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De Morales à Bach, célébration et messe.

Ambronay
Abbatiale
10/07/2000 -  

10/07/00
Giuseppe Cavallo : Il Guidizio Universale
La Capella de’Turchini, Antonio Florio (dir.)

10/08/00
J. S. Bach : Messe en si mineur
Sunhae Im, Robin Blaze, Gerd Türk, Hanno Müller-Brachmann
Akademie für Alte Musik Berlin, Marcus Creed (dir.)

10/09/00
Sonates italiennes du XVIIe siècle
Andrew Manze (violon), Richard Egarr (clavecin)

Messe des funérailles de Charles Quint
Cristobal de Morales :Officium defunctorum, Missa pro defunctis
La Capella Reial de Catalunya, Hesperion XX, Jordi Savall (dir.)

Equivalent du Centre de musique baroque de Versailles, le Centre de musique ancienne de Naples mène, grâce à Antonio Florio et Dinko Fabris, d’actives recherches sur le répertoire du XVIIe siècle. Les archives musicales des Gerolamini (les pères Philippins) sont une de leurs sources : 2000 manuscrits napolitains témoignent du faste passé. Pour faire refleurir à nouveau ces partitions, après Il Fuggilotio, Antonio Florio fonde en 1987, la Capella de’Turchini que l’on a entendue dans de beaux concerts parisiens et qui réalisa des enregistrements prisés, participant au renouveau des ensembles baroques en Italie. La couleur sombre et profonde que l’on avait dans la mémoire s’est muée pour ce concert en douceur claire : c’est la fin du XVIIe siècle qui les occupe en ce moment. Elève de Francesco Provenzale, Giuseppe Cavallo composa son oratorio en deux parties dans la Naples de 1681. Dans ce mélodrame spirituel, on entend d’abord un très beau livret sur le thème du contemptum mundi, on voit deux anges qui sonnent la trompette, un Christ incarné ici par un ténor pas assez méchant (malgré les paroles terribles du personnage), une apocalypse dans un beau salon doré. Les enchaînements dramatiques mettent en lumière une Roberta Invernizzi impliquée, face à un plateau homogène mais pas excellent, soutenu par un orchestre irréprochable, excepté les basses qui souffraient de se trouver dans un espace trop résonnant.
Le véritable portrait du Christ en général militaire était brossé un jour plus tard, dans les mêmes lieux, par Marcus Creed. Le chef semble rechercher l’effet, privilégie les arêtes et envisage certains passages de la Messe comme des batailles : le tempo suit en conséquence, les trompettes, elles, malgré leur excellence, ont parfois du mal à suivre et on les comprend. Creed s’occupe plus du choeur que de l’orchestre qui manque d’unité dans des passages trop rapides, qui se transforment dès lors, en confusion. L’ensemble se contracte, l’expression s’éloigne et il arrive que l’on frise la caricature. L’équilibre est plus favorisé dans les passages plus lents : on aura eu droit à un beau Symbole. La voix d’Hanno Müller Brachmann est particulièrement remarquable, profondeur, largesse (avec peut-être trop de fer à certains moments ?) ; mais elle est disproportionnée par rapport au reste du plateau.
La logique de l’effet était poussée à bout par les sonates de Pandolfi interprétées par le très médiatique Manze : improvisation, stylus phantasticus, chaconnes, modulations rapides et éloignées, cascades, ruptures. Autant de subversions anecdotiques, banales et attendues qui n’arrivaient pas à la cheville de la Toccata de Frescobaldi interprétée par le seul Richard Egarr.
A dix mille lieux de ces terres fantasques, Jordi Savall donnait corps à une voix d’un autre âge, avec un son et une respiration différents. Mêlant douceur du sentiment et âpreté savoureuse de la verticalité polyphonique, cette musique du milieu du XVIe siècle faisait exister Dieu quelques minutes. Glose, élargissement de quelques idées mélodiques, les différentes sections proposent un regard différent sur un même objet incantatoire. Suite à l’intonation grégorienne, on a donc un organisme qui se développe de manière autonome, dans une austérité flamboyante, sans apport extérieur troublant cette solitude mélancolique. Savall intègre merveilleusement bien le consort de violes et de vents comme caisse de résonance des chanteurs. Pour mettre en scène ce lieu de l’absence qu’est un office funéraire, le chef espagnol a judicieusement choisi de commencer et finir sans applaudissement le concert au fond du choeur, les musiciens se retirant du lieu d’exécution.


Frédéric Gabriel

 

 

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