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Zurich a eu fin nez Zurich
Opernhaus
09/17/2011 - et 21, 23*, 27, 30 septembre, 4, 6, 8 octobre 2011
Dmitri Chostakovitch: Le Nez, opus 15
Lauri Vasar (Kovalev), Valeriy Murga (Iakovlevitch), Alexej Sulimov (gendarme), Michael Laurenz (Ivan), Leonid Bomstein (Le Nez), Liliana Nikiteanu (Podtotchina), Eva Liebau (La fille Podtotchina), Cornelia Kallisch (Matrone), Liuba Chuchrova (Praskovia Ossipovna) Tomasz Slawinski (L'employé du journal), Pavel Daniluk (Un médecin, 2e valet, 5e badaud, 1re connaissance de Kovalev), Ivana Rusko (Vendeuse de bretzel), Margaret Chalker (Une mère, Une mère se promenant), Andreas Winkler (Portier, 2e policier, 1er badaud), Patrick Vogel (5e policier, 2e badaud, 2e connaissance de Kovalev), Benjamin Bernheim (7e policier, 3e badaud), Boguslaw Bidzinski (8e policier, 7e badaud), Miroslav Christoff (9e policier, Un vieil homme), Jan Rusko (1er fils, Jarichkin), Martin Zysset (Piotr Fiodorovitch, Lieutenant), Reinhard Mayr (1er valet, 1er policier, 4e badaud, 3e connaissance de Kovalev), Eugevny Sevastyanov (3e valet, 4e policier, Spéculateur), David Steffens (4e valet, 6e policier), Kresimir Strazanac (5e valet, 10e policier, 9e badaud), Cheyne Davidson (6e valet, /Un père), Andreas Hörl (7e valet, Cocher de la diligence postale, 6e badaud, Un gardien), Morgan Moody (8e valet, 2e fils), Giuseppe Scorsin (Cocher, Ivan Ivanovitch), Joa Helgesson (Laquais, Policier jardin d'été), Thomas Forde (Haiduk, 3e policier, Policier jardin d'été), Ilker Arcayürek (8e badaud), Eva Liebau (Soprano solo), Leonid Semenov (Mirza), Jakob Köhn (Connaissance, Accompagnateur), Julia Reznik (Dame de compagnie), Oleg Zhukov (Connaissance, Voyageur)
Chor der Oper Zürich, Ernst Raffelsberger, Lev Vernik (préparation), Orchester der Oper Zürich, Ingo Metzmacher (direction musicale)
Peter Stein (mise en scène), Ferdinand Wögerbauer (décors), Anna Maria Heinreich (costumes), Joachim Barth (lumières), Lia Tsolaki (chorégraphie)
(© Suzanne Schwiertz)
Le Nez est le premier opéra de Chostakovitch, écrit en 1927-1928 alors que le compositeur n'a que 22 ans. L'histoire est inspirée d'une nouvelle éponyme de Gogol (1835), mais légèrement modifiée et enrichie de scènes prises dans d'autres œuvres de l'écrivain russe. Un honorable assesseur de collège se réveille un beau matin et découvre qu'il n'a plus de nez! Son appendice nasal est parti se promener dans les rues de Saint-Pétersbourg, habillé en conseiller d'Etat. Le héros se met à sa recherche en ne manquant pas d'alerter la presse, la police puis la foule des badauds. Il lui faudra jouer de mille ruses pour finalement retrouver son nez.
La trame surréaliste de Gogol, critique féroce de la société, trouve son écho dans le surprenant mélange de styles de la partition de Chostakovitch, avec une musique foisonnante, souvent à la limite de l'atonalité, et découpée en 16 courtes scènes très contrastées. Pour ses débuts tardifs à l'Opernhaus de Zurich, Peter Stein a frappé un grand coup, réussissant un spectacle d'une grande inventivité, drôle et enlevé, qui restera dans les annales du théâtre. On sait le metteur en scène allemand très attaché à la Russie et à sa culture. Fidèle au livret, il accentue cependant le côté satirique de l'œuvre, comme en témoignent les nombreux policiers corrompus et les badauds délateurs qui remplissent le plateau, au détriment de la tragédie personnelle de Kovalev. Les interludes sont brillamment chorégraphiés par Lia Tsolaki, avec notamment des poursuites policières réglées au millimètre près et des machines géantes figurant la déshumanisation d'une société qui est en train de s'industrialiser.
Dans la fosse, Ingo Metzmacher joue habilement sur les oppositions entre les différentes scènes de l'ouvrage et s'attache à faire ressortir l'aspect grotesque de la partition, au diapason de la mise en scène. Hormis pour le rôle principal, l'excellente distribution, au demeurant parfaitement homogène, se compose des membres de la troupe de l'Opernhaus, certains jouant plusieurs personnages. Voilà qui en dit long sur la qualité de la compagnie. Quant à Kovalev, il est interprété par un jeune chanteur estonien, Lauri Vasar, qui fait forte impression, tant vocalement que scéniquement. Alors que la production du Nez signée William Kentridge et déjà vue à New York et à Aix-en-Provence fera bientôt halte à Lyon, le spectacle zurichois de Peter Stein s'impose lui aussi, toutes affaires cessantes.
Claudio Poloni
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