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Une soirée d'exception

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Boeuf
03/03/2011 -  et 1er (Innsbruck), 6 (Utrecht), 8 (Eindhoven), 11, 12, 13 (Budapest) mars 2011
Richard Wagner : Siegfried-Idyll – Tannhaüser: Ouverture et Bacchanale – Die Meistersinger von Nürnberg: Prélude du premier acte – Götterdämmerung: Voyage de Siegfried sur le Rhin, Marche funèbre et Immolation de Brünnhilde
Petra Lang (mezzo-soprano)
Budapesti Fesztiválzenekar, Iván Fischer (direction)


I. Fischer et P. Lang (© Marco Borggreve et Ann Weitz )


Lors de sa tournée européenne, l’Orchestre du Festival de Budapest se devait d’apparaître à Bruxelles à l’occasion de la présidence hongroise de l’Union européenne. Son prestige explique que ce concert s’inscrit dans le cadre des European Galas, cycle produit par le Bozar et le Festival van Vlaanderen Brussel qui entend proposer «le meilleur et rien que le meilleur», en l’occurrence, cette saison, l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam (17 septembre dernier), actuellement en résidence, l’Orchestre national de Russie (21 décembre) et, le 28 mars prochain, l’Orchestre de l’Académie nationale de Sainte-Cécile dirigé par Antonio Pappano dont le programme met à l’honneur deux jubilaires, Liszt (Premier Concerto pour piano, avec Boris Berezovsky) et Mahler (Première Symphonie). Par conséquent, le Bozar soigne sa présentation : programme de grand format sur papier glacé et, du moins pour cette soirée, installation d’un appareil au-dessus de la scène pour diffuser des sous-titres.


Autre formation hongroise à se produire dans la salle Henry Le Bœuf après l’Orchestre national de Hongrie (voir ici), cette formation relativement neuve, puisqu’elle a été fondée en 1983 par Iván Fischer, se concentre sur Wagner. Cela ne se refuse évidemment pas mais peu de festivités ont été organisées cette année pour célébrer Liszt, véritable Européen avant l’heure. Cette soirée n’aurait-elle pas constitué une excellente opportunité ? Sachant l’excellence des musiciens, quel effet aurait produit un programme comportant, par exemple, un poème symphonique et la Faust-Symphonie ? Il est toutefois déplacé de faire la fine bouche en regard de la qualité de la réalisation, déjà évidente dans la Siegfried-Idyll (1870), entendue le mois passé par Anima Eterna et exécutée cette fois dans une disposition pour le moins étrange puisque les bois entourent le chef, la flûtiste prenant la place habituellement réservée au premier violon. Ainsi placés, ces musiciens ne peuvent que mettre en avant des interventions proches de la perfection tandis que les cordes, de surcroît onctueuses, se caractérisent par leur grande homogénéité.


Autres vertus cardinales, une articulation et une cohésion peu communes, comme l’illustre une Ouverture et la Bacchanale de Tannhaüser (1845-1861) n’encourant absolument aucun reproche. S’il avait tout le loisir d’afficher une sonorité d’une grande finesse dans l’œuvre précédente, l’orchestre prouve cette fois que la puissance ne compromet pas la lisibilité, maintenue en permanence, même dans les pages les plus foisonnantes de la Bacchanale. Confirmant cette heureuse impression, l’Ouverture des Maîtres Chanteurs de Nuremberg (1868) permet d’apprécier de nouveau d’étincelants pupitres de cuivres qui affichent une remarquable justesse. Iván Fischer en traduit la majesté sans impression d’arrogance.


La seconde partie s’annonce dès lors somptueuse puisqu’il s’agit de trois extraits du Crépuscule des dieux (1876) qui nécessitent le concours de Petra Lang, assise face au public avant son intervention, le visage changeant d’ailleurs d’expression entre le « Voyage de Siegfried sur le Rhin » (félicité) et la « Marche funèbre » (gravité). Si les bois se positionnaient au premier plan dans la Siegfried-Idyll, les deux harpes se placent à leur tour au devant de la scène, de part et d’autre du chef. Fin du troisième acte et, de ce fait, d’une des plus passionnantes fresques de l’Histoire de la musique, «Starke Scheite schichet mir dort» procure un double bonheur, celui d’entendre une authentique wagnérienne, attentive au mots, et un orchestre qui évolue avec une aisance désarmante. Tous touchent à l’état de grâce dans une conclusion poignante grâce à un alliage parfait de grandeur, de profondeur et d’émotion. Heureusement, aucun bis ne vient conclure de façon déplacée cette soirée d’exception.


Le site de Petra Lang
Le site de l’Orchestre du Festival de Budapest



Sébastien Foucart

 

 

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