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Così fa Despina

Paris
Opéra Garnier
06/16/2011 -  et 20, 24, 28 juin, 2, 4, 7, 10, 13, 16 juillet 2011
Wolfgang Amadeus Mozart : Così fan tutte, K. 588
Elza van den Heever (Fiordiligi), Karine Deshayes (Dorabella), Matthew Polenzani (Ferrando), Paulo Szot (Guglielmo), Anne-Catherine Gillet (Despina), William Shimell (Don Alfonso)
Orchestre et Chœur de l’Opéra national de Paris, Philippe Jordan (direction)
Ezio Toffolutti (mise en scène, décors et costumes)


A.-C. Gillet (© Agathe Poupeney/Opéra national de Paris)


Nous l’avons souvent dit : la routine menace souvent le répertoire. Il est toujours dangereux de recommencer sans les mêmes. On l’a vu avec Les Noces de Figaro, Così fan tutte le confirme aujourd’hui. Le classicisme de la mise en scène – et des beaux décors, entre Canaletto et Watteau – d’Ezio Toffolutti, porté d’abord par Susan Chilcott et Susan Graham, séduisait sans doute davantage en 1996 que dans cette reprise, venant notamment après celles de 1998 et 2000 qui pâtit d’une distribution trop moyenne. Mais le second acte fonctionne mieux, plus rythmé, plus affiné, plus dosé dans le comique : le premier semble sommaire, oscillant souvent entre la platitude et la facilité, voire la vulgarité. Même si Patrice Chéreau n’avait pas imaginé pour Così sa mise en scène la plus inspirée, il y déployait ses talents d’homme de théâtre – on devait seulement passer sur le décor. Les Oranges de Prokofiev, reprises en ce moment à Genève, donnent une image plus flatteuse du metteur en scène et décorateur italien. Il passe, ce Così, mais il ne fait que passer, ni génial ni indigne, de bonne compagnie, un peu province, à l’unisson de ce qu’on entend.


Est-ce l’alternance avec Le Crépuscule des dieux ? Philippe Jordan toujours parfait de souplesse et de clarté, ne restitue ni la grâce, ni la sensualité ni l’humour du buffa mozartien, surtout au premier acte – sa direction ne se départit pas d’un certain sérieux là où tout devrait pétiller. Elza van den Heever échoue à être Fiordiligi : sa grande et belle voix peine dans les vocalises de « Come scoglio », n’assume pas vraiment la longueur des phrases de « Per pietà », soude mal ses registres quand le rôle tend vers le médium ou le grave. Que le reste montre une artiste probe et attachante ne suffit pas. La Dorabella de Karine Deshayes, elle, pâtit de ce creux souvent observé quand elle atteint le bas médium et le grave : « E amor un ladroncello » lui convient mieux que « Smanie implacabili ». Elle ne séduit guère plus qu’en Chérubin, finalement, moins convaincante que dans Rossini. Bref, les deux sœurs connaissent des problèmes de tessiture et leurs voix n’arrivent pas vraiment à se fondre l’une dans l’autre.


Si bien que c’est Despina qui tire le plus son épingle du jeu, une Anne-Catherine Gillet piquante mais pas acide, espiègle mais pas vulgaire, homogène et stylée. Quand la soubrette est la meilleure de tous, un Così laisse à désirer ! Matthew Polenzani, pour autant, ne démérite pas, soucieux de nuance et de phrasé, assez quelconque pourtant de timbre et de legato, Ferrando trop conventionnel. De Guglielmo Paulo Szot ne fait pas grand-chose, surtout occupé à faire valoir les avantages d’une voix au timbre magnifique, peu soucieux de caractérisation pour un rôle moins uniforme qu’on le croit. Rescapé de la production de 1996, William Shimell doit désormais s’accommoder de l’usure de ses moyens : il commence mal, ne chante pas très juste, phrase comme il peut, pour s’améliorer ensuite nettement, retrouvant au deuxième acte ce mordant démoniaque du Don Juan qu’il fut naguère, pleinement maître de lui-même, Alfonso noir et inquiétant.


On attend autre chose de l’Opéra de Paris – rappelons qu’il faut, en première catégorie, débourser 180 euros...



Didier van Moere

 

 

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