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Musique chez Gustave Moreau

Paris
Musée Gustave Moreau
12/06/2011 -  
Ludwig van Beethoven : Sérénade pour flûte, violon et alto, opus 25
Bohuslav Martinů : Trois Madrigaux pour violon et alto, H. 313
Claude Debussy : Syrinx
Max Reger : Sérénade pour flûte, violon et alto, opus 77a

Anaïs Benoît (flûte), Elsa Benabdallah (violon), Marie Poulanges (alto)


A Paris, pas un orchestre qui ne s’attache à mettre en valeur ses musiciens dans des programmes de musique de chambre – ainsi de l’Orchestre de Paris depuis près de vingt ans. De même, il n’y aura bientôt pas de musée digne de ce nom qui n’accueille pas des concerts: après le Louvre et Orsay, bien sûr, mais aussi Jacquemart-André, le Petit Palais, la Marine et Marmottan, voici maintenant le musée national Gustave-Moreau. Au cœur de la Nouvelle Athènes, le bâtiment n’est autre que la maison même du peintre, transformée par ses propres soins en vue de la présentation de son œuvre, qu’il avait décidé de léguer à l’Etat.


La résidence d’un maître du symbolisme est tout indiquée pour cultiver les correspondances entre les arts, à commencer par la musique: l’Orchestre de Paris y propose donc quatre séances cette saison, à 20 heures mais dans un format de «concert de midi», à un tarif de 15 euros pour une durée d’une heure sans entracte. La thématique de ces programmes, dont les trois derniers ne sont pas encore connus avec précision, ne cherche cependant pas à tout prix à entretenir des affinités avec Gustave Moreau ou avec son époque, se bornant à aligner des trios à chaque fois différemment composés. Pour l’inauguration de cette série, c’est ainsi une formation assez rare, associant flûte, violon et alto: qui dit rare, dit répertoire limité, ce qui explique sans doute qu’aucune des pièces choisies n’ait été écrite du vivant de l’artiste.


Dans un vaste et haut atelier situé au-dessus de son appartement, au deuxième étage, face à deux gros radiateurs en fonte alignés entre les rangs d’une centaine de chaises pliantes et, au fond, à un magnifique escalier en spirale, les musiciennes se produisent sur un plancher qui craque, parmi des toiles souvent monumentales et devant la plus grande d’entre elles, Les Prétendants. Le style en évoque davantage le poème symphonique ou l’opéra que la musique de chambre, mais la relative exiguïté du lieu n’en autorise évidemment pas davantage, l’acoustique assez fortement réverbérée ne donnant même guère envie d’y entendre un piano.


La pimpante Sérénade pour flûte, violon et alto (1801) de Beethoven est couplée à son incontournable jumelle (également en ) écrite par Reger presque exactement un siècle plus tard: à onze années d’intervalle, il a en effet publié deux recueils (Opus 77 et Opus 141) comprenant chacun une sérénade pour flûte (ou violon), violon et alto et un trio à cordes. La Sérénade (1904) tirée du premier d’entre eux, comme le fait remarquer fort pertinemment l’altiste Marie Poulanges dans une courte intervention liminaire, traduit un retour au classicisme mozartien, avec des suaves modulations évoquant Richard Strauss mais aussi une fraîcheur et un élan qui annoncent même déjà Martinů. Le compositeur tchèque s’intercale d’ailleurs entre les deux Allemands, avec ses Trois Madrigaux (1947), premier de ses deux duos pour violon et alto, sans nul doute l’une des ses plus hautes inspirations chambristes, défendue avec élan et générosité dans une acoustique flattant la belle sonorité de l’alto mais ne dissimulant pas quelques problèmes de justesse. Debussy, admirateur de Moreau, a naturellement toute sa place: achevant le démantèlement du trio, Syrinx (1913) permet d’apprécier à découvert la flûte d’Anaïs Benoît, qui montre qu’elle n’usurpe pas sa place de piccolo solo au sein d’un pupitre dont les chefs sont aussi exceptionnels que Vincent Lucas et Vicens Prats.


Le site du musée national Gustave-Moreau



Simon Corley

 

 

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