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Amérique profonde

Paris
Cité de la musique
02/26/2011 -  
Philip Glass : Echorus
Aaron Copland : Old American Songs, Books I («The Dodger», «Long Time Ago», «Simple Gifts», «I bought me a cat») & II («The Little Horses», «The Golden Willow Tree», «At the River», «Ching-a-ring Chaw») – The Tender Land: «The Promise of Living»
Charles Ives : Symphonie n° 3 «The Camp Meeting»
Samuel Barber : Agnus Dei, opus 11 – Knoxville: Summer of 1915, opus 24
Leonard Bernstein : Peter Pan: «Dream with me»

June Anderson (soprano), Deborah Nemtanu (violon)
accentus, Mélisse Brunet (chef associée), Ensemble orchestral de Paris, Joseph Swensen (violon et direction)


J. Swensen (© Eric Richmond)


Quatre concerts, deux «ciné-concerts» et deux spectacles: comme de coutume, la Cité de la musique a vu grand pour son cycle «Le Rêve américain», du 16 février au 2 mars, qui vient comme un écho et une prolongation du «domaine privé» proposé par John Adams la saison dernière. Et rien de plus profondément américain que ce programme présenté par l’Ensemble orchestral de Paris (EOP), même s’il laisse sans doute moins de place au «rêve» qu’à la réalité d’un pays jeune. Cela étant, Echorus (1995) pour deux violons et cordes n’apporte rien à la gloire de Philip Glass, tant la simplicité, pour ne pas dire l’indigence, du matériau musical consterne près de dix minutes durant. Et les «solistes» n’y sont pour rien, Joseph Swensen et Deborah Nemtanu, qui, pour la suite de la soirée, reprennent leur place coutumière de «premier chef invité» et de premier violon solo.


Mais si la grande salle de la Cité est archicomble, c’est sans doute en grande partie grâce à June Anderson, qui alterne avec le chœur de chambre accentus («ensemble associé» à l’EOP), sous l’œil de sa fondatrice Laurence Equilbey, dans huit des dix pièces des deux livres de Vieux Chants américains (1950/1954 et 1952/1957) de Copland: toutes les racines et toutes les humeurs des Etats-Unis, depuis les onomatopées («I bought me a cat», «Ching-a-ring Chaw», qui sera bissé en fin de soirée) et l’humour («The Dodger») jusqu’aux ballades («Long Time Ago», «The Golden Willow Tree», «The Little Horses») et à la foi («Simple Gifts», que Copland avait déjà utilisé dans Appalachian Spring, «At the River», qu’Ives avait lui aussi mis en musique). En robe dorée et longue cape noire – sa biographie prend bien soin de préciser le nom du couturier et du joailler – la diva américaine effectue une fracassante entrée en scène. On pourra certes lui reprocher un manque de puissance, des notes attaquées par en-dessous et la blancheur de ses aigus, mais elle apporte tout son charme et son raffinement à cette palette d’atmosphères et à ce traitement des thèmes populaires plus proches de Canteloube que de Bartók.


Par son effectif (bois par un, deux cors, trombone, percussions et cordes), sa durée et son inspiration, remontant aux traditions religieuses de l’Amérique ancienne, la Troisième Symphonie (1904) se distingue de la puissante Quatrième ou même de la longue Deuxième. Sans être aussi originale et inattendue, cette évocation d’une «Réunion de camp» n’en use pas moins d’un contrepoint volontiers dense d’hymnes entrelacées qui ne craint pas les frottements harmoniques. Alors que les trente-quatre chanteurs d’accentus étaient restés sur scène pour écouter l’œuvre, Joseph Swensen se retrouve, après l’entracte, devant les pupitres vides de l’EOP pour diriger le chœur, qu’on a connu en meilleure forme et plus séduisant, dans l’Agnus Dei (1967), adaptation par Barber lui-même du célèbre Adagio de son Quatuor à cordes (1936).


Retour à l’Amérique rurale, meurtrie par la grande dépression, avec le chœur «La promesse de vivre» extrait de l’opéra La Terre tendre (1954/1955) de Copland: une ode à des lendemains qui chantent dans une esthétique en fin de compte assez proche de celle qui régnait alors en Union soviétique. Sur un poème de James Agee (1909-1955), dont un article avait également été à l’origine de l’opéra de Copland, Knoxville: Eté 1915 (1947/1949) de Barber a aussi pour cadre le Sud: robe vieux rose et manteau bleu-gris, June Anderson dispose ici de plus de temps pour affermir, déployer sa voix, qui se projette mieux, et offrir un moment de grâce, subtilement accompagné par Swensen et son orchestre. Il ne leur reste plus qu’à conclure logiquement ce «rêve américain» avec «Dream with me», extrait d’un musical peu connu de Bernstein, Peter Pan (1950).


Le site de June Anderson
Le site d’accentus



Simon Corley

 

 

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