About us / Contact

The Classical Music Network

Lille

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Propre et net

Lille
Opéra
10/08/2011 -  et 11, 13, 16*, 19 octobre 2011
Igor Stravinski : The Rake’s Progress
Alek Shrader (Tom Rakewell), Christiane Karg (Anne Trulove), Alan Ewing (Trulove), Christopher Purves (Nick Shadow), Frances McCafferty (Mother Goose), Anne Mason (Baba the Turk), Alasdair Elliott (Sellem), Jean-Michel Ankaoua (Gardien)
Chœur de l’Opéra de Lille, Yves Parmentier (chef du chœur), Orchestre de Picardie, Arie van Beek (direction)
David Lescot (mise en scène), Alwyne de Dardel (scénographie), Sylvette Dequest (costumes), Joël Hourbeigt (lumières)




Une saison à quatre temps. Ainsi Caroline Sonrier, directrice de l’Opéra de Lille, qualifie-t-elle la programmation de cette institution qui accueille quatre spectacles de première importance : une nouvelle production du Rake’s Progress de Stravinski et du Couronnement de Poppée de Monteverdi (du 12 au 22 mars), cette dernière mise en scène par le fidèle Jean-François Sivadier et dirigée par Emmanuelle Haïm, en résidence avec son ensemble Le Concert d’Astrée, une Cendrillon de Massenet provenant de Covent Garden, imaginée par Laurent Pelly, reprise à Bruxelles en fin d’année puis à Lille du 15 au 29 mai, et Le Bénéfice du doute, chorégraphie de Christian Rizzo, également en résidence (du 19 au 21 janvier). La saison ne se résume pas à cela, fort heureusement, puisqu’elle comporte une Agrippina de Haendel (du 5 au 9 novembre) coproduite avec l’Opéra de Dijon (voir ici ), Austerlitz de Jérôme Combier (18 et 19 novembre), représenté pour la première fois cet été au Festival d’Aix-en-Provence, Le Tour d’écrou de Britten (13 et 15 décembre), en collaboration avec le Théâtre d’Arras, ainsi que Passion de Dusapin (du 2 au 5 février), chorégraphié par Sasha Waltz et coproduit avec le Théâtre des Champs-Elysées. A propos de danse contemporaine, les amateurs prêteront attention aux travaux d’Anne Teresa De Keersmaeker (du 24 au 26 novembre), Maguy Marin (du 30 mars au 1er avril) et Alain Buffard (12 et 13 juin).


L’offre en récitals et concerts n’est pas négligeable : Karine Deshayes en duo avec Delphine Haidan (27 janvier), Quatuors Prazák (27 mars), Diotima avec Sandrine Piau (4 avril) et Modigliani avec Paul Meyer (5 juin), Concert d’Astrée (La Création de Haydn, les 7 et 8 décembre) et Le Cercle de l’Harmonie (15 novembre). Comme d’habitude, la maison ouvre ses portes aux plus jeunes et aux néophytes grâce aux traditionnels Happy Days, aux concerts du mercredi à 18 heures et à diverses activités pédagogiques. Bref, sept ans après la fin de sa rénovation, l’Opéra de Lille s’impose plus que jamais comme une institution phare de la région Nord-Pas de Calais. Outre la qualité de la programmation de cette maison bien tenue, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 80 000 spectateurs ont été accueillis la saison dernière, en ce compris les manifestations gratuites, soit 5 000 de plus par rapport à la précédente.



(© Frédéric Iovino)


A peine l’Opéra national de Lorraine a-t-il retiré l’affiche de sa nouvelle production du Rake’s Progress que l’Opéra de Lille lève le rideau sur la sienne. A cette occasion, David Lescot aborde un ouvrage lyrique pour la première fois. Comportant suffisamment d’idées pour soutenir l’attention, sa mise en scène réfléchie et claire comme de l’eau de roche témoigne d’une réelle maîtrise : sans provocation ni excès (érotisme dilué dans le bordel de Mother Goose), elle propose une analyse fine du propos dont elle restitue le non-sens et la dérision. L’humour prévaut, comme lorsque Tom s’offre la maquerelle dans une sorte de pousse-pousse indochinois, et le cinéphile relèvera un clin d’œil au septième art (au bordel, hommes habillés comme Alex et sa bande dans Orange mécanique) mais ce filon aurait pu être davantage exploité. Il manque un soupçon de nerf et de relief pour rallier tous les suffrages, surtout que ce chef-d’œuvre supporte davantage d’intentions. Néanmoins, si la force de cette parabole ne s’expose pas avec tout l’impact attendu, David Lescot a réussi son examen d’entrée et il faudra dorénavant le suivre sur ce terrain. La scénographie, elle aussi soignée, d’Alwyne de Dardel appelle peu de commentaires : plutôt ancrée à notre époque, elle se réfère moins à Londres qu’à n’importe quelle grande métropole occidentale.


Mené par Arie van Beek, directeur musical depuis janvier, l’Orchestre de Picardie suscite une appréciation semblable : timbre agréable, vents dignes de la réputation de l’Ecole française (précision, éloquence), cordes fines et homogènes, jeu collectif proportionné et réglé dans les détails mais léger déficit d’impulsion et d’alacrité. Cette production repose sur une distribution adéquate. Si Frances McCafferty (Mother Goose) et Alan Ewing (Trulove) ont relativement peu à se mettre sous la dent, il n’en va pas de même pour Christopher Purves qui épouse étroitement le caractère de Nick Shadow (allure méphistophélique, diction mordante). Christiane Karg interprète Anne pour la première fois mais nul doute qu’elle renouvellera l’expérience : la soprano en traduit avec talent la finesse et la candeur. Autre prise de rôle réussie, celle d’Alek Shrader dans celui de Tom Rakewell, où son physique d’Adonis et ses moyens vocaux conviennent à merveille : le charme de la voix compense une puissance moyenne tandis que le jeu scénique s’avère naturel et persuasif. Comme leurs partenaires, Anne Mason (Baba the Turk) et Alasdair Elliott (Sellem) s’en tirent fort honorablement, de même que le Chœur de l’Opéra de Lille préparé par Yves Parmentier. Miser sur des chanteurs pour la plupart anglophones et ayant fait leur preuve dans Mozart s’avère donc payant.


Le site de l’Opéra de Lille



Sébastien Foucart

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com