About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Délocalisation

Paris
Centre Assas (Amphithéâtre 1)
03/18/2011 -  
Erwin Schulhoff : Cinq Pièces pour quatuor à cordes, WV68
Antonín Dvorák : Quatuor n° 9, opus 34, B. 75

Quatuor Vlach de Prague: Jana Vlachová, Karel Stadtherr (violon), Jirí Kabát (alto), Mikael Ericsson (violoncelle)




Délocalisée à l’université Panthéon-Assas en raison des travaux en cours autour de l’amphithéâtre Richelieu, la nouvelle saison des «Concerts de midi» de la Sorbonne, qui a débuté le 4 mars, un peu plus tard que d’habitude, offre neuf concerts dont l’horaire et le concept restent en revanche inchangés: le vendredi à 12 heures 15, Jean-Pierre Bartoli présente avec clarté, concision et humour des programmes qui s’inscrivent tous dans une même thématique. En 2011, c’est un «Voyage au centre de l’Europe» qu’il propose jusqu’au 13 mai à des spectateurs-explorateurs qui n’ont semble-t-il pas rechigné à renoncer au Ve arrondissement pour se rendre dans le VIe, en un lieu il est vrai dédié à la musique depuis plus de quarante ans, lorsqu’André Furno, alors étudiant en droit, y débuta sa série «Piano ****». D’une modernité défraîchie, l’amphithéâtre 1 ne possède certes pas le cachet de l’amphithéâtre Richelieu, mais ce regret est largement compensé par d’autres éléments de confort, tant l’assise – moins spartiate – que la possibilité de prendre des notes – quelques spectateurs s’y adonnaient déjà à la Sorbonne – et, surtout, une acoustique moins réverbérée. Toutefois, si l’on peut oublier les effluves de fast food de la cafétéria voisine, en pleine activité à cette heure de la journée, force est de déplorer un ronronnement de moteur, sourd mais continu, qui se fait entendre depuis les bancs les plus élevés.


Une étape dans cette Bohême que Burney, au XVIIIe, qualifiait de «conservatoire de l’Europe» s’imposait dans la programmation de cette année. Donnant son titre à ce concert, l’expression demeure d’actualité: il suffit par exemple de considérer l’excellence des Tchèques dans le domaine du quatuor à cordes. Derrière les Prazák, Kocian, Panocha, Zemlinsky et Talich, on en oublierait presque les Vlach, ensemble pourtant presque trentenaire, et dont le nom est même beaucoup plus ancien, puisque sa formation initiale, à l’initiative de Josef Vlach, remonte à 1949. Son histoire ressemble ainsi à celle du Quatuor Talich, où le neveu prit la succession de l’oncle fondateur: ici, c’est la fille de Josef, Jana Vlachová, qui a constitué en 1982 un «nouveau» Quatuor Vlach, sept ans après que la formation originale eut décidé de mettre fin à son parcours.


Les Cinq Pièces (1923) de Schulhoff, entré à l’âge de dix ans au Conservatoire de Prague sur la recommandation de Dvorák, sont d’un compositeur manifestement au fait de l’esthétique de son temps et de cette diversité stylistique dont son compatriote Martinů, de quatre ans son aîné, faisait alors son miel à Paris: Prokofiev, Stravinski, Hindemith et le Groupe des Six – la partition est d’ailleurs dédiée à Milhaud. Formant une sorte de suite de danses, les cinq pièces se réfèrent chacune explicitement à un style: la parodie y est donc de mise, d’autant que chaque titre est précédé d’un alla qui marque bien la distance et le second degré. Evitant de façon pertinente de souligner excessivement ce caractère persifleur et de verser ainsi dans la charge caricaturale, le Quatuor Vlach met tout particulièrement en valeur la poésie nostalgique de la quatrième pièce («Alla tango milonga»).


Parmi les quatorze Quatuors de Dvorák, que les Vlach ont enregistré chez Naxos, il reste beaucoup de découvertes à faire, tant la plupart semblent injustement éclipsés par le Douzième «Américain». Tel est sans nul doute le cas du Neuvième (1877), qui témoigne d’une superbe maîtrise de la grande forme: contemporain du premier cahier de Danses slaves publiées grâce à l’entremise de Brahms, il lui est dédié en retour. Introduite par une brève analyse du premier mouvement par Jean-Pierre Bartoli, exemples à l’appui, l’interprétation des Vlach bénéficie de toute la saveur que seuls des Tchèques peuvent apporter à cette musique, qui avoue également une dette à Schubert, avec un Adagio dont la sérénité infinie évoque le deuxième mouvement de son Quintette à cordes.


Si leur performance instrumentale se tient sans doute quelque peu en retrait de certains de leurs homologues tchèques, les Vlach n’en méritent pas moins un chaleureux accueil et révèlent en bis les talents de compositeur de l’altiste Jirí Kabát (né en 1984), qui a les rejoints l’année passée, au travers d’un court extrait de son Premier Quatuor «Et lux in tenebris lucet», sorte de scherzo dont la verve rythmique renvoie à Schulhoff.


Le site des «Concerts de midi»
Le site du Quatuor Vlach



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com