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Symphonies des adieux

Paris
Salle Pleyel
03/28/2011 -  
Gustav Mahler : Symphonies n° 10 (Adagio) et n° 9

London Symphony Orchestra, Valery Gergiev (direction)


V. Gergiev (© Javier del Real)


Septième le samedi soir, Troisième le dimanche après-midi, Neuvième et (Adagio de la) Dixième le lundi soir: c’est, comme en décembre dernier, au pas de charge que se poursuit et que s’achève le cycle que Valery Gergiev consacre à Mahler, l’un des moments très attendus d’une saison pourtant peu avare en célébrations. Et qui sait si, avec sa boulimie coutumière, il n’est pas entre-temps allé diriger Boris au Met le dimanche soir puis répéter avec son Orchestre du Mariinsky le lundi après-midi? C’est d’ailleurs à la tête de cette formation qu’il s’était produit voici un peu plus de trois mois; pour cette dernière étape de son parcours mahlérien, il a en revanche choisi l’Orchestre symphonique de Londres, dont il est le principal conductor depuis quatre ans et avec lequel il a quasiment achevé une intégrale au disque (LSO Live), aussi inégale et imprévisible que cette série de concerts (voir ici). Alors que le chef russe avait déjà donné à Paris en mars 2008 la Septième – au programme du National dès le 31 mars au Châtelet – et que son enregistrement de la Troisième date de la même époque, les Neuvième et Dixième demeuraient les seuls chaînons manquants dans ses témoignages mahlériens, les deux œuvres étant placées au terme de cette succession de trois copieux programmes et sous le signe commun de l’adieu, comme une prolongation de la dernière partie du Chant de la terre, «symphonie pour ténor, alto et orchestre».


Contrairement à Eliahu Inbal voici deux mois (ou à Daniele Gatti le 1er décembre prochain), qui préfèrent la version reconstituée par Deryck Cooke, Gergiev s’en tient, pour la Dixième (1910), à l’Adagio, c’est-à-dire à l’essentiel de ce que Mahler lui-même a eu le temps de mener entièrement à bien de sa partition. Il ne fait pas pour autant un déchirant message ultime de ce mouvement qui, après tout, n’est que le premier des cinq que devait comporter cette dernière symphonie: jusqu’à une péroraison plus solaire que marquant une fatale consomption, c’est plutôt le souci de profiter des bons moments de la vie qui semble l’emporter, au travers d’une battue vive (vingt-trois minutes) et fluide. Plus que par sa personnalité – de ce point de vue, la différence avec son homologue pétersbourgeois s’impose de manière flagrante – l’orchestre londonien, comme à son habitude, s’illustre par sa bonne fiabilité, sa grande souplesse et sa confortable sonorité, dans cette salle Pleyel où il est en résidence depuis plusieurs années.


Si cette prestation est assez mollement accueillie, le retour de Gergiev après l’entracte suscite davantage de chaleur de la part du public. Tout aussi instrumentalement soignée – Nigel Thomas reste l’un des plus fascinants timbaliers qui soient, mais d’autres premiers pupitres sont également à l’honneur, tels la flûte et le cor – et rapide (quatre-vingts minutes), sa Neuvième (1909) avance sans s’alanguir. Bien moins fantastique ou même bouillonnant que d’une sobriété presque inattendue, le premier mouvement se caractérise par sa rigueur, à l’image d’un agencement particulièrement méticuleux des différentes voix: une approche qui ne facilite pas nécessairement la cohérence d’un propos dont l’éclatement marque la contemporanéité avec la seconde Ecole de Vienne, mais dont la matité n’est pas sans évoquer Chostakovitch – dont il a entamé par ailleurs une intégrale avec le Mariinsky (voir ici). A peine truculent, plus débonnaire qu’ironique, le Ländler semble jeter un regard sur les pages comparables des cinq ou six premières Symphonies. Plus léger que caustique ou mordant dans le Rondo-Burleske, Gergiev n’y laisse pas passer l’occasion d’une démonstration de virtuosité de bon aloi. S’il a attendu de libérer ses ressources expressives comme pour reporter tout le poids émotionnel sur l’Adagio final, cet intense adieu n’en conserve pas moins une tenue exemplaire et même une certaine sérénité.


Un extrait du concert :






Simon Corley

 

 

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