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Hanover Square Rooms, Londres, 9 juin 1840

Paris
Cité de la musique
11/07/2011 -  
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 6 «Pastorale», opus 68: «Erwachen heiterer Gefühle bei der Ankunft auf dem Lande» (4), «Lustiges Zusammensein der Landleute» (2) et «Gewitter, Sturm» (2) (transcription Liszt)
Franz Schubert : Ständchen, D. 889 (6) – Ave Maria, D. 839 (5) (transcriptions Liszt)
Franz Liszt, Sigismond Thalberg, Johann Peter Pixis, Carl Czerny, Henri Herz et Frédéric Chopin : Hexaméron (3)
Franz Liszt : Venezia et Napoli: Tarantella (1) – Grand galop chromatique (5)

Daria Fadeeva (1), Jean-François Heisser (2), Louis Lancien (3), Oscar Lin (4), Kana Okada (5), Katharina Treutler (6) (piano)


«Année Liszt», pour quelques semaines encore: les célébrations n’ont pas manqué, notamment autour de la date anniversaire (22 octobre), mais le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP) se devait lui aussi de saluer celui qui, dans sa douzième année, s’en vit refuser l’entrée par le directeur d’alors, Luigi Cherubini. C’est son lointain successeur, Bruno Mantovani, qui le rappelle avec humour dans son avant-propos à la notice remise aux spectateurs, enrichie d’une iconographie soignée et recherchée. Les élèves ont déjà participé à bon nombre de manifestations tout au long de l’année (et elles se poursuivront encore ce mois-ci et en décembre), mais du 7 au 10 novembre, c’est un dense «Hommage à Franz Liszt» (à entrée libre) qui se tient chaque jour à 18 heures et à 20 heures à La Villette: les Etudes, Faust, la transcription à l’orgue et au piano, la vocalité, l’atonalité, la Hongrie... bien des aspects sont abordés au fil de ces huit séances, avec, en apothéose, la très rare orchestration de la Sonate en si mineur par János Komivès.


Exceptionnellement en ce lundi soir, c’est l’amphithéâtre de la Cité de la musique, et non le conservatoire, qui accueille un concert intitulé «Autour du piano romantique, ...», présenté par Jean-François Heisser et Yves Henry, professeur d’harmonie (au CNSM) et de piano (au CRR), compositeur et président du festival de Nohant. Il s’agit de revenir à ce mardi 9 juin 1840 où fut employé pour la première fois le terme de «récital» pour qualifier le programme donné par Liszt aux Hanover Square Rooms de Londres (où Paganini, six ans plus tôt, n’avait pas fait recette). Mais il avait déjà offert au public dès 1839 des «soliloques» ou des «monologues», ainsi qu’il les appelait également, phénomène de starisation complètement nouveau pour l’époque, où les spectateurs ne payaient pas encore pour entendre des artistes en solo et où les concerts, fort longs, associaient généralement de nombreux musiciens dans des œuvres relevant de différents genres (vocal, chambriste, soliste, symphonique, ...) et pas nécessairement exécutées dans leur intégralité.


Parmi les trois symphonies de Beethoven qu’il avait transcrites à Nohant en 1837, il avait choisi de donner des extraits de la Sixième «Pastorale» (1808), plus précisément les troisième et cinquième mouvements. Seule entorse à cette «reconstitution», Oscar Lin en interprète le premier mouvement et non le dernier: malgré un petit accroc à la fin de la réexposition, il se tire admirablement des formidables difficultés posées par cette version, qu’il aborde davantage comme une musique pianistique que comme une réduction d’orchestre. Dans les troisième et quatrième (le fameux orage) mouvements, Heisser, partition sous les yeux, est ensuite techniquement moins heureux mais met davantage de personnalité, après avoir analysé le travail de transcription et fait apparaître les passionnantes différences entre l’Erard de 1890 sur lequel il joue et le traditionnel trois quarts de queue Steinway. Passionnantes car selon Heisser et Henry, l’instrument, bien sûr plus tardif que Liszt, n’en demeure pas moins très proche de ceux dont il usait.


C’est également à la fin des années 1830 qu’il adapte plusieurs lieder de Schubert: Katharina Treutler (née en 1985) interprète la célèbre Sérénade (1826) et Kana Okada (née en 1991) le non moins célèbre Ave Maria (1825): l’Allemande s’attache au phrasé et au chant, la Japonaise davantage à la couleur et à la sonorité. Après l’entracte, quelques mots d’introduction au rare Hexaméron (1837) n’auraient pas été de trop. Cette série de six variations sur la Marche des Puritains (1835) de Bellini associe en effet de façon tout à fait originale six grands pianistes-compositeurs: Chopin (qui appose sa marque poétique et harmonique sur la dernière variation, seule à ne pas entrer dans la compétition purement digitale), Czerny, Herz, Pixis, Thalberg (avec lequel Liszt livra l’année même un «duel pianistique») et Liszt lui-même, auteur, en plus de la deuxième variation, de l’introduction, de la présentation du thème, des interludes, de la coda et du finale. Louis Lancien (né en 1989) possède toute la bravoure et la virtuosité requises pour affronter une telle pièce, qui, un siècle trois quarts plus tard, fait encore son effet (et dont il existe par ailleurs une version concertante), mais a tendance à se laisser entraîner par un enthousiasme qui l’amène à frapper trop fort.


On retrouve donc avec d’autant plus de plaisir l’Erard, sous les doigts de la parfaite musicienne qu’est la Biélorusse Daria Fadeeva (née en 1977): il est frappant de voir comment les notes répétées staccato de la «Tarentelle» de Venezia e Napoli (1859) sonnent ainsi sans dureté. Kana Okada revient pour la conclusion, brillante comme il se doit, et cogne un peu trop dans le Grand galop chromatique (1838): c’est aussi l’histoire de l’arrangeur arrangé, puisque dès l’année suivante, Johann Strauss (père) adapta et orchestra cette courte page sous le nom de Furioso...


Le site de Katharina Treutler
Le site de Daria Fadeeva



Simon Corley

 

 

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