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Avec Rihm (et raison)

Paris
Cité de la musique
01/14/2012 -  
Joseph Haydn: Quatuor n° 81, opus 77 n° 1
Wolfgang Rihm : Quatuor n° 9 «Quartettatz»
Ludwig van Beethoven: Quatuor n° 14, opus 131

Quatuor Thymos: Eiichi Chijiiwa, Gabriel Richard (violon), Nicolas Carles (alto), Valérie Aimard (violoncelle)


E. Chijiiwa, G. Richard, N. Carles (© Patrick Gauthey)


Une fois de plus, le menu de la biennale de quatuors à cordes de la Cité de la musique est pantagruélique: du 14 au 22 janvier, la cinquième édition affiche en effet dix-neuf concerts et autant de formations invitées. Si la plupart sont consacrées, parfois depuis fort longtemps – Arcanto, Arditti, Borodine, Hagen, Kronos, Modigliani, Prazák, Takács, Tokyo, Ysaÿe – la programmation s’ouvre également à des ensembles plus récents ou moins connus. Mais malgré l’abondance et la concentration de l’offre, le public reste curieux et fidèle à ce rendez-vous, ce dont témoigne un amphithéâtre plein pour le Quatuor Thymos.


Constitué en 2003 par quatre musiciens issus du Conservatoire national supérieur de musique de Lyon et membres de l’Orchestre de Paris, il justifie ainsi le choix de son nom: «la notion de Thymos ainsi qu’elle fut développée par les anciens philosophes grecs désigne l’âme (le "cœur") en tant que force vitale, et plus explicitement en tant que le souffle de la vie». D’âme et de souffle vital, le Quatre-vingt-unième Quatuor (1799) de Haydn (Premier des deux de l’Opus 77) ne manque pas, puissant, assuré, solide, sans arrière-pensées, réjouissant (Presto final), même spectaculaire (Trio du Menuetto) et où se distingue, davantage qu’un premier violon à l’intonation parfois contestable, le violoncelle somptueux et sonore de Valérie Aimard – la biographie du quatuor dans le programme de salle ne précise pas si elle fait figure de nouvelle recrue ou bien de remplaçante de Marie Leclercq.


Depuis la deuxième édition, il n’est point de biennale sans intégrale: après Dusapin en 2005, Carter en 2008 et Schubert en 2010, voici Wolfgang Rihm (né en 1952) et ses vingt-deux partitions écrites depuis 1966, à savoir treize Quatuors numérotés et neuf opus divers, de plus ou moins grande ampleur. Et comme il n’est point non plus de biennale sans création, les Arditti donneront à cette occasion la première du Treizième Quatuor. L’hommage pour les soixante ans du compositeur allemand, passionnant panorama d’une vaste production dialoguant avec les références du genre (sans les imiter en quoi que ce soit), débute par le Neuvième Quatuor «Quartettatz» (1993), destiné au Quatuor Emerson. Comme son sous-titre l’indique, il s’agit d’une pièce de 23 minutes d’un seul tenant... et d’une mise en place redoutablement difficile, qui n’effraye cependant pas le Quatuor Thymos, dont les violons ont permuté: mouvement unique, certes, utilisant les cordes d’une manière guère plus «avancée» que Bartók, mais heurté, en perpétuel changement, traversé par des moments de frénésie ou d’intensité postromantique extrême, mais prenant fin sur six notes énigmatiques de l’alto, staccato et diminuendo.


Après un bref entracte, c’est un autre imposant continuum germanique, le Quatorzième Quatuor (1826) de Beethoven: nullement décontenancé par un programme aussi lourd, le Quatuor Thymos ne sacrifie pas la qualité instrumentale. Plutôt que de faire ressortir les aspérités, le caractère abstrait et la modernité d’une œuvre qui a dérouté ses contemporains, il va sans cesse de l’avant, dans une interprétation allante et même physique dans l’Allegro final.


Le site du Quatuor Thymos
La page de Wolfgang Rihm sur le site d’Universal Edition



Simon Corley

 

 

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