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Le premier opéra japonisant

Rennes
Opéra
03/10/2012 -  et 12*, 13, 14 mars 2012
Camille Saint-Saëns : Suite algérienne, opus 60 – La Princesse jaune, opus 30
Bénédicte Tauran (Léna), Jean-François Borras (Kornélis)
Orchestre de Bretagne, Claude Schnitzler (direction musicale)
Vincent Tavernier (mise en espace), Claire Niquet(scénographie), Erick Plaza Cochet (costumes), Carlos Pérez (lumières)


J.-F. Borras, B. Tauran (© Laurent Guizard)


Au sein de la production lyrique de Camille Saint-Saëns, La Princesse jaune est une rareté qui méritait bien de revenir en pleine lumière. Si la partition (contemporaine) de Samson et Dalila, extravertie, étincelante, a fait le tour du monde, celle de La Princesse jaune n’avait jamais connu (à deux ou trois exceptions près) les honneurs de la scène depuis sa création à l’Opéra-Comique en 1872. Sur un livret de Louis Gallet, l’histoire narre les rêves d’amour du poète Kornélis pour une princesse japonaise, fantasmée à travers une lithographie, tandis que sa cousine Léna, bien réelle, est éprise de lui. Au sortir de ce songe éveillé, il se rend compte que c’est bien Léna seule qu’il aime.


L’ouvrage étant court, on l’a fait précéder de la Suite algérienne (1880), du même compositeur – délicieuses petites pièces à l’invention mélodique aussi originale que raffinée. Claude Schnitzler défend cette musique avec beaucoup de conviction, à la tête d’un Orchestre de Bretagne particulièrement chatoyant, placé ce soir sur un podium en fond de scène, tandis que l’action se déroule sur la fosse recouverte pour l’occasion.


Vincent Tavernier a imaginé, avec sa scénographe Claire Niquet, un espace scénique composé d’un enchevêtrement de livres reliés... qui s’avèrent tous consacrés au Japon. La scène du songe offre une superbe image avec, tombant des cintres, quantité de lampions rouges ainsi qu’un magnifique kimono que revêt bientôt Léna.


Les deux chanteurs-acteurs réunis ce soir, fort bien dirigés, se révèlent fantastiques de présence. Et quelles voix! Après son enthousiasmant Des Grieux à la Bastille il y a quelques semaines, Jean-François Borras enchante à nouveau grâce à son beau ténor lyrique, qu’il sait néanmoins plier à la véritable bonbonnière qu’est la salle de l’Opéra de Rennes. En quelques mots: une voix mordante et racée, brillante dans la quinte aiguë, capable aussi d’allégements et de nuances, en particulier dans le délicieux air «Sur l’eau claire et sans ride». Bref, un chanteur à suivre! Dans le rôle de Léna, la soprano française Bénédicte Tauran traduit idéalement la flamme amoureuse de l’héroïne, aussi bien par le charme de sa silhouette que par sa voix à la fois fraîche et fruitée. Elle délivre avec beaucoup d’émotion et de musicalité son premier grand air «Je faisais un rêve insensé» avant de montrer beaucoup d’ardeur dans le non moins superbe «Vision dont mon âme est éprise».


Le bonheur de découvrir une partition rare, riche d’invention et porteuse d’émotion.



Emmanuel Andrieu

 

 

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