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Noël au tison

Paris
Eglise Saint-Roch
12/07/2010 -  
Johann Sebastian Bach : Weihnachts-Oratorium, BWV 248 (Cantates I, III, V et VI)

Hana Blazíková (soprano), Margot Oitzinger (alto), Daniel Johannsen (Evangéliste, ténor), Peter Harvey (basse), Cappella Amsterdam, Le Concert Lorrain, Daniel Reuss (direction)


D. Johannsen (© Anette Friedel)


De même que l’on peut régulièrement entendre l’Oratorio de Pâques (voir ici) ou des cantates spécifiques (voir ici) pour célébrer les fêtes pascales, de même l’approche de Noël justifie, si besoin était, que l’on voie l’oratorio composé par Johann Sebastian Bach (1685-1750) programmé au cœur du mois de décembre. Après William Christie il y a quelques années (voir ici), c’est donc au tour de Daniel Reuss de diriger cette œuvre superbe dans le cadre de l’église Saint-Roch. Est-ce le mauvais temps, alliance d’une pluie battante et d’un froid perçant, ou la moindre célébrité des interprètes réunis ce soir par rapport à d’autres formations? Toujours est-il que le public n’est pas venu en masse, occupant seulement une bonne moitié des chaises offertes aux spectateurs. Pourtant, en dépit d’indéniables faiblesses, la prestation offerte s’est avérée d’un niveau tout à fait honnête même si, en effet, on n’a pas été enthousiasmé ou transcendé comme cela a parfois pu être le cas lors de l’audition de précédents concerts produits par Philippe Maillard.


Composé en 1734, l’Oratorio de Noël trouve une partie de ses sources dans plusieurs cantates précédemment composées par Bach à savoir les cantates Hercules auf dem Scheidewege BWV 213 et Tönet, ihr Pauken! Erschallet, Trompetten! BWV 214 (la sixième partie de l’oratorio étant quant à elle partiellement issue de la Cantate BWV 248 a, qui fut un temps perdue). Comme cela arrive parfois, l’interprétation de ce soir fut tronquée, les deuxième et quatrième cantates n’étant effectivement pas données par Le Concert Lorrain et la Cappella Amsterdam. C’est d’autant plus dommage que les instrumentistes ont été globalement de très bonne qualité. Mention spéciale à David Staff, première des trois trompettes naturelles qui, en hommage à celui qui devait en être le créateur (un certain Gottfried Reiche, qui décéda en octobre 1734 quelques semaines avant la première exécution de l’Oratorio), exécuta avec adresse et sans grand dommage les différentes interventions qui lui étaient imparties, à commencer par les chœurs d’ouverture et de conclusion des cantates I, III et VI. Saluons également les parties de violon jouées avec beaucoup d’implication et de douceur par Maren Ries (dans l’air «Schliesse, meine Herze, dies selige Wunder» chanté par l’alto, et non la soprano comme indiqué par erreur dans le programme, au sein de la cantate III Herrscher des Himmels, erhöre das Lallen) et par Volker Möller dans le Terzetto de la cantate V (l’air «Ach, wenn wird die Zeit erscheinen?»). En revanche, la prestation du hautboïste Frank de Bruine s’avère trop souvent décevante en raison notamment d’une tonalité bien imparfaite dans le medium et de quelques décalages inhabituels chez cet instrumentiste aguerri au répertoire baroque. Par ailleurs, la direction de Daniel Reuss, dont la gestique n’est pas sans rappeler celle de Philippe Herreweghe, s’avère trop fréquemment prosaïque et manque de dynamisme, les musiciens étant parfois laissés à eux-mêmes. Ce retrait conduit également à mal appréhender la réverbération et le volume de l’église qui conduit souvent à ce que les cordes couvrent les vents, à commencer par les deux flûtes.


Les chœurs de la Cappella Amsterdam sont bons sans être exceptionnels. Même s’ils n’ont pas autant d’importance que dans les deux Passions, où ils incarnent la foule à qui est présenté le Christ, ils interviennent fréquemment et doivent donc être très impliqués dans le discours qu’ils développent tout au long de l’œuvre. Indéniablement, c’est dans les ensembles éclatants (début des cantates I et VI, par exemple) qu’ils sont les meilleurs, enthousiastes et emportés comme il le faut, illustrant ainsi avec justesse la joie qui sied au propos de l’Oratorio; à cet égard, le premier chœur de la cantate I Jauchzet, Frohlocket! Auf, preiset die Tage a été superbe, accompagné par un orchestre aux cordes bondissantes comme rarement.


Quant aux solistes, c’est malheureusement là que le bât blesse. Les voix féminines sont très décevantes, pour ne pas dire en deçà de ce que requiert une œuvre comme l’Oratorio de Noël. Toutes deux dotées d’une très faible émission, Hana Blazíková et Margot Oitzinger ne parviennent qu’à de rares moments à véritablement s’approprier la partition. Tel fut par exemple le cas du beau duo entre la soprano et la basse «Herr, dein Mitleid, dein Erbarmen» de la cantate III ou du solo d’alto qui suit. En revanche, tous nos éloges aux deux voix masculines! Daniel Johannsen campe un excellent Evangéliste, habitant chaque mot, narrant avec beaucoup de vie la trame de l’Oratorio. Lors de ses rares interventions chantées, il s’avère tout aussi convaincant, notamment dans l’air «Nun mögt ihr stolzen Feinde schrecken» (dans la dernière cantate), faisant preuve d’un engagement et d’une souplesse vocale exemplaires, accompagné avec soin par les deux hautbois et la basse continue. Quant à Peter Harvey, est-il besoin de souligner la beauté de ses interventions, lui qui a depuis si longtemps fréquenté l’œuvre de Bach sous la direction de John Eliot Gardiner ou de Gérard Lesne? Chacune de ses interventions, servie par une projection noble et puissante à la fois, fut irréprochable. Dommage que la tonalité générale de ce concert n’ait pas été de la même eau…


Le site de la Cappella Amsterdam
Le site du Concert Lorrain
Le site de Daniel Reuss
Le site de Margot Oitzinger
Le site de Daniel Johannsen
Le site de Peter Harvey



Sébastien Gauthier

 

 

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