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Pacifisme musical

Paris
Cité de la musique
04/09/2011 -  
Luigi Nono : No hay caminos, hay que caminar..... Andrej Tarkowskij
Luciano Berio : Sinfonia

Swingle Singers: Joanna Goldsmith-Eteson, Sara Brimer (sopranos), Clare Wheeler, Lucy Bailey (altos), Christopher Jay, Richard Eteson (ténors), Kevin Fox, Tobias Hug (basses)
Ensemble intercontemporain, Orchestre du Conservatoire de Paris, Jonathan Nott (direction)


J. Nott (© Thomas Müller)


Dans sa saison intitulée «Les Utopies», la Cité de la musique présente du 1er au 10 avril un cycle sur «Le Pacifisme». La musique adoucit les mœurs – c’est bien connu – mais Courteline s’empressait d’ajouter: «Exemple: La Marseillaise». Parmi les six concerts, quatre sont en tout ou partie consacrés à la musique contemporaine, mais les deux autres ont permis de partir en croisade contre les Albigeois avec Jordi Savall et de découvrir Naïs de Rameau avec La Simphonie du Marais. Associant l’Ensemble intercontemporain et l’Orchestre du Conservatoire de Paris, l’avant-dernier programme confrontait hier soir Luigi Nono non pas à Liszt, comme au cours d’un précédent cycle le mois dernier mais, de manière moins inattendue, à son compatriote et cadet de moins de deux ans, Luciano Berio.


Le lien entre No hay caminos, hay que caminar.....Andrej Tarkowskij (1987) et le pacifisme n’apparaît pas de façon immédiate: la note introductive voit dans la pièce de Nono «une invite, en l’absence de pistes avérées et sûres, à refuser les dogmes et les parcours préétablis pour s’ouvrir à l’utopie collective, pacifique et libre», mais aussi peut-être un écho à l’ultime film du réalisateur russe (1932-1986), Le Sacrifice. Ecrite pour sept groupes instrumentaux (cori), dont deux sur scène (trois trombones, timbales et grosse caisse, d’une part, trente-trois cordes, d’autre part) et cinq rassemblant au total une vingtaine de musiciens tout autour du premier balcon, la partition constitue le deuxième volet d’un triptyque inspiré par une phrase inscrite sur le mur d’un cloître de Tolède («Il n’y a pas de chemins, il n’y a qu’à marcher»). Davantage qu’une étude de spatialisation, ces vingt-cinq minutes fragmentées à l’extrême, criblées de silence et tournant autour d’une seule note pour cultiver une raréfaction qui évoque plus Scelsi et Feldman que Webern, délivrent un message dramatique d’une grande intensité, entrecoupé de violentes interventions des percussions et des cuivres, aussi rares que foudroyantes, comme la chute d’un couperet. Redoutable exercice de précision pour les musiciens, sous la conduite de Jonathan Nott: Chefdirigent de l’Orchestre symphonique de Bamberg depuis janvier 2000, le chef anglais fut également, en tant que directeur musical (2000-2003) puis premier chef invité (2003-2006), l’un des successeurs à la tête de l’Ensemble intercontemporain de Pierre Boulez, aperçu ce soir porte de Pantin.


D’un caractère radicalement opposé, la Sinfonia (1968/1969) de Berio n’en rappelle pas moins Nono, celui de Musica-manifesto, à l’affiche en mars à la Cité et composé la même année, autre témoin de l’effervescence politique et esthétique de ce temps-là. Peace and love, pour ce qui est du pacifisme, les cinq mouvements ne sont pas en reste, le deuxième étant au demeurant un hommage à Martin Luther King (1929-1968). Soulignant les brusques éclats de cette musique, Nott établit ainsi également une parenté imprévue avec le Nono entendu en première partie, mais il fait aussi planer le quatrième mouvement et éclater le dernier en véritable feu d’artifice. Le résultat n’est pas aussi abouti dans le fameux mouvement central, trop confus, où il est le plus souvent difficile de percevoir distinctement le Scherzo de la Deuxième Symphonie «Résurrection» de Mahler qui lui sert de trame de fond.


Incontournables dans cette œuvre que leurs lointains prédécesseurs ont créée, les Swingle Singers, dont le programme de salle omet fâcheusement de préciser la composition, n’ont cette fois-ci ni leur précision ni leur sûreté vocale. Stylistiquement débraillés et peu regardants sur la prononciation, les chanteurs retrouvent en revanche leurs marques dans deux bis tirés de leur répertoire plus léger, qui, à la satisfaction générale, prolongent cette très courte soirée: 1968, encore et toujours, et les Beatles, pour commencer, avec Lady Madonna de Paul McCartney (né en 1942), puis un passage à l’ère disco avec A Fifth of Beethoven (1976) de Walter Murphy (né en 1952), récemment réapparu dans le pilote du feuilleton Glee avec un clin d’œil à Staying Alive (1978) des Bee Gees.


Le site des Swingle Singers



Simon Corley

 

 

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