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L'architecte du son

Paris
Salle Pleyel
06/10/1998 -  
Ludwig van Beethoven : Sonate n°8 "Pathétique", Sonate n°21 "Waldstein"
Frédéric Chopin : Ballade n°3, Sonate n°3

Krystian Zimerman (piano)

Krystian Zimerman est apparemment dans une forme altière. Son interprétation de la Sonate "pathétique" de Beethoven fut totalement convaincante et naturelle : simple, directe, les effets sonores qui lui sont si chers n'enlevant rien à sa spontanéité. Le second mouvement fut réellement émouvant. Le premier mouvement de la sonate "Waldstein" (ou l'Aurore) est ensuite attaqué sans rapidité, et découpé en plusieurs masses sonores assez compactes. Le second mouvement est pris très lentement, mais avec un son très affirmé, et gère sans faiblir la progression de l'intensité musicale. Le thème du troisième mouvement est fondu dans la fin de celui du second, en étant joué assez lentement, et dans les mêmes brumes très pianissimo. Zimerman accélère ensuite, et fait sonner le piano dans toute son ampleur, avec une puissance difficile à imaginer. Une véritable cathédrale. C'est brillant, mais cela manque peut-être un peu de joie, d'allégresse, ou de folie. Zimerman s'amuse, mais sans rire, en gardant une petite distance par rapport à la pièce, en restant avant tout un grand maître-architecte du son.

Après l'entracte venait la partie Chopin. Outre la joie d'écouter du Chopin, on sait que Zimerman a été révélé à dix-huit ans en remportant dans son pays natal le prestigieux concours Chopin de Varsovie. Cela ne commence pourtant pas très bien. La Troisième Ballade n'est pas très convaincante : Zimerman semble s'être rapidement crispé, et avoir ensuite cherché à terminer le plus rapidement et le plus sûrement possible, sans prendre le temps de s'engager et de faire passer dans la ballade un peu d'air et de vie. En revanche, quelle Troisième Sonate ! Le pianiste y fut tout bonnement éblouissant. Toutes les qualités techniques de ce plus que virtuose y furent présentes : un son sans dureté, extrêmement puissant et chaleureux, un traitement volontiers ombrageux de la partie d'accompagnement, une gestion parfaite de tous les rapports dynamiques, le goût du brio de la virtuosité (avec des prestissimo franchement prestissimo). Mais surtout, les premier et troisième mouvement furent joués avec beaucoup d'intériorité, et un abandon total. Son interprétation fut ainsi complètement libre et traduisait une osmose totale entre le pianiste et l'univers du compositeur. Zimerman nous parlait de chez lui, et nous émouvait. Le public de la salle Pleyel a su l'en remercier.



Stéphan Vincent-Lancrin

 

 

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