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Un concert brouillon

Paris
Salle Pleyel
03/15/2011 -  et 11 (Boulogne-sur-Mer), 12 (Valenciennes), 17, 18 (Lille), 23 (Poitiers), 24 (La Rochelle) mars 2011
Ludwig van Beethoven : Coriolan, Ouverture, opus 62
Richard Wagner: Parsifal: Prélude de l’acte I – Tristan und Isolde: Prélude de l’acte I et Mort d’Isolde
Richard Strauss : Quatre derniers Lieder
Maurice Ravel : La Valse

Christiane Oelze (soprano)
Orchestre national de Lille, Jean-Claude Casadesus (direction)


C. Oelze (© Natalie Bothur)



Salle Pleyel fort remplie pour un programme ambitieux et grand public à la fois, porté par un orchestre français réputé et un chef dont on connaît l’éclectisme et la générosité: pour autant, cela suffisait-il à en faire un bon concert alors qu’on avait envie de fêter dignement les trente-cinq ans de la phalange, créée donc en 1976 et confiée dès cette époque à Jean-Claude Casadesus? Malheureusement non, puisque l’impression générale qu’on a pu en retirer a été dominée par l’imperfection d’un concert dont, au surplus, on a bien du mal à comprendre le fil conducteur…


Associer Richard Wagner (1813-1883) et Richard Strauss (1864-1949) semble naturel tant la filiation entre les deux va de soi, mais pourquoi leur adjoindre également Ludwig van Beethoven (1770-1827) et, surtout, Maurice Ravel (1875-1937), qui viennent rompre une unité stylistique et musicologique pourtant a priori séduisante? Bref, toujours est-il que ce voyage musical commence par une Ouverture de Coriolan qui véhicule immédiatement des défauts que l’on retrouvera tout au long du concert: un manque évident de tension dramatique (on attend en vain le vrombissement des contrebasses vers la fin de l’œuvre), un manque tout aussi visible de vigueur de la part d’un Jean-Claude Casadesus qui dirige l’ouverture avec beaucoup trop de détachement et, défaut cette fois-ci imputable à l’orchestre, un étonnant manque de cohésion chez les premiers violons que ce soit dans la netteté des attaques ou dans l’ampleur sonore.


Compte tenu de ces premiers éléments, on ne pouvait qu’être inquiet avant d’entendre l’Orchestre national de Lille se lancer dans trois pages parmi les plus géniales et les plus célèbres de Richard Wagner. Ces craintes étaient fondées puisque l’interprétation s’est avérée tout juste honnête et, techniquement parlant, plutôt médiocre. La lenteur des cordes au début du Prélude de Parsifal ne véhicule aucune présence, ni aucune plénitude mélodique (notamment à l’entrée des trompettes ou lors du choral de cuivres, beaucoup trop timorés), de telle sorte que, le comble pour une telle pièce, on s’ennuie et notre attention ne fait que se concentrer sur les multiples défauts techniques qu’une direction très académique de Casadesus n’arrivera jamais à masquer. Il en va de même pour le Prélude et la Mort d’Isolde. Outre une petite harmonie fausse à la fin du second extrait, on regrette un tempo généralement trop vif, ne prenant jamais son temps, ainsi qu’un manque de nuances occultant de fait les richesses de la partition (le forte des cordes obère ainsi totalement les interventions de la clarinette, du hautbois et de la flûte lorsque ces trois instruments sont appelés à se succéder). Le public ne s’y trompe pas et ne salue l’orchestre que par des applaudissements polis.


Après l’entracte venait un autre chef-d’œuvre, les Quatre derniers lieder de Richard Strauss, interprétés par Christiane Oelze et non par Anne Schwanewilms, souffrante. On connaît les mérites de Christiane Oelze, aussi à l’aise dans l’exercice redoutable du récital que dans le cadre d’œuvres opératiques ou religieuses): ce soir encore, en dépit d’une émission relativement faible qui, depuis le premier balcon de la Salle Pleyel, rend son audition assez difficile, elle adopte un ton séduisant et déclame avec beaucoup de justesse le texte de ces magnifiques lieder. Agile dans les aigus et le registre medium, elle se tire donc très honorablement de sa partie en dépit, là encore, d’un orchestre beaucoup trop imparfait. Les musiciens ont du mal à terminer parfaitement ensemble et, en dépit d’un beau solo du premier violon (tenu par Dennis Kim) dans le troisième lied («Beim Schlafengehen»), ne donnent pas la pleine mesure de la partition. Jean-Claude Casadesus dirige là encore trop rapidement une œuvre qui mériterait de respirer davantage (ainsi, les trilles des flûtes dans le dernier lied («Im Abendrot») ne sont-ils pas détachés du monde terrestre comme on pourrait le souhaiter et, surtout, comme l’y invite le texte chanté): indéniablement, l’œuvre y perd en force et en magie.


Dernière à être interprétée, La Valse (1920) de Maurice Ravel fut sans conteste la plus grande réussite de ce concert qui, jusqu’alors, en manquait cruellement. Casadesus, très bon interprète de la musique française, dirige néanmoins avec une nonchalance trop évidente cette emblème de la musique française, aidé par un orchestre qui trouve enfin le ton juste, les musiciens appréciant visiblement d’être ici dans leur élément. Même si la fin s’avère plus bruyante que puissante et empreinte de folie, on ne peut rester insensible au charme distillé par certains solistes (la flûte, les percussions) qui, l’espace d’un court instant, nous font oublier à quel point cette soirée fut décevante. Un anniversaire méritait vraiment d’être mieux fêté!


Le site de Jean-Claude Casadesus
Le site de l’Orchestre national de Lille



Sébastien Gauthier

 

 

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