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Requiems de guerre

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
11/10/2011 -  
Krzysztof Penderecki : Tren Ofiarom Hiroszimy
Giya Kancheli : Sevda Nateli
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n°7, opus 60 « Leningrad »

Chœur d’enfants de la Monnaie, Denis Meunier (chef du chœur), Orchestre Symphonique de la Monnaie, Leo Hussain (direction)


Leo Hussain


Depuis le mandat de Peter de Caluwe, l’Orchestre symphonique de la Monnaie exécute chaque année un requiem aux alentours de la Toussaint. Le concert de cette année a ceci de particulier que la seule œuvre du programme à revendiquer ce titre n’occupe que la seconde moitié de la première partie. Leo Hussain, qui sort des représentations d’Œdipe, enchaîne les Thrènes à la mémoire des victimes d’Hiroshima (1960) de Krzysztof Penderecki avec Light Sorrow, requiem pour le quarantième anniversaire de la victoire sur le fascisme (1984) de Giya Kancheli qui s’est déplacé pour l’occasion.


Avec cette composition pour cinquante-deux instruments à cordes, le Polonais, avant-gardiste à l’époque, témoigne de sa compassion pour les victimes des tragédies du siècle passé – il concevra plus tard un Dies Iræ à la mémoire des victimes d’Auschwitz. Dans son allocution liminaire, le chef invite le public à oublier sa conception de la musique, une recommandation peut-être destinée à ceux qui manifestent de l’hostilité envers la modernité. De fait, en évoluant du grave vers l’aigu, cet ouvrage bref mais saisissant évoque avec réalisme le chaos engendré par le largage des bombes atomiques (effets de sirènes, dissonances). Dans les couloirs, le bavardage de retardataires manquant de correction vient en gâcher l’exécution. A cet égard, fut-il opportun de permettre à des spectateurs d’entrer dans la salle vers 20 heures 15 alors que Leo Hussain, suite à sa prise de paroles, attendait, à juste titre, le calme avant de débuter la pièce ?


En mémoire des enfants victimes des guerres et commandé par Kurt Masur, Light Sorrow est représentatif du style aisément reconnaissable du Géorgien qui réside à Anvers depuis quinze ans : longues plages étales entrecoupées d’éclatants et puissants épisodes plus ou moins brefs et, bien sûr, chœur d’enfants (dont deux solistes), en l’occurrence celui de la Monnaie qui entre sur scène puis la quitte tout aussi lentement lors de l’exécution. Ce bref requiem qui nécessite un orchestre fourni, notamment en percussions, compte parmi ceux qui s’écartent de la liturgie traditionnelle pour préférer des textes d’auteurs connus, comme, dans ce cas-ci, Goethe, Shakespeare et Pouchkine. Il en existe d’autres au XXe siècle qui conviendraient à merveille pour un prochain concert du cycle : War Requiem de Britten, Berliner Requiem de Weill, Requiem pour un jeune poète de Zimmermann, pour n’en citer que trois.


La Septième Symphonie (1941) de Chostakovitch complète ce programme original, cohérent et copieux. Leo Hussain conduit ses troupes jusqu’à la triomphale péroraison mais l’interprétation laisse un sentiment mitigé. Si les colossaux premier et quatrième mouvements possèdent la puissance, le pouvoir dévastateur et l’émotion attendus, les épisodes médians, singulièrement moins investis, paraissent dépourvus de conviction et de concentration. La gestion des tempi ne suscite guère de reproches – résolus dès l’entame de l’Allegretto et dans l’Allegro non troppo, plus étirés dans le Moderato et l’Adagio – mais la mise en place, le rendu des contrastes et le niveau instrumental s’avèrent moyens ; pas au point, toutefois, de qualifier l’orchestre de catastrophique, comme on peut parfois le lire en France. Si les vents se distinguent dans l’ensemble positivement, les cordes manquent parfois de la noirceur et de la densité nécessaires tandis que les percussionnistes ont tout le loisir de démontrer leur savoir-faire, en particulier l’inflexible joueur de caisse claire dans le premier mouvement qui, décidément, évoque la progression implacable du Boléro de Ravel.


Le prochain concert de l’Orchestre symphonique de la Monnaie au Bozar, cette fois avec Carlo Rizzi, se tiendra le 14 février : seul(e) ou avec l’élu(e) de votre cœur, vous entendrez Roméo et Juliette, les Variations sur un thème rococo, avec Justus Grimm, et la Cinquième Symphonie de Tchaïkovski.



Sébastien Foucart

 

 

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