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Shadoks, le retour

Paris
La Péniche Opéra
01/19/2011 -  et 20, 21, 22, 23, 30* janvier, 6 février, 6, 20, 27 mars (Paris), 1er, 2 (Fontainebleau), 3, 10 avril, 1er (Paris), 7 (Saint-Fargeau-Ponthierry), 8 (Paris) mai 2011
Serge Prokofiev : Le Vilain Petit Canard, opus 18
Albert Marcœur : Les Shadoks et l’aéronautique (création)
Claude Debussy : La Boîte à joujoux

Christophe Crapez (ténor, marionnettiste, direction musicale), Yannick Lopez (accordéon, guitare), Tristan Mauguin (trombone), Christophe Maynard (piano), Isabelle Irène (marionnettiste)
Mireille Larroche (mise en scène), Damien Schoëvaërt-Brossault (marionnettes, vidéo), Michel Ronvaux (costumes), Colas Reydellet (lumières), Ivan Paulik (son)




Bien mieux que les bonnes résolutions et beaucoup plus drôle que le Neujahrskonzert viennois, le début d’année ne peut se faire sans les Shadoks. Et c’est La Péniche Opéra qu’il faut remercier d’avoir établi cette (excellente) tradition: après «Shadoks et Compagnie... en musique!» en 2009 puis «Des Shadoks à Dada» en 2010, voici donc le millésime 2011, intitulé «Le Retour des Shadoks et Compagnie... en musique!». Du 19 au 22 janvier, les trois épisodes ont été mis à l’affiche d’un «festival Shadoks & Cie», complété par une «journée thématique» sur le thème «L’Erreur créatrice en art et en science» – tout un programme. Mais jusqu’en mai prochain, il est encore possible de découvrir la dernière aventure en date, dans le cadre des «P’tits déj’ musicaux du dimanche matin»: petit déjeuner à 11 heures (7 euros, sur réservation) puis spectacle à midi, particulièrement approprié pour le jeune public – «de 7 à 107 ans» (comme le recommande Mireille Larroche, maîtresse du lieu et metteur en scène), quoique sans doute un peu long (environ soixante-quinze minutes) pour les plus petits – mais qui n’en pose pas moins des questions sur des thèmes très actuels, tels le respect des différences ou la pertinence de notre modèle énergétique.


Pour cette suite des péripéties des petits personnages créés par Jacques Rouxel, narrant leurs vaines tentatives de venir visiter notre planète et intitulée Les Shadoks et l’aéronautique, Denis Chouillet a laissé la place à Albert Marcœur (né en 1947). Le «Frank Zappa français» recourt à un effectif tout aussi décalé et inattendu, en phase avec les aphorismes impeccablement absurdes immortalisés par la voix de Claude Piéplu: le ténor Christophe Crapez, trois instruments (trombone, guitare et accordéon) que se partagent deux musiciens-chanteurs-acteurs, une sonorisation et une bande préenregistrée. Bribes sonores, bruitages, parodies: tout est bon à prendre pour cet arte povera enrichi de quelques objets rapportés – boule disco, vélo d’appartement surmonté d’un piano-jouet en guise de clavier d’ordinateur – et de beaux costumes conçus par Michel Ronvaux – chanteur en long manteau dont chacune des quatre poches dissimule l’un des mots du vocabulaire shadok («ga», «bu», «zo» et «meu», pour ceux qui auraient raté les épisodes précédents) et melon clair surmonté de mèches blondes, musiciens en gilets de sécurité (à queue de pie), l’un orange, l’autre jaune. Quelques images animées en fond de plateau pour la beauté de la démonstration, et le tour est joué.


Encadrés par Satie et Poulenc en 2009, les Shadoks le sont cette année par Prokofiev et Debussy. Histoire de changer un peu de Pierre et le loup, voici Le Vilain Petit Canard (1914), et de nouveau Christophe Crapez, frac marron glacé et melon beige pas encore nanti de ses mèches, déclamant avec clarté et brio – sa partie monte très haut – le texte de Nina Meshchersky (1889-1981), aidé de la projection de dessins au trait délicat. Au piano, Christophe Maynard a fort à faire pour tenter de restituer l’orchestre de la version originale. Presque exactement contemporaine, La Boîte à joujoux (1913), dont Caplet devait achever l’orchestration, constitue le dernier volet du triptyque, après un changement de plateau effectué en 2’34 – ce que permet de vérifier le chronomètre qui défile sur la toile tendue à l’avant-scène. Comme pour Sports et Divertissements il y a deux ans, Damien Schoëvaërt-Brossault a réalisé un dispositif aussi ingénieux que poétique, toujours à base d’un grand cube, figurant cette fois-ci la Terre: ses différentes faces réservent bien des surprises, aux confins de l’illusionnisme, dévoilant au fur et à mesure du conte des petits cubes gigognes, des figurines, les jeux de l’enfance (dés, dominos, cartes, échecs, ...). En compagnie d’une marionnettiste virtuose, Isabelle Irène, qui parvient à donner vie à une poupée et à un polichinelle ne tenant pourtant qu’à un fil, Christophe Crapez fait une nouvelle fois preuve de sa polyvalence. Et la mise en scène n’a qu’à se laisser délicieusement porter par la musique, où abondent citations et thèmes caractéristiques.


Le site d’Albert Marcœur
Le site de Christophe Crapez



Simon Corley

 

 

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