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Mahler sans voix

Baden-Baden
Festspielhaus
03/25/2011 -  
Gustav Mahler : 9 Lieder extraits du Knaben Wunderhorn
Anton Dvorák : Symphonie N° 7 Op. 70

Christiane Iven (soprano), Hanno Müller-Brachmann (baryton)
SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg, Michael Gielen (direction)


M. Gielen (© Wolfram Lamparter)


Quand les programmations de l’Orchestre du SWR de Baden-Baden et Freiburg font la part belle aux voix, la réussite d’ensemble peut se trouver compromise du fait d'un choix de chanteurs discutable. En particulier Michael Gielen (mal conseillé, ou simplement peu lucide dans ses fidélités) se retrouve souvent embarrassé de solistes relativement pâles. Au cours de la longue série d'extraits du Knaben Wunderhorn de Mahler qui ouvre la soirée ce problème agaçant se reproduit dans une large mesure. La soprano Christiane Iven dispose de moyens généreux mais dépourvus d’une personnalité bien affirmée, ou du moins qui peinent à passer la barrière orchestrale par manque d’incisivité. De surcroît la sélection même des pièces est peu favorable à la soprano hambourgeoise, la faisant passer par des tessitures variables voire par des changements d’atmosphère drastiques (il y a un monde entre Urlicht et le lied conclusif de la Quatrième Symphonie), dont elle ne parvient pas à restituer toute la richesse. Quant à son coéquipier Hanno Müller-Brachmann, sa voix caverneuse et cartonnée, pauvre en couleurs, séduit vraiment peu. Reste l’orchestre, phalange experte en échanges chambristes et en mélodies de timbres, mené de main de maître par un très grand expert mahlérien. Et on peut trouver là très largement de quoi se nourrir tant la finesse de l’approche mais aussi la pertinence du ton, sarcasmes en demi-teinte et couleur populaire jamais triviale, ne déçoivent jamais. Mais on en reste à une perspective de symphonie avec voix, ce qui peut sembler déséquilibré. Conformément à une vieille tradition les contributions féminine et masculine alternent à l’intérieur d'une même pièce ce qui transforme d’assez nombreux Lieder en duos. Pratique consacrée par l’usage mais qui continue à nous paraître discutable (à quand une orchestration de l’Erlkönig de Schubert chantée par plusieurs voix ?).


En seconde partie Michael Gielen s’aventure dans la plus dramatique des symphonies de Dvorák, un compositeur qu’il a peu souvent abordé. Sa lecture peut sembler rigide, enfermée dans des armatures logiques un peu contraignantes. Un certain ton « Mittel-Europa » n’est pas tout à fait trouvé, l’ensemble accusant des raideurs qui passeraient probablement mieux chez Brahms. C’est d’ailleurs dans le très brahmsien Scherzo qu’il se produit tout à coup un déclic, la battue toujours allante et impérieuse de Gielen trouvant là un terrain plus favorable. Finale impressionnant, d’une ampleur calibrée qui se résout en une péroraison magistrale. Tout cela aussi peu tchèque que possible mais grandiose. De quoi susciter l’enthousiasme d’une salle malheureusement bien peu remplie. Le public badois accourt rarement au Festspielhaus en masse pour son propre orchestre : c’est au cours de ce genre de soirée que l’on se rend compte que Baden-Baden est en fait une toute petite ville, et que sa salle gigantesque ne se remplit que lorsqu’un public nombreux s’est déplacé… d’ailleurs.



Laurent Barthel

 

 

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