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Montpellier + Koering = raretés

Montpellier
Corum (Opéra Berlioz)
07/20/2011 -  
Edward Elgar : From the Bavarian Highlands, opus 27 (extraits)
Friedrich Gernsheim : Agrippina, opus 45
Enrique Granados : Goyescas (version révisée)

Nora Gubisch (mezzo-soprano, Pepa), Adina Aaron (Rosario), Ricardo Bernal (Fernando), Simón Orfila (Paquiro), Yete Queiroz (Une voix)
Latvijas Radio koris, Sigvards Klava (chef du chœur), Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon, Alain Altinoglu (direction)


A. Altinoglu (© Fred Toulet)


La soirée du 20 juillet au festival de Radio France et Montpellier Languedoc-Roussillon illustre à elle seule l’originalité de la programmation : trois œuvres à l’affiche et autant de créations annoncées. Sa discographie faisant foi, l’Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon s’aventure volontiers dans les multiples projets de résurrection que René Koering a mis sur pied durant son mandat. Les compositeurs en question bénéficient pour la plupart d’une grande notoriété, ce qui prouve qu’un travail de fond et de longue haleine est nécessaire pour éviter que des trésors restent définitivement enfouis.


Elgar a séjourné à plusieurs reprises dans les Alpes bavaroises qui lui ont inspiré Des Alpes bavaroises (1895), sur des poèmes, dans un style populaire, de son épouse Alice. Dans les notes de programme, Lucie Kayas explique qu’il s’agit, à l’origine, d’un cycle de six songs pour chœur et piano suivi d'une version pour chœur et orchestre. Trois d'entre eux ont été retenus (« Aspiration », « On the Alm » et « The Marksman ») pour ouvrir ce concert. L’écoute de cette musique descriptive, et dans laquelle le langage du compositeur se reconnaît aisément, procure un réel agrément, notamment dans « The Marksman » qui rappelle l’univers du Freischütz de Weber. Cependant, sauf erreur, Elgar a créé le 21 avril 1896 cette oeuvre dans la version pour chœur et orchestre, aussi faut-il comprendre que ces trois extraits ont été exécutés en France pour la première fois à cette occasion. A noter que les premier (« The Dance »), troisième (« Lullaby ») et sixième (« The Marksman ») songs ont fait l’objet d’une suite pour orchestre intitulée Three Bavarian Dances et créée pour sa part en 1897.


En revanche, Friedrich Gernsheim (1839-1916) est relativement moins connu, sa religion juive ayant favorisé son oubli suite aux heures les plus sombres du siècle dernier. Egalement pianiste (élève de Moscheles) et chef d’orchestre, il a effectué une partie de ses études à Paris, ce qui lui a permis de connaitre Lalo, Saint-Saëns ou encore Rossini, puis est revenu dans son pays natal, l’Allemagne, où il rencontra Brahms, qui l’influença durablement, mais aussi sa femme pour laquelle il composa Agrippina (1881) pour mezzo-soprano, chœur et orchestre sur un texte de Hermann Lingg. D’une durée d’un quart d’heure, cet scène possède bien des vertus brahmsiennes, sur le plan de la forme et de l’expression, mais l’écoute évoque çà et là Wagner. Malgré le caractère inédit de la partition, la mezzo-soprano Nora Gubisch semble évoluer dans son élément tandis que le Chœur de la Radio lettone et l’Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon, placé sous la direction d’Alain Altinoglu, rendent justice à cette curiosité qui semble extraite d’un opéra et qui méritait d’être exhumée.


Goyescas de Granados, une création ? Pas vraiment puisque cet opéra, équivalent scénique du recueil pour piano homonyme, a été représenté pour la première fois au Metropolitan Opera en 1916 (couplé avec Pagliacci) puis à Paris en 1919. Tel quel, l’ouvrage, sur un livret de Fernando Periquet, se présente en trois tableaux séparés par un Intermezzo et un Interludio, ces deux pièces ayant été composées pour cette transformation. Une œuvre parfaitement achevée, et enregistrée officiellement à deux reprises (chez Auvidis et Decca, à rééditer), mais un certain Albert Guinovart, à la demande de l’Université de Lleida, a procédé à une révision de l’orchestration dont le résultat a été présenté pour la première fois ce soir, d’où le terme, quelque peu abusif, de « création » apposé sur le programme. Dans ses notes, l’auteur de ce travail prend comme arguments le désir de Granados de revoir l’orchestration, souhait non concrétisé à cause de sa disparition tragique, le « nombre considérable d’erreurs présentes dans la partition » et le fait « qu’il n’est même pas prouvé que Granados ait réalisé l’orchestration d’origine ». « En respectant toujours le manuscrit original », l’orchestration a donc fait l’objet d’un allégement, quelques mesures ont été ajoutées, des erreurs de copie ont été corrigées, une pièce pour orchestre figurant dans le manuscrit a été réhabilitée ou encore « la fin en mineur de la version pour piano » a été réintégrée. Dans un texte écrit en 1997 (!) et repris dans le programme, le recteur de l’Université de Lleida a l’audace d’affirmer, à propos de ce travail de révision, que « nous sommes convaincus que Granados l’aurait approuvé ».


Les puristes apprécieront, mais cette version ne diminue en rien l’intérêt, notamment mélodique et rythmique, de l’ouvrage qui supporte aisément une exécution en version de concert. Cette seconde partie du programme se savoure d’autant plus que la distribution vocale, dans laquelle Nora Gubisch réapparaît, s’avère équilibrée et persuasive. Adina Aaron et Ricardo Bernal, respectivement Rosario et Fernando, livrent une remarquablement confrontation, tandis que le chœur et l’orchestre, constants durant toute la soirée, apportent les couleurs et la tension dramatique nécessaires.


Le site de l’Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon
Le site du Chœur de la Radio lettonne



Sébastien Foucart

 

 

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