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Coup de jeune pour Le Sacre

Paris
Cité de la musique
01/12/2011 -  
Igor Stravinsky : Octuor – Le Sacre du printemps
Enno Poppe : Markt

Ensemble intercontemporain, Orchestre du Conservatoire de Paris, Susanna Mälkki (direction)


S. Mälkki (© Simon Fowler)


L’Ensemble intercontemporain joue seul l’Octuor. On peut le diriger, sous prétexte d’exactitude, avec aridité. Susanne Mälkki ne se laisse pas prendre au piège, elle dont on sait pourtant l’attachement à la lettre des partitions. Elle n’en oublie pas l’esprit : le respect ne va pas sans humour, voire sans gouaille, notamment dans le Finale, peut-être plus difficile à construire que les Variations. Sous des dehors de fausse bonhomie entretenue par des musiciens à la fois brillants et complices, le néoclassicisme de Stravinsky se fait autant impertinence qu’allégeance.


« Dix-sept minutes d’étude esthétique de marché », nous dit Stefan Fricke à propos de Markt d’Enno Poppe. Trois études pour orchestre, en réalité, crées en 2009 par Susanna Mälkki elle-même, d’une durée chaque fois supérieure – une minute et demie, cinq minutes et demie, dix minutes. Le compositeur allemand (né en 1969) avoue avoir pensé à « tous les marchés imaginables », lieux d’échanges de toute nature qui se révèlent peu à peu, à l’image d’une musique s’organisant progressivement, des sons volontairement épars de la première partie à la structure beaucoup plus élaborée de la troisième, ouverte et fermée par des bruits étouffés de la percussion, où une mélopée un peu orientalisante revient de façon lancinante, presque rituelle. Les jeunes du Conservatoire, préparés par des solistes de l’EIC, ont réalisé un travail exemplaire de précision, restituant toute la force évocatoire d’une partition qui semble jouer avant tout sur les rythmes, les couleurs et la dynamique.


On attendait ensuite beaucoup des étudiants du CNSM, toujours guidés par leurs aînés, dans Le Sacre du printemps - nous gardons le souvenir de tant de références... Certes il y a parfois chez eux une certaine verdeur, notamment du côté des cordes : cela ne messied pas – au contraire - à une œuvre en rupture avec toute une tradition de lyrisme. Le travail de Susanna Mälkki se révèle, ici aussi, admirable, même si l’on peut rêver d’une interprétation plus narrative, à la sauvagerie moins maîtrisée – mais on ne peut pas demander à un tel orchestre ce qu’on l’on exige d’une phalange aguerrie, qui aurait depuis des décennies la partition de Stravinsky à son répertoire. Le chef de l’EIC obtient de ses musiciens une homogénéité exemplaire, avec des beaux échanges entre les pupitres ; elle a aussi le mérite de nous offrir une lecture pas exclusivement verticale, où se préserve la lisibilité des agrégats alors que beaucoup s’en tiennent à une succession de blocs sonores. Et le respect des nuances force l’admiration, notamment dans l’Action rituelle des ancêtres ou la Danse sacrale, dont les parties de cordes, par exemple, sont bien joués piano ou pianissimo.


Susanna Mälkki, à la fin, est doublement fêtée : par le public, où l’on compte évidemment beaucoup d’étudiants, et par l’orchestre, qui sait ce qu’il lui doit. Un orchestre d’un niveau hautement professionnel, dont l’enthousiasme fait plaisir à voir.



Didier van Moere

 

 

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