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Lamoureux en Russie

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/29/2012 -  
Dimitri Chostakovitch : Ouverture de fête, opus 96
Serge Prokofiev : Concerto pour piano n° 2, opus 16
Serge Rachmaninov : Symphonie n° 2, opus 27

Yakov Kasman (piano)
Orchestre Lamoureux, Emmanuel Leducq-Barome (direction)


Y. Kasman


Ce n’est pas parce qu’un certain flottement a pu être constaté après le départ, en 2010, de Yutaka Sado, chef principal depuis 1993, et avant l’annonce de l’arrivée, en septembre prochain, de Fayçal Karoui aux fonctions de directeur musical et parce que certaines de ses prestations récentes ont déçu que l’immense capital de sympathie acquis depuis plus de 130 ans par l’Orchestre Lamoureux aurait entièrement fondu. Aucune raison, par conséquent, de l’oublier, d’autant que la saison de l’association symphonique parisienne, placée sous le slogan «Soyons fous!» et parvenue à mi-chemin de ses sept concerts répartis entre Gaveau et le Théâtre des Champs-Elysées, offrait avenue Montaigne une belle fin d’après-midi russe, intitulée «Histoires de fou».


Emmanuel Leducq-Barome (né en 1971) d’origine franco-russe, formé à Lyon, Paris, Genève et Saint-Pétersbourg, est tout indiqué pour diriger ce généreux programme: chronologiquement à rebours dans l’histoire soviétique puis russe, mais on ne peut plus traditionnellement structuré, il débute par l’Ouverture de fête (1954) de Chostakovitch, qui s’est imposée, grâce au talent du compositeur, comme un brillant lever de rideau, faisant oublier le contexte officiel ayant présidé à sa conception (le trente-septième anniversaire de la Révolution d’octobre).


C’est avec Yakov Kasman (né en 1967) que le chef a enregistré voici une dizaine d’années plusieurs concertos de Chostakovitch et Schnittke mais aussi de Prokofiev: dans le Deuxième (1913), on ressent tant cette connivence, dans un partenariat très équilibré entre le soliste et l’accompagnement, que la familiarité du pianiste russe avec cette partition redoutable. Il ne roule pas des mécaniques, ne recherche pas la surenchère de décibels et conserve une certaine objectivité, tout à fait justifiée pour rendre justice à l’un des premiers témoignages du futurisme. L’Andantino initial peut paraître un peu lent, mais le chant, si articulé soit-il, n’est nullement sacrifié et les voix secondaires ressortent avec clarté; de même, le Scherzo perd un peu de son atmosphère diabolique, mais cette approche raisonnée, frappante dans sa manière de concilier construction et poésie dans les cadences des deux mouvements extrêmes, trouve sans doute le mieux à s’illustrer dans l’Intermezzo. Toujours en sol mineur, le bis, «Juin (Barcarolle)», extrait des Saisons (1876) de Tchaïkovski, est nettement plus apaisé et Kasman y démontre qu’il sait faire la part des choses entre sensibilité et sentimentalisme.


Après l’entracte, dans la gigantesque Deuxième Symphonie (1908) de Rachmaninov, Leducq-Barome déploie une battue active mais sobre, sans baguette, les deux bras souvent parallèles et se contentant, pour l’essentiel, d’indiquer la mesure et quelques départs. A-t-il été avant tout soucieux de mise en place dans un répertoire auquel un orchestre français, somme toute, est peu aguerri? Toujours est-il que son interprétation, solide mais sans éclat ni flamboyance, demeure assez littérale, n’exagérant pas l’expression des affects durant cette heure d’épanchements infinis, au point ne livrer que de parcimonieuses bouffées des grands élans et des grandes phrases lyriques de l’œuvre. En bis, il trouve d’ailleurs plus de liberté et de caractère dans l’irrésistible «Lezghinka» qui conclut la Première Suite (1943) tirée par Khatchatourian de son ballet Gayaneh (1942). Tout au long de cette seconde partie, ce que donne à entendre l’Orchestre Lamoureux, à défaut d’évoquer les heures les plus glorieuses et désormais bien anciennes de son histoire, est très encourageant et confirme la volonté des musiciens de maintenir le rang de leur formation dans le paysage musical de la capitale.


Le site de Yakov Kasman



Simon Corley

 

 

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