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Excellente surprise

Paris
Salle Pleyel
05/10/2011 -  
Dimitri Chostakovitch : Ouverture de fête, opus 96 – Symphonie n° 9, opus 70
Serge Prokofiev: Concerto pour violon n° 2, opus 63

Vadim Repin (violon)
Orchestre national de Russie, Mikhaïl Pletnev (direction)


M. Pletnev (© Artyom Makeyev)



D’Italie en Espagne en passant par l’Allemagne, la tournée européenne qu’effectue le Russian National Orchestra (en anglais dans le texte) du 5 au 14 mai s’arrête salle Pleyel. D’une parfaite régularité, la visite de l’orchestre et de son fondateur, Mikhaïl Pletnev, a d’abord adopté un rythme annuel – mars 2007, avril 2008, janvier 2009 et octobre 2009 – mais en 2010-2011 comme en 2011-2012, ils se produisent à deux reprises rue du faubourg Saint-Honoré. Depuis 2009, ils se sont opportunément recentrés sur le répertoire russe – par exemple Tchaïkovski en décembre dernier – et s’ils ont autrefois pu paraître instrumentalement en retrait de leurs rivaux pétersbourgeois (Philharmonie de Temirkanov, Mariinsky de Gergiev), il n’en reste aucun souvenir à l’issue de ce second concert de la saison. Excellente surprise, par conséquent, si ce n’est qu’obéissant à l’inévitable triptyque ouverture/concerto/symphonie, le programme suscite une forte frustration en raison de sa durée anormalement courte (cinquante-sept minutes si l’on s’en réfère aux indications fournies par le livret distribué aux spectateurs).


Et encore l’Ouverture de fête (1954) de Chostakovitch n’avait-elle initialement pas été annoncée: écrite pour une occasion qu’on imagine modérément inspirante – le trente-septième anniversaire de la Révolution d’Octobre – elle n’en offre pas moins, entre pompe, éclat et virtuosité, un excellent lever de rideau, en fanfare, au sens propre, grâce à des cuivres russes dans toute leur splendeur. Et avec ces applaudissements unanimes – salle, musiciens et chef – dans la meilleure tradition soviétique: on n’attend plus que le défilé des chars sur la place Rouge.


Si Vadim Repin se joint à ses compatriotes pour les étapes parisienne et barcelonaise, l’Orchestre national de Russie est accompagné, dans trois autres villes, de Sergueï Khachatryan, qui a choisi le Concerto de Brahms: en décembre dernier avec le National (de France), le violoniste arménien avait interprété le Second Concerto (1935) de Prokofiev, au lendemain de Gil Shaham avec l’Orchestre de Paris. Repin est donc le troisième à aborder l’œuvre cette saison dans la capitale, alors qu’il l’a lui-même déjà donnée voici exactement deux ans à l’occasion du cycle que Valery Gergiev a consacré au compositeur. Difficile, même pour le Russe, de passer après l’Israélo-Américain, tant celui-ci avait fait forte impression. Bientôt quadragénaire, Repin ne possède évidemment pas la même personnalité ni le même tempérament que son aîné de six mois et il n’extériorise donc ni le même enthousiasme solaire, ni la même générosité radieuse. S’il a très légèrement perdu en précision – mais les aigus demeurent éblouissants d’intonation et de timbre – pour se livrer par ailleurs à des portamentos parfois gênants, sa vision à la fois concentrée et tourmentée, même âpre, somme toute plus proche de celle de Khachatryan, témoigne d’autant d’engagement et de vigueur.


Triomphalement accueilli, Repin convainc Pletnev, apparemment hésitant, à reprendre en bis l’intégralité du plus long des trois mouvements, l’Andante assai central, acompte versé à ses nombreux admirateurs dans l’attente d’une prochaine saison particulièrement riche: en effet, il sera non seulement de retour salle Pleyel dès le 18 septembre dans le Premier Concerto de Bruch, puis le 17 novembre pour un concert de musique de chambre (sextuors à cordes) et les 26 et 27 juin dans le Troisième Concerto de Saint-Saëns, mais aussi à l’affiche du Théâtre des Champs-Elysées le 25 avril pour la première française du Concerto de James MacMillan qu’il a créé à Londres en mai dernier


Autre visage de Chostakovitch, en seconde partie, avec son impertinente Neuvième Symphonie (1945), ramassée et légère, de caractère volontiers humoristique voire persifleur, alors que le régime, avant même la reprise en main jdanovienne, escomptait sans doute un monument triomphal érigé en mémoire de la «grande guerre patriotique». Pletnev fait ressortir tout ce que la partition recèle de capricieux et d’aérien, et même de gracieux et de joyeux, soigne les transitions et se hisse sans peine à la hauteur de Mariss Jansons en décembre dernier avenue Montaigne. La très grande vélocité du tempo aussi bien dans le Presto central que dans la coda du Finale illustre l’impeccable cohésion d’ensemble d’une formation dont aucune section ne vient affaiblir la qualité: coup de chapeau au basson solo, bien sûr, que le chef invite à venir saluer au devant de la scène, aux cuivres, de nouveau, toujours aussi formidables. L’énumération n’ira pas plus loin, car «il faudrait citer tous les pupitres»: si la phrase est souvent excessive ou convenue, son bien-fondé ne souffre ici aucune contestation.


A l’image du reste du programme pour sa brièveté, le bis, toujours en mi bémol, révèle un Sibelius inattendu, troussant une Polka souriante et badine, volet central des trois pièces de sa Suite mignonne (1921) pour deux flûtes et cordes. C’est d’ailleurs sa musique de scène pour Pelléas et Mélisande qui, avant Rachmaninov (avec Nikolaï Lugansky) et Tchaïkovski, ouvrira le prochain concert de l’orchestre, le 17 octobre; une seconde soirée, le 12 mars, sera entièrement dévolue, toujours salle Pleyel, au répertoire russe, associant les rares Symphonie concertante de Prokofiev (avec Gautier Capuçon) et Sixième Symphonie de Glazounov.


Le site de l’Orchestre national de Russie
Le site de Vadim Repin
Un site consacré à Mikhaïl Pletnev



Simon Corley

 

 

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