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Chez Nélie Jacquemart et Edouard André

Paris
Musée Jacquemart-André
01/23/2012 -  
Franz Schubert : Sonate pour piano n° 17 «Reliquie», D. 840
Franz Liszt : Sonate en si mineur

Jean-Marc Luisada (piano)


J.-M. Luisada (© Catherine Cabrol)


Tout au long de la saison, «Autour du piano» investit des lieux plus ou moins attendus (salles Gaveau et Cortot, hôtel Dosne-Thiers), mais ses six séries de trois week-ends prolongés (samedi, dimanche et lundi) au musée Jacquemart-André présentent un caractère particulier. D’abord parce que ces dix-huit concerts, du 21 janvier au 19 mars, confirment que le directeur de la programmation, Hervé Archambeau, possède non seulement un beau carnet d’adresses mais aussi du goût: Paul Badura-Skoda, Marie-Christine Barrault, Erik Berchot, Brigitte Fossey, Yves Henry, Christian Ivaldi, Cyprien Katsaris, François Le Roux, Suzanne Ramon, Bruno Rigutto, Sasha Rojdestvenski, Emmanuelle Swiercz et Leontina Vaduva, entre autres, se succèdent ainsi pour des récitals en solo ou chant/piano, de la musique de chambre et des spectacles musicaux.


Mais l’attrait de ces spectacles tient bien évidemment aussi au cadre dans lequel ils sont accueillis. A 19 heures, le cortège d’une grosse centaine d’heureux élus s’ébranle pour emprunter une rampe en arc de cercle qui s’élève doucement vers la cour d’honneur située devant la façade de l’hôtel édifié en style Louis XVI dans le quartier de la plaine Monceau au tournant du Second Empire et de la Troisième République par l’architecte Henri Parent (1819-1895), qui, incidemment, était arrivé en deuxième position, derrière Garnier, au concours pour la construction du nouvel opéra. Trois quarts d’heure permettent tout juste de prendre une coupe de champagne et de visiter le rez-de-chaussée, avec l’aide d’un audioguide: découverte ou redécouverte d’un bâtiment construit à l’initiative d’Edouard André (1833-1894). Originaire d’une famille de banquiers protestants, officier puis député du Gard, il épousa en 1881 le peintre Nélie Jacquemart (1841-1912), neuf ans après qu’elle eut fait son portrait. Ouvert au public dès 1913 grâce au legs opéré par les époux au profit de l’Institut de France, le musée, outre des expositions temporaires, met en valeur les richesses accumulées par ces collectionneurs fortunés et avertis: tableaux (Boucher, Canaletto, Chardin, David, Greuze, Rembrandt, van Dyck, Vigée-Lebrun, ...), plafonds de Tiepolo, antiquités égyptiennes, meubles de Riesener, tapisseries des Gobelins, tapis de la Savonnerie...


Presque épargné de la rumeur du boulevard Haussmann et attenant au grand salon circulaire où les spectateurs ont dégusté leur apéritif, le salon de musique, dans lequel sont disposées sept rangées de chaises, est dominé par une haute galerie située au premier étage. Au lendemain d’un premier récital, Jean-Marc Luisada revient, sans Bogie, son célèbre labrador noir, pour un programme associant deux sonates assez atypiques. L’une, inachevée et sous-titrée de ce fait «Reliquie», est la Dix-septième (1825) de Schubert: constituée d’un Moderato et d’un Andante qui dépassent à eux seuls une demi-heure, cette sonate étrange et attachante mais négligée bien que typiquement schubertienne, si elle était parvenue à son terme, aurait sans doute atteint les proportions de la Neuvième Symphonie, également en ut et commencée à la même époque. Le pianiste français en souligne d’ailleurs l’ampleur et la puissance symphonique, sur un instrument au confort sonore assez relatif, mais ne semble pas s’être encore totalement approprié l’œuvre.


Toujours partition sous les yeux, il s’attaque ensuite à la Sonate en si mineur (1853). Après un début cahoteux, la réalisation devient plus satisfaisante, quoique non exempte de scories. Luisada finit par en venir à bout en 34 minutes, au fil d’une interprétation personnelle, à tout le moins, comme dans l’articulation des quatre notes descendantes au début du thème de la fugue ou dans l’étirement extrême de la coda. Le public ne lui en tient nullement rigueur et se voit donc offrir en bis une très courte pièce de Wagner, uniquement caractérisée par l’indication Languissant, parfois aussi intitulée «Elégie» (1881), qui n’a pas grand-chose à envier au dernier Liszt.


Le site de «Autour du piano»
Le site du Musée Jacquemart-André
Le site de Jean-Marc Luisada



Simon Corley

 

 

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