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Souffle de jeunesse

Strasbourg
Palais de la Musique et des Congrès
04/03/2012 -  
Zoltán Kodály : Háry János (Suite): Carillon musical de Vienne, Intermezzo & Entrée de l’Empereur et de sa cour
Joseph Haydn : Concerto pour violoncelle et orchestre en ut majeur
Charles Gounod : Faust: Invocation de Valentin & Cavatine de Faust
Georges Bizet : Les Pêcheurs de perles: Duo Nadir-Zurga
Anders Koppel : Toccata pour marimba, vibraphone et orchestre
Joaquin Rodrigo : Concierto pastoral

Xin Wang (ténor), Yuriy Tsiple (baryton), Loïc Schneider (flûte), Tristan Cornut (violoncelle), Ryoko Kondo et Claire Litzler (percussionnistes), Bruno de Souza Barbosa (cymbalum)
Orchestre philharmonique de Strasbourg, Marko Letonja (direction)


L. Schneider


Les apparitions de Marko Letonja à la tête de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg ne débutent que ce printemps, à un stade déjà tardif de la saison 2011-2012, la transition avec le mandat de Marc Albrecht, au départ quelque peu rapide, n’ayant pu s’effectuer sans quelques hiatus dans les agendas. Avant sa prise de fonctions officielle au poste de directeur musical de l’orchestre, prévue pour le début de la saison 2012-2013, le chef slovène n’assure donc pour l’instant que des fonctions d’invité de plus en plus régulier. Or il n’est pas anodin qu’il ait choisi pour son premier concert non pas une soirée d’abonnement mais cette présentation de jeunes solistes en devenir, soirée quelque peu atypique et exceptionnelle.


Cette année, Marko Letonja a souhaité inscrire dans un contexte plus local cette chance donnée à de jeunes tempéraments prometteurs. D’où le remplissage important de la salle par un public issu du Conservatoire de Strasbourg, corps enseignant mais aussi élèves de tous âges. Un auditoire souvent très jeune, plutôt remuant, qui fait beaucoup grincer les sièges à bout de souffle du Palais de la Musique et qui applaudit volontiers entre les mouvements. Rajeunissement bienvenu cela dit, qui crée un contraste violent mais agréable avec les attitudes compassées du public d’abonnés habituel.


Programme long et varié, articulé autour de quelques extraits symphoniques de l’opéra Háry János de Kodaly, qui donnent au passage l’occasion d’écouter le percussionniste sud américain Bruno de Souza Barboza dans une partie de cymbalum qui devrait certainement constituer pour lui un cheval de bataille durable, les musiciens qui maîtrisent bien cet instrument vétilleux restant rares. Deux autres percussionnistes issues du Conservatoire de Strasbourg, Claire Liztler et Ryoko Kondo, interprètent la Toccata pour marimba, vibraphone et orchestre du compositeur danois contemporain Anders Koppel, né en 1947. Une musique qui picore à tous les râteliers, jusqu’aux rythmes simples des musiques actuelles et aux tournures les plus accrocheuses de la comédie musicale américaine, mais avec un appréciable savoir-faire. Toutes mailloches dehors, les deux percussionnistes en tenues assorties rivalisent de virtuosité et tentent avec succès de cultiver un indéniable charme visuel dans leurs évolutions. Pour mémoire, puisque rien ne le précise clairement dans le programme, le marimba était ici à la gauche du chef et le vibraphone à sa droite...


L’opéra est aussi représenté, par deux jeunes chanteurs qui ont déjà eu l’occasion de faire leurs premières armes à l’Opéra National du Rhin et dans ses structures d’atelier lyrique satellites. Le jeune ténor chinois Xing Wang, né en 1979, a par ailleurs déjà remporté de nombreux prix dans des concours de chant internationaux, ce qu’il paraît amplement mériter. La voix est belle, timbre de ténor d’une rare élégance, et l’interprétation de la Cavatine «Salut ! Demeure chaste et pure» du Faust de Gounod, un modèle de style. Quant au baryton ukrainien Yuriy Tsiple, né en 1984, il paraît doté de moyens moins exceptionnels mais assume sans défaut l’Invocation de Valentin ainsi que le célèbre duo «Au fond du temple saint» des Pêcheurs de perles de Bizet.


Deux concertos centrent chacune des deux parties du concert, ce qui permet au passage de constater les réels talents d’accompagnateur de Marko Letonja. Pour Tristan Cornut, violoncelliste né en 1985, en fin d’études dans les Musikhochschulen de Stuttgart et Freiburg, le choix du Concerto en ut majeur de Haydn paraît évident mais ne le présente pas sous un jour vraiment accrocheur. L’exécution reste sage, impeccable, l’orchestre même réduit sonnant souvent trop fort pour mettre en valeur un timbre de soliste peu nourri. Qualités techniques et musicalité sont là mais paraissent davantage pour l'instant destiner ce jeune musicien à un avenir de chambriste qu’à une carrière de soliste à large aura. Tout autre paraît le rayonnement du flûtiste d’origine strasbourgeoise Loïc Schneider, né en 1981, flûte solo à l’Orchestre de la Suisse romande. Une sonorité d’instrument particulière, puissante voire tranchante, un souffle inépuisable, une musicalité séduisante qui parvient même à parer de vertus insoupçonnées un Concierto pastoral de Rodrigo qui n’a pourtant pas, avec ses multiples répétitions simplistes, des allures de partition majeure, créent une parenthèse où le temps paraît suspendu. La flûte devient là un instrument quasiment magique, l’interprète parvenant à faire corps avec son moyen d’émission sonore d’une façon tout à fait particulière, continuellement fascinante. Assurément un nouveau grand flûtiste français en devenir.



Laurent Barthel

 

 

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