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Fin classique d’un festival baroque

Versailles
Château (Galerie des batailles)
07/15/2011 -  et 16* juillet 2011
Antonio Vivaldi : Symphonie pour cordes «Il coro delle Muse» en sol majeur, RV 149 – Concertos pour violon, cordes et basse continue, opus 8, n° 1 à 4, RV 269, 315, 293 et 297, «Le quattro stagioni»

Europa Galante
Fabio Biondi (violon solo et direction)


F. Biondi (© Ana de Labra)


Alors que la pluie tombe dru sur le château de Versailles, pourtant en plein cœur du mois de juillet, le public se presse vers l’aile gauche afin d’investir la galerie des Batailles où se tient l’avant-dernier concert de ce festival «Venise-Vivaldi-Versailles» qui aura connu un immense succès. Il est vrai que la présence d’artistes de la renommée de Cecilia Bartoli ou Philippe Jaroussky, l’exhumation d’œuvres rares comme ce Teuzzone de Vivaldi, ou cette reprise légendaire d’Atys de Lully par le duo Christie-Villégier (opéra qui doit d’ailleurs conclure le festival sous les ors de l’Opéra royal le 17 juillet) garantissaient un retentissement maximal à une programmation célébrant en premier lieu la musique d’Antonio Vivaldi (1678-1741). Bien que le lieu ne s’y prête pas forcément a priori – il peut en effet sembler anachronique d’écouter des concertos de Vivaldi sous le regard froid des bustes des maréchaux Lannes ou Jacques d’Albon ou devant les vastes peintures d’Horace Vernet représentant la Bataille de Wagram ou la Bataille de Fontenoy – c’est avec plaisir que l’on prend place dans une galerie immense (120 mètres de long), à l’acoustique excellente, pour écouter un chef-d’œuvre du répertoire baroque.


Le concert s’ouvrait, en guise d’amuse-bouche, par la Symphonie pour cordes «Il coro delle Muse»: cinq minutes de musique (trois mouvement néanmoins!) qui, d’emblée, permettent aux treize musiciens d’Europa Galante d’investir véritablement la salle. Leur présence, le volume sonore de leurs instruments, la joie et l’implication de chacun d’entre eux (mention particulière à Paola Poncet, claveciniste admirable par sa présence et son sourire) font merveille. Même si cela reste confiné à des dimensions fort réduites, cette «symphonie» permet également de prendre immédiatement conscience du génie de Vivaldi qui, par le dialogue entre les deux premiers violons (Fabio Biondi et Fabio Ravasi) et les pizzicati du reste de l’orchestre dans l’Andante ou par le jeu musical de l’Allegro molto, réussit de nouveau à procurer un effet maximal avec une forte économie de moyens.


Venait ensuite le véritable objet du concert, à savoir les quatre concertos La primavera, L’estate, L’autumno et L’inverno qui, tous issus de l’Opus 8, forment les célébrissimes Quatre Saisons. Publiés (ainsi que l’ensemble du recueil) à Amsterdam en 1725 et dédiés au comte Vanceslas von Morzin (riche mécène de Bohème), ils trouvaient paradoxalement, dans cette galerie des Batailles, un lieu tout à fait adéquat pour être joués puisque nous assistions là au dernier épisode d’une véritable joute interprétative. En effet, dans le cadre des divers concerts programmés pour le festival «Venise-Vivaldi-Versailles», Les Quatre Saisons ont été données à quatre reprises, par Rinaldo Alessandrini (et son Concerto Italiano), par Diego Fasolis (et son ensemble I Barocchisti), par David Grimal (et ses amis de l’ensemble Les Dissonances) et, donc, par Fabio Biondi à la tête d’Europa Galante. Contrairement aux trois premiers, rappelons que la fréquentation de ce recueil par Biondi en tant que soliste et chef est ancienne: l’enregistrement qu’il a réalisé en 1991 avec le tout jeune Europa Galante (orchestre créé en 1990 et qui comptait alors Rinaldo Alessandrini comme claveciniste et Lorenz Duftschmid au violone!) demeure une référence et peut être considéré, à juste titre, comme un des disques qui a grandement contribué à l’évolution interprétative de la musique de Vivaldi et, plus largement, de la musique baroque depuis cette époque.


Les partis pris interprétatifs peuvent parfois agacer: pourquoi Fabio Biondi se croit-il obligé de «surjouer» quelques passages, par un ralenti excessif ou une trille qui n’en finit pas, que ce soit l’Allegro non molto de L’Été ou «la caccia» de L’Automne? Mais que sont ces reproches minimes à côté de l’excellence de l’interprétation, de la part tant de l’orchestre que du soliste? En effet, bien que l’œuvre soit connue et même rabâchée, on est véritablement transporté du début à la fin par la justesse du ton, les notes qui virevoltent (le Tempo impetuoso d’estate dans L’Été ou l’Allegro de L’Hiver), le jeu des nuances, les éclairages effectués sur tel ou tel protagoniste (le rôle central conféré au clavecin dans l’Adagio de L’Automne), l’investissement des musiciens (Fabio Ravasi par exemple, véritable alter ego de Biondi)... Quant à Fabio Biondi lui-même, il témoigne une technique infaillible; son regard, souvent dur, qui fixe les spectateurs des premiers rangs (au point qu’on se demande ce que l’on a pu faire pour susciter ainsi son attention...) alors qu’il est objectivement dans ses pensées, ne trahit aucune émotion particulière, celle-ci transparaissant tout entière en revanche dans son jeu. Connaissant par cœur cette partition pour l’avoir jouée aux quatre coins du monde, Fabio Biondi a depuis longtemps gagné ses galons d’ambassadeur de premier rang pour la musique de Vivaldi (outre les concertos, pensons aux enregistrements superlatifs qu’il a dirigés de Bajazet ou Ercole sul Termodonte): on n’en attendait donc pas moins de lui en cette fin d’après-midi où, en sortant, la pluie avait redoublé d’intensité...


Le site d’Europa Galante



Sébastien Gauthier

 

 

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