ou encore du ragtime. Il s’y trouve surtout l’impalpable Sogno di Doretta, si beau que Puccini ne résiste pas à l’envie de l’utiliser tout au long de l’opéra comme un leitmotiv obsédant.


Signant mise en scène, décors et costumes, le ténor argentin José Cura (également à la baguette) transpose l’action un siècle plus tard que ne le suggère le livret, soit dans les années 1950. Malheureusement, son travail ne dépasse jamais le stade d’une honnête routine, se limitant à illustrer le livret avec simplicité et même une touche de naïveté. Il s’avère ainsi bien meilleur chef, insufflant à cette magnifique partition beaucoup d’émotion, tout en mettant de l’ordre dans l’affrontement de ses différentes esthétiques. On suppute que la formidable ovation qu’il obtient au rideau vient saluer ce dernier talent, parce que pour le reste...


Composée de jeunes artistes avec lesquels José Cura a travaillé lors de master classes, la distribution entendue en cette matinée (il y en a deux en alternance) ne soulève aucun reproche. Gabrielle Philiponet impose une belle présence scénique, un refus de s’abandonner à la tentation du sentimentalisme et une séduisante capacité à plier sa voix – sensuelle dans le médium et glorieuse dans l’aigu – jusqu’au murmure. Norma Nahoun maîtrise la tessiture de Lisette et se rend immédiatement sympathique, sans avoir besoin de recourir à des attitudes banales ou à des accents exagérément pathétiques. Le Prunier de Xin Wang dialogue à la perfection avec elle, même si son timbre, un peu étouffé, tend à être couvert par l’orchestre, défaut compensé par de belles ressources techniques et expressives. L’autre ténor, Mickael Spadaccini, apporte à Ruggero une voix plus solide et plus chaleureuse, moins subtile également, comme il convient au personnage, par définition différent de tous les autres. Dommage que sa séduction vocale ne s’accompagne pas d’une conviction scénique aussi affirmée. Sur ce plan, l’élégant Marc Scoffoni s’avère incomparable, dessinant un Rambaldo percutant et sûr.



Emmanuel Andrieu

 

 

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