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Il était une fois un spectacle

Bruxelles
La Monnaie
12/09/2011 -  et 11, 13, 14, 15, 16, 17, 18*, 20, 21, 22, 23, 27, 28 et 29 décembre 2011
Jules Massenet : Cendrillon
Anne-Catherine Gillet*/Rinat Shaham (Cendrillon), Sophie Marilley/Frédéric Antoun* (Le Prince Charmant), Nora Gubisch (Madame de la Haltière), Eglise Gutiérrez (La Fée), Ilse Eerens (Noémie), Angélique Noldus (Dorothée), Lionel Lhote (Pandolfe), Yves Saelens (Le Doyen), Quirijin de Lang (Le Surintendant des Plaisirs), Donal Byrne (Le Premier Ministre), Patrick Bolleire (Le Roi), Pascal Macou (Le Héraut), Amalia Avilán, Charlotte Cromheeke, Yuhmi Iwamoto, Caroline Jestaedt, Audrey Kessedjian, Camille Merckx (Six esprits)
Chœurs de la Monnaie, Martino Faggiani (chef des chœurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Alain Altinoglu*/Samuel Jean (direction)
Laurent Pelly (mise en scène, costumes), Benoît De Leersnyder (reprise de la mise en scène), Barbara de Limburg (décors), Laura Scozzi (chorégraphie), Karine Girard (reprise de la chorégraphie), Duane Schuler (éclairages), Simon Bennison (reprise des éclairages)




La Cenerentola en 2008, Cendrillon en 2011. Le conte de Perrault vu par Rossini et Massenet constitue un spectacle de fin d’année idéal, de quoi permettre au plus grand nombre de fouler la moquette d’une maison d’opéra pour la première fois en s’émerveillant et en retombant en enfance. D’ailleurs, la Monnaie pense aux plus petits puisque des coussins leur sont gracieusement distribués afin qu’ils ne puissent rien rater de ce qui se passe sur scène. Et Laurent Pelly leur montre bien des choses. Représentée à Santa Fe il y a quelques années puis à Covent Garden cet été, reprise à l’Opéra de Lille du 15 au 29 mai prochain dans une distribution différente, sa mise en scène, adaptée aux dimensions plus modestes du théâtre bruxellois, privilégie une narration des plus classiques, comme si les personnages surgissaient d’un vieux livres de contes, et s’inscrit dans des décors féeriques de Barbara de Limburg qui reprennent les premières phrases de cette histoire bien connue.


L’humour – fin, jamais poussif – a droit de cité, qui en douterait, mais l’intérêt premier de cet antidote à la morosité réside dans cet alliage subtil de grotesque et d’émotion, d’imaginaire et de réalité, de rire et de tristesse. L’imagination ne vient pas à manquer, pour preuves ces Esprits qui ressemblent à s’y méprendre à Cendrillon, ce carrosse constitué de lettres géantes indiquant qu’il s’agit... d’un carrosse, ou encore cette porte du palais ornée de lettres stylisées («La porte du palais») – savoureux et d’autant plus efficace que les idées surviennent à un rythme régulier et non tout azimut. Conçue telle une chorégraphie, la présentation au prince des fiancées potentielles constitue un des moments les plus réjouissants : assis sur un trône, dos face au public, il voit défiler, découragé, une succession de femmes (plus ou moins jeunes), aussi peu amènes les unes que les autres et affublées de costumes rouges à la fois élégants et décalés. Drôle au possible, l’essai de la pantoufle de vair par les mêmes demoiselles obéit à un principe identique. Nul doute plus d’un pensera à ces dessins animés télédiffusés jadis à cette époque de l’année.


Le charme agit également grâce à la distribution. Anne-Catherine Gillet, dont le premier disque vient d’ailleurs de sortir, partage le rôle-titre avec Rinat Shaham, mais la soprano belge remplace finalement cette dernière ce dimanche après-midi : adorable, mine de rien, en souillon, d’une élégance aristocratique une fois vêtue de sa robe de bal, elle séduit du début jusqu’à la fin grâce à la clarté de son timbre, personnel qui plus est, et à la finesse de son chant. Le contraste n’en est que plus grand avec ses demi-sœurs, Noémie (Ilse Eerens) et Dorothée (Angélique Noldus), plus ridicules que méchantes dans leur robe vert et rose bonbon bouffie au niveau de la taille. Nora Gubisch joue de son physique et, surtout, de sa voix de dimension wagnérienne dans le rôle de Madame de la Haltière dont elle cultive avec talent la fibre comique.


La Fée est à Cendrillon ce que la Reine de la nuit est à La Flûte enchantée. Eglise Gutiérrez incarne ce personnage en compensant par sa virtuosité une diction manquant de netteté, au contraire de celle d’un autre Belge, Lionel Lhote qui témoigne de ses qualités habituelles dans les habits bourgeois de Pandolfe – excellent chanteur, comédien habile, chacune de ses interventions est un régal. Enfin, Frédéric Antoun, dont le physique de jeune premier suscite le rapprochement avec celui de Juan Diego Flórez, développe un chant cultivé dans le rôle du Prince – un nom à retenir. A noter que Sophie Marilley incarne ce rôle dans l’autre moitié des représentations, ce qui rappelle, en effet, que sa création en 1899 a été confiée à une mezzo-soprano. Au même titre que les Chœurs, préparés par Martino Faggiani, l’Orchestre symphonique de la Monnaie illustre ses qualités habituelles dans ce répertoire : vitalité, limpidité, délicatesse. Alain Altinoglu, qui apparaît pour la première fois dans cette fosse, convainc de la grande valeur de cette œuvre. Après un Don Quichotte inoubliable en 2010 (à immortaliser d’urgence en DVD) et une Cendrillon réjouissante cette année, Laurent Pelly reviendra-t-il à la Monnaie l’année du centenaire de la mort de Massenet pour Le Cid, Thaïs ou Esclarmonde ? Après tout, les rêves peuvent devenir réalité.



Sébastien Foucart

 

 

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