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Gros sabots

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/27/2011 -  
Arnold Schönberg : Begleitungsmusik zu einer Lichtspielscene, opus 34
Johannes Brahms : Double Concerto, opus 102 – Quatuor avec piano n° 1, opus 25 (orchestration Schönberg)

Carolin Widmann (violon), Marie-Elisabeth Hecker (violoncelle)
Orchestre national de France, Marc Albrecht (direction)


M. Albrecht (© Marco Borggreve)


Pour ses débuts – sauf erreur – avec l’Orchestre national de France jeudi soir, Marc Albrecht, directeur musical de l’Opéra et de l’Orchestre philharmonique des Pays-Bas à compter de la saison prochaine, a choisi d’associer au concerto le moins célèbre de Brahms un nom qui semble aujourd’hui encore effrayer le bourgeois: Arnold Schönberg. Voilà sans doute pourquoi en ce jeudi soir, le Théâtre des Champs-Elysées n’est pas très rempli, alors que le «découvreur» du dodécaphonisme n’est représenté que par l’une de ses œuvres les plus brèves et les plus accessibles, la Musique d’accompagnement pour une scène de film (1930), destinée à un orchestre de dimensions réduites mais riche en percussions. De cette musique «abstraite», en ce sens qu’elle n’a pas été écrite pour illustrer un film en particulier mais pour suggérer trois atmosphères successives, le chef allemand donne une lecture résolument spectaculaire au risque d’apparaître décousue.


Brahms n’a décidément pas de chance ces temps-ci avenue Montaigne, car après la déception suscitée tant par Temirkanov que par Mehta dans trois des quatre Symphonies, la direction poussive, épaisse et bruyante d’Albrecht ne met guère en valeur le Double Concerto (1887). L’attelage formé par les solistes, ses compatriotes Carolin Widmann (née en 1976) et Marie-Elisabeth Hecker (née en 1987), n’offre pas beaucoup plus de consolations, tant en séduction qu’en chaleur: la violoniste (robe rouge et Guadagnini de 1782) manque de précision et a tendance à étouffer la violoncelliste (robe blanche et Luigi Bajoni de 1864). Il est vrai qu’on peine vraiment à reconnaître dans cette sonorité enrhumée et timorée celle qui remporta le concours Rostropovitch à l’âge de dix-huit ans et qui, en mars dernier, avait subjugué la salle Pleyel dans le Premier Concerto de Saint-Saëns.


Klemperer, qui avait dirigé la première publique de la Musique d’accompagnement, fut aussi le créateur de l’orchestration (1937) par Schönberg du Premier Quatuor avec piano (1861) de Brahms. Albrecht apprécie visiblement cette étrange partition, au programme de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg en octobre 2006 dès son accession au poste de directeur musical et chef principal, puis en tournée à Paris. Depuis, Chung avec son Philhar en décembre 2006 et, surtout, Dohnányi avec l’Orchestre de l’Opéra national de Paris en juin 2009 ont amplement démontré qu’on pouvait faire autre chose qu’une choucroute indigeste de cette bizarrerie à la Stokowski, où Schönberg exprime son admiration pour celui qu’il avait qualifié de «progressiste» dans un célèbre essai de 1933, alors qu’il avait pourtant été enrôlé comme porte-étendard de l’opposition au wagnérisme et à la «musique de l’avenir».


Albrecht ne semble hélas pas parvenir à résoudre les pièges tendus par cette pièce hybride, qui – un comble s’agissant de Schönberg – en semble même maladroitement orchestrée. Dès l’Allegro initial, il reste fidèle à sa conception, massive, appuyée, hachée et, à l’occasion affectée. Toujours dans cette esthétique qu’on eût qualifiée de teutonne en d’autres temps, l’Intermezzo, bien lourd, est dénué à la fois d’élan et de grâce. Le summum est cependant atteint dans l’Andante con moto: faut-il vraiment en rajouter dans cette musique qui demande plutôt à être allégée? Cela étant, le Finale à l’esbroufe fait toujours son effet, principalement grâce à un National en excellente forme à défaut de paraître nécessairement convaincu.


Le site de Carolin Widmann
Le site de Marie-Elisabeth Hecker



Simon Corley

 

 

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