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Trios élégiaques

Nîmes
Fontanès (Sanctuaire Notre-Dame de Prime Combe)
08/05/2011 -  
Bedrich Smetana: Trio avec piano, opus 15
Franz Liszt: Elégies n° 1 et n° 2
Piotr Ilyitch Tchaïkovski: Trio avec piano «A la mémoire d’un grand artiste», opus 50

Trio Wanderer: Vincent Coq (piano), Jean-Marc Phillips-Varjabédian (violon), Raphaël Pidoux (violoncelle)


Le Trio Wanderer (© Marco Borggreve)


Guère médiatique, le festival de Villevieille Salinelles n’en atteint pas moins sa quarante-deuxième édition. Du 2 au 28 août, sous la direction artistique de Daniel Ferrier, il continue de proposer des affiches que certaines autres manifestations du sud de la France pourraient lui envier: Liszt avec Guillaume Coppola, le baroque (avec le claveciniste Bertrand Cuiller, les ensembles Da pacem et Musiqua antiqua Provence) et les musiques traditionnelles (Corse, Bigorre et Béarn, Occitanie). Ouvert par le Quatuor Parisii dans une pantagruélique «nuit des grands quatuors» – deux de Haydn, un de Beethoven, un de Schumann et ceux de Debussy et Ravel! – il se poursuit non pas dans la cour du château de Villevieille, mais – précaution rendue nécessaire par un ciel incertain toute la journée durant (et finalement clément) – à quelques kilomètres de là, au sanctuaire de Notre-Dame de Prime Combe: en ce lieu de pèlerinage à Notre-Dame de Bon Secours sous obédience bénédictine, une chapelle partiellement ouverte tenant presque autant de la halle que l’édifice religieux offre un abri bienvenu, quoique à l’assise particulièrement spartiate.


L’acoustique, plutôt généreuse, un peu confuse dans les tutti, demeure toutefois acceptable et la venue du Trio Wanderer a instantanément fait oublier les charmes du château surplombant Sommières, pour un programme placé, comme l’indique le violoniste Jean-Marc Phillips-Varjabédian dans son propos liminaire, sous le signe de l’élégie. Ainsi du Trio (1855) écrit par Smetana sous le coup du décès de sa fille Bedriska, âgée de quatre ans seulement: honorant leur réputation de qualité instrumentale et d’homogénéité, les trois musiciens installent d’emblée une atmosphère vibrante et fébrile, mais si intenses soient-ils, l’émotion et le chant restent toujours d’une impressionnante dignité.


En cette année Liszt, les Wanderer, dans une production chambriste relativement peu fournie, peuvent jouer Tristia, arrangement de «Vallée d’Obermann» qu’ils ont d’ailleurs récemment couplé avec le Trio de Smetana chez Harmonia mundi (voir ici), mais ils ont préféré les deux Elégies, qui figurent également sur leur disque: présentées par le pianiste Vincent Coq, elles se refusent résolument au romantisme et à la passion à l’œuvre chez le compositeur tchèque et mettent successivement en valeur chacun des deux autres membres du trio. D’abord le violoncelle de Raphaël Pidoux, dans la Première (1874), lancinante berceuse qui annonce La lugubre gondole, puis le violon dans la Seconde (1877), un peu plus brève et, bien que postérieure, de facture plus traditionnelle, se laissant aller à quelques élans lyriques sur un arrière-plan harmonique qui n’en annonce pas moins déjà Scriabine.


Mais après l’entracte, c’est le piano qui trouve encore plus nettement à s’illustrer à son tour, dans un rôle quasi concertant. Par ses dimensions, le Trio «A la mémoire d’un grand artiste» (1882) de Tchaïkovski, premier d’une belle série de «trios élégiaques» russes – Rachmaninov (à la mémoire de Tchaïkovski), Chostakovitch – constitue à lui seul la seconde partie du concert, bien que les Wanderer aient pris le parti de pratiquer l’importante coupure prévue par le compositeur (et généralement observée) dans le Finale. Plus encore que dans Smetana, ils concilient dans une éblouissante démonstration de maîtrise la puissance de l’expression avec une fermeté qui évite toute sentimentalité, dérapage qu’il n’est pourtant pas facile d’éviter dans cette musique née sous le coup de la disparition du compositeur et pianiste Nikolaï Rubinstein. Le bis offre un opportun et radical changement d’ambiance, grâce au mordant et à l’alacrité du Rondo all’Ongarese final du Trente-neuvième trio «Tzigane» (1795) de Haydn.


Le site du festival de Villevieille Salinelles
Le site du Trio Wanderer



Simon Corley

 

 

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