About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Grand public

Paris
Saint-Denis (Basilique)
06/29/2011 -  et 30 juin 2011
Serge Prokofiev : Rêves, opus 6
Max Bruch : Concerto pour violon n° 1, opus 26
Antonín Dvorák : Symphonie n° 9 «Z nového sveta», opus 95, B. 178

Renaud Capuçon (violon)
Orchestre national de France, Eivind Gullberg Jensen (direction)




Du 7 juin au 5 juillet, le festival de Saint-Denis a organisé sa programmation autour de l’Histoire, dans une ville qui en est riche, depuis le Te Deum de Charpentier à la Symphonie «Leningrad» de Chostakovitch, tout en restant fidèle à ses orientations traditionnelles: la quarante-troisième édition se partage toujours entre musique sacrée et symphonique en la basilique, d’une part, récitals et musique de chambre à la Légion d’honneur, d’autre part. Les ensembles d’instruments d’époque sont particulièrement bien représentés cette année (Le Poème harmonique, Anima Eterna, Le Cercle de l’harmonie, L’Arpeggiata), de même que les principales phalanges de la capitale – Orchestre national d’Ile-de-France, Ensemble orchestral de Paris et, bien sûr, celles de Radio France. Présente depuis 1979, la «maison ronde» l’est aujourd’hui plus que jamais avec l’arrivée en février dernier à la tête de la direction de la musique de Jean-Pierre Le Pavec, ancien directeur du festival, qui a laissé la place à Nathalie Rappaport, jusqu’alors déléguée générale. Ainsi de l’Orchestre national, qui, après le War Requiem de Britten avec Semyon Bychkov, donne à deux reprises le même programme, une semaine après la fin de sa saison parisienne au Théâtre des Champs-Elysées ici. Par ailleurs on ne peut plus grand public, il débute toutefois par une véritable rareté, tenant lieu d’ouverture dans un traditionnel déroulement tripartite qui se poursuit avec un concerto et une symphonie.


En peu de temps, Eivind Gullberg Jensen, Chefdirigent de la Philharmonie de la Radio de Hanovre (NDR) depuis la saison dernière, est devenu un habitué des grandes formations de la capitale, notamment du National, qui l’a déjà accueilli en début de saison au Châtelet. Le chef norvégien confirme son intérêt pour le répertoire russe, qu’il dirigeait en février dernier à l’Orchestre de Paris, en choisissant Rêves. Cette pièce d’une dizaine de minutes semble faite pour mettre en échec les participants d’une tentative de reconnaissance «à l’aveugle». Un indice, quand même: bien que fort curieusement annoncée sous un titre anglais («Dreams»), elle vient bien de Russie et date de 1910. Scriabine (auquel elle est dédiée)? On en retrouve quelque chose, notamment dans un bref mais puissant climax qui pourrait tenir du Poème de l’extase. Liadov? L’écriture vaporeuse et impressionniste, sentiment sans doute accru par la forte réverbération du lieu, pourrait faire penser au Lac enchanté. Mais il faut donner sa langue au chat. En fait, bien que l’œuvre n’entretienne guère de parenté avec ses premières compositions pour piano et encore moins avec son Premier Concerto pour piano ou sa Toccata, l’auteur en est le tout jeune Prokofiev. Non sans évoquer aussi le Scherzo fantastique et Feu d’artifice que Stravinski écrivait à la même époque, ce «tableau symphonique» appartient à ces quelques pages orchestrales qui, comme l’(Esquisse) automnale, la Sinfonietta et le Divertissement, ont été presque complètement éclipsées par ses symphonies et ballets.


La suite de la soirée est beaucoup plus habituelle et permet d’abord d’entendre Renaud Capuçon, venu quelques jours plus tôt à la Légion d’honneur prendre part à un concert de musique de chambre intégralement dédié à Fauré. Dans le Premier Concerto (1866) de Bruch, le violoniste français paraît parfois bien lointain. L’acoustique de la basilique n’est décidément pas idéale pour le répertoire symphonique: soit le son se perd dans les voûtes, soit, quand l’orchestre joue vite ou fort, la confusion s’installe. Et la vue n’est pas beaucoup plus satisfaite, car si les musiciens sont certes placés sur un podium, ils sont cependant tous disposés sur le même plan, sans gradins. Dommage, car autant que de telles conditions permettent d’en juger, notamment en termes de précision et de sonorité, Capuçon livre une interprétation très aboutie, exploitant sans excès l’alternance expressive d’attaques viriles et de jeu sur la corde sensible: on comprend aisément que les pigeons, à l’extérieur, ne puissent se retenir de roucouler pendant l’Adagio.


Pas de bis ni d’entracte, et, le temps de se réaccorder, c’est donc déjà la Neuvième Symphonie «Du nouveau monde» (1893) de Dvorák, «locomotive» qui donne son titre au programme. Le temps que le dernier accord du premier mouvement met à s’évanouir est édifiant: inutile d’essayer de raffiner face à un pareil écho. Incisive et vigoureuse, au prix d’une tendance à l’exagération, la direction de Gullberg Jensen ne s’alanguit pas, sauf pour le second thème du premier mouvement, où aucun chef ne semble pouvoir résister à la tentation de ralentir et d’adopter un phrasé alambiqué. Quant à l’orchestre, dans ces circonstances qui ne sont pas idéales non plus pour lui, il fait face avec professionnalisme et mérite, pour le reste, une certaine bienveillance.


Le site du festival de Saint-Denis
Le site d’Eivind Gullberg Jensen



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com