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En route vers Bucarest

Paris
Théâtre du Châtelet
09/22/2011 -  et 25 septembre 2011 (Bucuresti)
Paul Dukas : L’Apprenti sorcier
Georges Enesco : Symphonie concertante pour violoncelle, opus 8
Claude Debussy : Images: «Ibéria»
Maurice Ravel : Boléro

Han-Na Chang (violoncelle)
Orchestre national de France, Daniele Gatti (direction)


H.-N. Chang (© Sheila Rock/EMI)


Chapeau, les violoncellistes! Au lieu de Haydn, Dvorák ou Chostakovitch, en voilà deux, coup sur coup, qui osent un tant soit peu sortir des sentiers battus: au lendemain de Marc Coppey dans le Concerto de Lalo, Han-Na Chang (née en 1982) s’intéresse quant à elle à la Symphonie concertante (1901) d’Enesco. On doit également ce choix au fait que le même programme, au lendemain de la Neuvième Symphonie de Mahler déjà présentée une semaine plus tôt en ouverture de saison au Châtelet, sera repris trois jours plus tard en clôture du festival Enesco à Bucarest, où les visiteurs ont obligation de venir avec une œuvre du compositeur roumain (voir ici). Force est de constater qu’il n’est plus guère honoré par le pays qu’il avait pourtant adopté, tout particulièrement sa musique symphonique, et y compris les deux Rhapsodies roumaines – inutile de mentionner les trois Symphonies (numérotées et achevées), la Symphonie de chambre, les trois Suites ou l’Ouverture de concert...


Comble de malchance, cette Symphonie concertante d’un jeune homme de vingt ans résidant à Paris depuis déjà six ans mais encore sous l’emprise de Brahms et, à un moindre degré, de Strauss, n’est peut-être pas la pièce qui le montre sous le jour le plus favorable, même si l’on y reconnaît déjà le lyrisme des élans, la générosité des thèmes et la densité de la pâte orchestrale. Malgré son jeune âge, Han-Na Chang faisait ses débuts avec l’Orchestre de Paris il y a déjà fort longtemps, en mai 2000, sous la direction de Lorin Maazel, devenu entre-temps l’un de ses mentors en matière de direction d’orchestre. Son violoncelle, dont l’intonation ne semble pas toujours bien assurée, peine souvent à se détacher de l’orchestre, mais il est vrai que ces vingt-cinq minutes d’un seul tenant ne se revendiquent ni comme concerto, ni comme konzertstück, ni comme fantaisie concertante – il n’y a d’ailleurs pas de cadence, et le propos privilégie le dialogue sur le conflit.


Pour mieux faire passer la pilule, cette rareté était flanquée de solides valeurs sûres de ces compositeurs français qu’Enesco fréquenta dans la capitale. Ainsi de L’Apprenti sorcier (1897) de Dukas, autre «scherzo fantastique» au lendemain de celui de Stravinski à l’Orchestre de Paris. Soulignant la dimension rythmique et la verdeur harmonique, Daniele Gatti n’omet pas pour autant de mettre en valeur la poésie de l’introduction et de la coda. Après l’entracte, dans les Images (1908) de Debussy, «Gigues» et «Rondes de printemps», comme trop souvent, passent à la trappe, et il n’en reste donc que le volet central, «Ibéria», lui-même en trois parties – la durée du concert autorisait pourtant d’en offrir l’intégrale, comme en novembre 2009. Peu idiomatique, réducteur quoique défendable, ce Debussy opulent, à la Respighi, quelque part entre «Les Fontaines de Séville» et «Les Pins de Grenade», ne manque cependant pas de séductions sonores, dispensées par un National dont l’ensemble des solistes brillent ensuite dans un Boléro (1928) de Ravel chantant, léger et joyeux, loin des tensions, catastrophes et apocalypses de certaines interprétations. Encore et toujours la France et l’Espagne en bis, mais le Prélude de Carmen (1875) de Bizet aura rarement paru aussi militaire et bousculé.



Simon Corley

 

 

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