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Rare, classique, négligé

Paris
Salle Pleyel
04/27/2011 -  et 28* avril 2011
Maurice Duruflé : Trois danses pour orchestre, opus 6
Johannes Brahms : Concerto pour piano n°1, opus 15
Jean Sibelius : Symphonie n°5, opus 82

Lars Vogt (piano)
Orchestre de Paris, Paavo Järvi (direction)


L. Vogt (© Felix Broede)


Sous la conduite de Paavo Järvi, qui en occupe le poste de directeur musical jusqu’à la saison 2015/2016, l’Orchestre de Paris se produit à deux reprises à Pleyel dans deux œuvres qualifiées de « rares » dans le programme. L’adjectif est sans aucun doute approprié pour les Trois danses pour orchestre (1932) de Duruflé que la formation inscrit à cette occasion à son répertoire. Outre qu’il témoigne de l’attention que porte le chef à la musique française, le choix de débuter le concert par cette composition présente un incontestable intérêt, et pas uniquement historique : voici une occasion de découvrir un autre aspect du catalogue de cet auteur dont le Requiem occulte le reste de la production, il est vrai peu abondante. Comme l’indique à juste titre Jean-Charles Hoffelé dans son excellent texte de présentation, ce triptyque, que l’Orchestre Colonne dirigé par son dédicataire Paul Paray a créé en 1936, se caractérise, malgré son titre, par un caractère dansant peu marqué, sauf peut-être dans le troisième mouvement, intitulé « Tambourin », à la « fausse vigueur rustique » et, à vrai dire, énigmatique, notamment parce qu’il s’achève dans un decrescendo inattendu.


Le langage adopté dans cet ouvrage d’un peu plus de vingt minutes peut être rapproché dans une certaine mesure de Ravel et Debussy, pour preuve, le mouvement médian, « Danse lente », qui rappelle les « Rondes de printemps » des Images. Plus subtilement variée qu’abruptement contrastée, la dynamique s’avère typiquement française. Quant à l’orchestration, particulièrement divisée, elle se distingue par sa texture diaphane et une science consommée de l’alliage des timbres. Cette copieuse entrée en matière permet d’apprécier à ce titre le talent des pupitres des bois, scrupuleux et capables à eux seuls d’exprimer la poésie que recèle cette musique méconnue et nécessitant de multiples écoutes pour en percevoir toute la richesse.


En revanche, adjoindre le terme « rare » à la Cinquième Symphonie (1914-1919) de Sibelius peut se discuter, bien que le Finlandais peine à entrer, du moins en France, dans ce qu’il est convenu d’appeler le grand répertoire. L’Orchestre de Paris n’a d’ailleurs plus joué cette œuvre depuis 1999, aussi la seconde partie de cette soirée présente-t-elle également un réel intérêt. Paavo Järvi traduit l’impression de majesté et de grands espaces sur laquelle doit reposer toute exécution de cette partition sans pour autant révéler totalement le mystère qui s’en dégage. Le propos progresse avec logique tandis que la puissance, la tension et la détente n’excluent pas la clarté et la profondeur grâce à la sombre rumeur, presque tellurique, qui émane des interprètes. Néanmoins, il semble plus hasardeux de parler d’un déroulement lent mais inexorable de la pâte sonore que d’un agencement séquentiel du discours que le chef tient malgré tout très correctement. Sans offrir une sonorité dans l’ensemble exceptionnelle, cette phalange évolue à un niveau assez élevé : non seulement les interventions des différents pupitres – en particulier, de nouveau, des bois – sont au pont, mais la mise en place soigneusement réglée. Malheureusement, une poignée de spectateurs applaudit après le premier des six accords finaux, amoindrissant considérablement l’impact de cette géniale péroraison.


Entre ces deux satisfactions, une déception, celle engendrée par le Premier Concerto (1854-1858) de Brahms défendu par Lars Vogt. Sans aucun doute, le soliste possède les ressources, notamment la puissance et l’endurance, requises pour affronter cet Everest mais sa lecture s’avère trop souvent contractée, surveillée et pas toujours très nette. Ainsi les fins de phrase manquent-elles trop souvent d’intelligibilité. L’exécution s’avère, en outre, inégale : cohérence peu probante du Maestoso, dont l’entrée magique du piano est ici bien prosaïque, tunnels dans l’Adagio mais Allegro ma non troppo plutôt réussi. De surcroît, l’ajustement entre le pianiste et l’orchestre ne s’avère pas optimal à tout moment. Malgré la durée considérable de la première partie et, en particulier, du concerto, Lars Vogt offre, sans surprise, l’un de ses bis de prédilection, le Vingtième Nocturne (en ut dièse mineur) de Chopin. Quant à l’Orchestre de Paris, il exécutera le Second Concerto pour piano de Brahms dès le 25 mai, toujours à Pleyel et sous la direction de Paavo Järvi mais avec, cette fois, Leif Ove Andsnes.


Le site de Lars Vogt



Sébastien Foucart

 

 

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