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La constance de l’ORW

Liège
Palais Opéra
01/27/2012 -  et 29*, 31 janvier, 2, 4 février 2012
Joseph Haydn : La vera costanza
Federica Carnevale/Sandra Ferrández* (Rosina), Andrea Puja (La Baronessa Irene), Arianna Donadelli (Lisetta), Anicio Zorzi Giustiniani/Yuri Gorodetski (Il Conte Errico), Cosimo Panozzo/Pablo García López* (Il Marchese Ernesto), Elier Munoz (Masino), Gianluca Margheri (Villotto)
Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Jesús López-Cobos (direction)
Elio de Capitani (mise en scène), Carlo Sala (décors), Ferdinando Bruni (costumes), Nando Frigerio (lumières)


(© Jacky Croisier)


Toujours en exil au Palais Opéra pour cause de travaux de rénovation, l’Opéra royal de Wallonie s’écarte des sentiers battus à deux reprises cette saison. Avant L’equivoco stravagante de Rossini, du 22 février au 4 mars, il monte une production de La vera costanza (1777-1778) partagée avec six autres institutions dont le Teatro Real de Madrid qui la créa en 2009. Si les symphonies et les quatuors de Haydn bénéficient de toutes les attentions, il n’en va pas de même pour ses ouvrages lyriques, au nombre de treize, et portant des qualificatifs aussi divers que dramma per musica, azione teatrale ou encore, comme cette Vera costanza, dramma giocoso : un divertissement représenté pour la première fois à Eszterháza et reposant sur un argument sur lequel il n’est guère utile de s’attarder.


Le metteur en scène, Elio de Capitani, admet les faiblesses du livret mais il y passe outre en conférant un tant soit peu de relief aux personnages et en comblant les lacunes dramaturgiques. L’intrigue amoureuse se déroule presque comme si de rien n’était et, à la fin, les chanteurs entonnent un hymne à la fidélité et à la vertu. Les costumes gentiment loufoques de Ferdinando Bruni accusent la différence de classe entre, d’une part, Rosina, jolie et fraîche, et Masino, beau et lourdaud, et, d’autre part, l’entourage à la fois altier et ridicule de la baronne Irene. La scénographie, dans laquelle s’invite quelques acrobates, regarde vers la commedia dell’arte : en conformité avec l’esprit de l’ouvrage, ce petit monde s’agite avec allégresse mais les décors (entre autres un phare et une forêt), un peu trop figés, présentent une fantaisie plus mesurée que celle jeu scénique. Néanmoins, si le spectacle se tient et se regarde avec un certain plaisir, force est de reconnaître que les rires fusent rarement dans la salle ce dimanche après-midi.



(© Jacky Croisier)


Et la musique dans tout cela ? Bien sûr, Haydn constitue à lui seul un gage de qualité mais il est vain de rechercher dans ces trois actes, du reste conçus avec soin et imagination, les plus géniales inventions dont le compositeur fait habituellement preuve dans ses symphonies et ses quatuors. Jesús López-Cobos se produit pour la première fois à la tête de l’Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie qui se montre discipliné, comme à son habitude. Le chef observe un équilibre adéquat avec le plateau, ce qui ne constitue pas un luxe dans cette acoustique peu idéale, et ne s’engage pas dans des tempi insensés et une dynamique trop accusées. La musique progresse d’un bon pas, sans s’appesantir, avec suffisamment d’éclat, d’agilité et d’à propos pour susciter constamment l’intérêt.


Dépourvue de partie chorale, la partition comporte son lot d’airs plaisants et d’ensembles enlevés. En l’absence de rôle secondaire, il s’avère donc impossible de dissimuler ses faiblesses mais, à une exception près, les chanteurs connaissent à fond leur rôle pour l’avoir interprété lors de la création ou d’une reprise. Le niveau vocal se hisse, une fois de plus, à un bon niveau. Sandra Ferrández (Rosina) et Elier Munoz (Masino) laissent la plus forte impression grâce à la richesse de leur timbre, à l’élégance de leur ligne vocale et à leur aisance scénique. La soprano incarne son rôle à merveille, exactement avec cette «force douce», cette «ténacité conciliante» et cette «pudeur effrontée» dont parle le metteur en scène pour qualifier le personnage. Andrea Puja et Arianna Donadelli développent avec talent la personnalité, respectivement, de la baronne Irene, impulsive et arrogante, et de Lisetta, fine et audacieuse. Yuri Gorodetski se glisse dans le costume du comte Errico : malgré une voix de petite dimension, ce qui ne signifie pas négligeable, et un timbre plus terne que celui de ses partenaires, au rang desquels Pablo García López (le marquis Ernesto) et Gianluca Margheri (Villotto), le ténor biélorusse parvient au moins à conférer un peu de consistance à ce rôle insipide et difficile à cerner. Bref, avec cette production somme toute sympathique, l’Opéra royal de Wallonie satisfait au niveau artistique qu’il s’efforce d’atteindre depuis le mandat de Stefano Mazzonis di Pralafera.



Sébastien Foucart

 

 

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