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Amour du théâtre et comédie des genres

Lyon
Opéra national de Lyon
05/24/1998 -  et , 26, 28, 30 mai, 2, 3, 5 juin 1998
Serge Prokofiev : L’amour des trois oranges
Michel Trempont ou Jean-Marie Frémeau (Le Roi de Trèfle / Le Hérault), Jean-Luc Viala (Le Prince), Hélène Perraguin (La Princesse Clarisse), Vincent Le Texier (Léandre), Georges Gautier (Truffaldin), Laurent Alvaro (Pantalon, Farfarello, le Maître de cérémonie), Frédéric Caton (Célio), Claudia Waite (Fée Morgane), Virginie Pochon (Ninette), Maryline Fallot (Nicolette), Hjördis Thebault (Linette), Marie-Belle Sandis (Sméraldine), Markus Hollop (La Cuisinière)
Louis Erlo - Alain Maratrat (mise en scène), Jacques Rapp (décors), Ferdinando Bruni (costumes)
Orchestre et choeur de l’Opéra de Lyon, Kent Nagano (direction)

Dans la lignée de la comédie de l’Orphée d’Offenbach et de la poésie du Songe de Britten, une bataille des genres imitant celle de Jonathan Swift (Récit complet et véridique) inaugure la folie lyrique de cette fabia (fable théâtrale). Carlo Gozzi, dramaturge vénitien du XVIIIe siècle, retrace en effet une lutte littéraire (ici déclinée en Tragiques, Comiques, Lyriques, Têtes vides, Ridicules) où il s’oppose à Goldoni. Prokofiev et Vera Janacopoulos s’en inspirent pour écrire la version du livret en français de cet opéra écrit en 1919 et créé à Chicago en 1921.

Fantaisie, masques, lazzi, métamorphoses, satires, géants, cartes, allégories burlesques, actions grotesques ou féeriques retracent le combat contre la mélancolie (Fata Morgana est la reine de l’hypocondrie - elle symbolise ici l’adversaire : Goldoni) jusqu'à la découverte de trois ravissantes princesses cachées dans les fameuses trois Oranges. Car le rire du Prince est symbolique. Il est l’archétype de toute une vision du spectacle. Ce qui est visé, c’est aussi bien la gaieté vivace des acteurs que celle du public. Prokofiev emporte littéralement l’auditeur pour le faire vivre à sa vitesse. Significativement, le public est doublé (dans les deux sens du terme) : c’est le public de Venise -omniprésente ici- prenant part aux joutes entre Sacchi, Goldoni, l’abbé Chiari, qui est intégré à même la pièce. Il s’occupera lui-même du traditionnel deus ex machina. Gozzi part en guerre pour le ‘mentir-vrai’ de la mimesis théâtrale.

L’escarmouche littéraire est rendue par une musique spectaculaire. Les miroirs orchestraux de cette histoire festive sont le pendant des couleurs de la scène. Lors de la composition, Prokofiev est en effet très attentif à l’aspect scénique, dimension très bien exploitée dans le travail de Louis Erlo qui déploie parfaitement l’allégresse de la pièce. Les comédiens-chanteurs mènent tambour-battant cette folie théâtrale avec un égal bonheur. Le délicieux ballet final confirme cette réussite, tandis que la clarté et l’ingéniosité de la partition est merveilleusement rendue par l’Orchestre de l’Opéra.


Frédéric Gabriel

 

 

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