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Sur les toits de Paris

Marseille
Opéra municipal
12/29/2011 -  et 31 décembre 2011, 3, 5, 8*, 10 janvier 2012
Giacomo Puccini : La bohème

Nathalie Manfrino (Mimi), Riccardo Bernal (Rodolfo), Gabrielle Philiponet (Musetta), Marc Barrard (Marcello), Nicolas Courjal (Colline), Igor Gniidi (Schaunard), François Castel (Benoît)
Chœur de l’Opéra de Marseille, Pierre Iodice (direction des chœurs), Chœur d’enfants de la Maîtrise des Bouches-du-Rhône, Samuel Coquard (direction des chœurs), Orchestre de l’Opéra de Marseille, Mark Shanahan (direction)
Jean-Louis Pichon (mise en scène), Alexandre Heyraud (décors), Frédéric Pineau (Costumes), Michel Theuil (lumières)


(© Christian Dresse)


Alors qu’au même moment dans la cité voisine de Toulon, on montait une Bohème transposée pendant les événements de mai 68, à Marseille, c’est sur les toits en zinc de la Ville Lumière vers la fin du XIXe siècle que se déroule l’action. Déjà proposée à Monte-Carlo en avril 2010, puis à Saint-Etienne et Liège qui coproduisent le spectacle, la réalisation scénique, confiée au metteur en scène français Jean-Louis Pichon, s’avère somme toute classique et efficace. La structure de décor unique, signée Alexandre Heyraud, exhibe une succession de toits zingués et reliés par des escaliers qui servent aussi d’accès aux protagonistes et au chœur. On y est un peu à l’étroit au II, lors de la fameuse scène du Café Momus, mais la joyeuse animation qui soulève une foule aux costumes bariolés et acidulés (Frédéric Pineau) fait oublier cette difficulté. Pour revenir au travail de Pichon, ce dernier met essentiellement l’accent sur la jeunesse de ces personnages simples à qui arrivent des histoires simples, parti pris d’une indéniable fraîcheur – et d’un impact évident sur le public, qu’aurait certainement rebuté plus de pathos ou de misérabilisme.


Dans cette même optique, la distribution réunie ce soir ne présente aucune star – même si la carrière de Nathalie Manfrino déploie désormais ses ailes à l’étranger – mais de très bons chanteurs, et notamment de superbes «bohèmes», hors l’inodore Rodolfo de Ricardo Bernal. Avec beaucoup de sensibilité et de rigueur musicale, Nathalie Manfrino impose une Mimi à la fois fragile et juvénile. A partir du III cependant, elle fait montre d’une vraie détermination, aidée en cela par son timbre naturellement corsé. Son «Mi chiamano Mimi» trahit une troublante pudeur, mais aussi une inextinguible soif de vivre, et le «Donde lieta usci» se mouille des larmes de la jeune femme qui voit s’effondrer le plus beau des rêves, et accepte sa destinée avec résignation.


Dans ces conditions, il est d’autant plus dommageable que son partenaire masculin soit un si piètre acteur-chanteur. Doté d’un timbre sans séduction aucune, avare de toute couleur comme de toute nuance, le ténor mexicain ne semble connaître que l’émission forte. Cette recherche systématique de notes puissamment projetées retire toute poésie à son personnage d’amoureux transi - qu’il ne vit par ailleurs jamais de l’intérieur. Ses «Mimi!» sur les accords finaux sont ainsi loin de provoquer la même émotion dans l’auditoire que son homologue polonais à Toulon... Heureusement, les trois autres compères sont tous aussi excellents comédiens que chanteurs: Marc Barrard est un Marcello très convaincant, au magnifique grain de voix, et le Colline de la basse française Nicolas Courjal, au timbre non moins somptueux, emporte également les suffrages. Son «Vecchia zimarra», simple et émouvant, a véritablement noué la gorge du public marseillais. Le Schaunard du baryton moldave Igor Gniidi n’appelle, lui aussi, que des éloges. Enfin, la gracieuse Gabrielle Philiponet, fine musicienne, est une Musetta piquante et sensuelle, mais l’aigu est parfois un brin acide et strident... dommage!


Remarqué in loco lors de sa direction de Jenůfa il y a deux saisons de cela, le chef irlandais Mark Shanahan alterne ce soir les dynamiques extrêmes, en explorant les tréfonds de l’orchestration puccinienne, jusqu’aux plus infimes nuances de couleurs et d’intensité de la partition. L’Orchestre de l’Opéra de Marseille, électrisé par sa baguette, le suit à la perfection, tout comme les impeccables chœur maison et Maîtrise des Bouches-du Rhône.



Emmanuel Andrieu

 

 

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