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Gentiment extravagant

Liège
Palais Opéra
02/22/2012 -  et 24, 28 février, 2, 4* mars 2012
Gioacchino Rossini : L’equivoco stravagante
Sabina Willeit (Ernestina), Daniele Zanfardino (Ermanno), Enrico Marabelli (Gamberotto), Laurent Kubla (Buralicchio), Julie Bailly (Rosalia), Daniele Maniscalchi (Frontino)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Marcel Seminara (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Jan Schultsz (direction)
Stefano Mazzonis di Pralafera (mise en scène), Jean-Guy Lecat (décors), Michel Stilman (lumières), Fernand Ruiz (costumes)


(© Jacky Croisier)


Après La vera costanza de Haydn, l’Opéra royal de Wallonie poursuit sa saison avec une production de L’equivoco stravagante (1811) de Rossini qu’il partage avec les opéras de St. Moritz et de Riehen. Si leur auteur ne nécessite aucune présentation, ces deux ouvrages se font rares, surtout celui du compositeur italien qui le coucha sur papier en quelques semaines à l’âge de dix-neuf ans seulement. Fille d’un riche parvenu et éprise de lecture, Ernestina aime le pauvre Ermanno, précepteur de son état, mais elle doit épouser le riche et arrogant Buralicchio. Pour éviter cette malheureuse issue, le domestique, Frontino, met sur pied un stratagème extravagant : il fait croire à ce dernier que la jeune fille est en réalité un castrat déguisé qui a déserté l’armée. Dénoncée par son prétendant, Ernestina se retrouve en prison mais, que le lecteur se rassure, tout est bien qui finit bien puisqu’elle finira par épouser celui qu’elle aime. En raison de ce sujet un tantinet scabreux, ce dramma giocoso a été retiré de l’affiche du Teatro del Corso de Bologne après trois représentations – autres temps, autres mœurs.


Cet ouvrage de jeunesse ne peut être comparé aux immenses chefs-d’œuvre à venir, ne fût-ce qu’à cause de sa trame simpliste et sans surprise mais la musique témoigne déjà de l’immense talent et de la patte du compositeur : pas d’air, de duo ou d’ensemble d’une beauté à couper le souffle mais une verve et une théâtralité entraînantes. Dirigé par Jan Schultsz, l’Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie reste conforme à sa ligne de conduite (rigueur des interventions, cohésion des pupitres) et s’accommode comme il peut d’une acoustique défavorable, en particuliers pour les bois, mais il gagnerait à être plus vif et croustillant. Au clavecin, Hilary Caine apporte durant les récitatifs une touche d’humour bienvenue.


Comme souvent à Liège, les chanteurs se hissent à un niveau moyen fort acceptable en ce sens que chacun possède un bagage suffisant à défaut d’une aura et d’une virtuosité incomparables. Pour son incarnation pleine d’aplomb et vocalement admirable du rôle d’Ernestina, Sabrina Willeit mérite les plus vifs applaudissements du public, de même que l’autre interprète féminine de la distribution, la Belge Julie Bailly dont la voix chaleureuse et de beau volume possède bien des atouts. Daniele Zanfardino met la sienne, fine et agile, au service d’un Ermanno bébête mais attachant. Malgré un port nettement plus bourgeois, Buralicchio (remarquable Laurent Kubla) n’a pas plus de jugeote puisqu’il croit naïvement à l’astuce de Frontino, bien joué et chanté par Daniele Maniscalchi. Enrico Marabelli, quant à lui, se glisse dans la peau du père, Gamberotto, avec un mordant et une vis comica des plus appréciables.


La mise en scène de Stefano Mazzonis di Pralafera répond aux attentes du public de l’Opéra royal de Wallonie en jouant la carte de l’humour bon enfant. Le jeu scénique ne cherche pas à innover – l’ouvrage le permet-il de toute façon ? – mais les gags se succèdent, la sauce prend et la tension ne fléchit pas. Tout ce petit monde évolue dans un décor art déco qui comporte, signe extérieur de richesse, une piscine dans laquelle, durant la conclusion, Gamberotto pousse Buralicchio avant d’y plonger à son tour – du coup, ils viendront saluer en peignoir. Est-ce l’influence de Tintin, récemment porté à l’écran, et de The Artist ? Un petit chien blanc dénommé Fiasko joue la vedette en intervenant à quelques reprises sur la scène du Palais Opéra.



Sébastien Foucart

 

 

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