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La tradition a du bon

Geneva
Victoria Hall
11/12/2011 -  et 8 (Bern), 9 (Zürich), 11 (Luzern) novembre 2011
Ludwig van Beethoven: Egmont, opus 84: Ouverture – Symphonie n° 3 “Héroïque”, opus 55
Wolfgang Amadeus Mozart: Concerto pour piano n° 25, K. 503

Francesco Piemontesi (piano)
Orchestre du Mai musical florentin, Zubin Mehta (direction)


F. Piemontesi (© Marco Borggreve)


Ceci peut paraître surprenant mais à ma connaissance, Zubin Mehta ne s’est pas produit à Genève depuis au moins dix ans si ce n’est plus. Il faut voir dans ce concert et également dans la venue récente de l’Orchestre de la Tonhalle de Zurich, absente elle depuis cinq ans, la marque d’une certaine professionnalisation de la vie musicale sous l’impulsion de Migros, le géant suisse de la distribution, et l’organisateur de ces événements. La venue du chef indien s’est accompagnée d’une campagne de communication toute classique qui a eu comme conséquence logique que Victoria Hall affichait plein. Ce n’est pas toujours le cas. L’an dernier, Thomas Hampson était venu dans le cadre de concerts sponsorisés par la Poste suisse et avait donné son récital dans une salle à moitié vide alors qu’il aurait fait salle comble s’il avait choisi le Grand Théâtre. En début de saison, le même phénomène s’était passé pour le Gewandhaus de Leipzig et Riccardo Chailly ... Il faut donc s’en féliciter et souhaiter que cela fasse venir avec régularité des artistes et des ensembles qui regarderont Genève avec la même considération que d’autres villes de même importance.


Donnée en début de concert, l’Ouverture d’Egmont pouvait donner lieu à quelques inquiétudes légitimes. La mise en place était parfois approximative, les cordes manquaient de chaleur et surtout cette œuvre si dramatique manquait singulièrement de tension. Sans doute ne faut-il y voir que le simple fait que nous entrons dans des saisons froides et que les musiciens n’étaient peut-être pas tout à fait chauds.


Tous les concerts de la Migros mettent en avant un soliste suisse. Ce rôle revient au jeune Francesco Piemontesi, pianiste issu du Tessin et récompensé au concours Reine Elisabeth. Son jeu fluide est clair et limpide. Mais Mozart ne demande-t-il pas quelque chose de plus que ce classicisme impeccable quelque peu figé? Il y a en effet dans cette œuvre comme dans tout Mozart des changements de tonalité qui expriment tant de sentiments et qui montrent bien à quel point Mozart restait un compositeur d’opéra même dans ses œuvres instrumentales. Donné en bis, “Ce qu’a vu le vent d’ouest” de Claude Debussy nous révèle soudain un pianiste aux moyens techniques significatifs, déployant une admirable sonorité sans la moindre dureté mais surtout se sentant enfin libéré et jouant d’une manière bien plus personnelle. Nul doute que ce soit ce pianiste-là qui se développe avec l’âge et la maturité. L’orchestre l’accompagne avec beaucoup d’attention et d’intelligence et seul le malheureux flûtiste s’embrouille en essayant d’ornementer ses notes. Rien ne vaut de s’en tenir à la partition.


C’est une prestation d’un tout autre niveau qui nous attend en seconde partie. L’orchestre revient avec un effectif au complet. Si certains solistes pèchent par moments et si l’orchestre ne peut par moments cacher qu’il est d’origine latine et non allemande, l’ensemble sonne cependant avec une certaine vigueur et trouve une grande inspiration sous la baguette de son chef à vie. Il faut reconnaitre effectivement à Zubin Mehta une autorité réelle mais aussi le fait de posséder une des battues les plus lisibles qui soient. En fidèle représentant de la tradition viennoise, il sait maintenir la continuité du discours musical. Ses tempi sont amples sans être lourds et lorsque les passages sont délicats, il sait ralentir légèrement afin que l’articulation ne soit pas sacrifiée. Enfin dans une œuvre si novatrice, il bâtit avec soin la polyphonie si riche qui a dû en son temps présenter tant de difficultés aux musiciens. Voici au total une exécution de la Symphonie “Héroïque” fraîche et dramatique qui respecte la dimension d’une œuvre qui comme à sa création se doit d’inspirer et de surprendre.


Très applaudis par un public attentif et silencieux, les musiciens donnent en bis l’Ouverture des Noces de Figaro, nous montrant qu’il est possible à un grand orchestre de jouer Mozart avec nuances, finesse et délicatesse. Voici des musiciens dont on espère qu’ils reviendront bientôt à Genève.


Le site de Zubin Mehta
Le site de l’Orchestre du Mai musical florentin
Le site de Francesco Piemontesi



Antoine Leboyer

 

 

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