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La Suisse pour les Nuls

Zurich
Opernhaus
11/13/2010 -  et 16, 19*, 23, 26 novembre, 2, 7 décembre 2010
Gioachino Rossini: Guillaume Tell

Eva Mei (Mathilde), Martina Janková (Jemmy), Wiebke Lehmkuhl (Hedwige), Michele Pertusi (Guillaume Tell), Antonino Siragusa (Arnold), Alfred Muff (Gessler), Pavel Daniluk (Melchthal), Andreas Winkler (Rodolphe), Reinhard Mayr (Walter Furst), George Humphreys (Leuthold), Domenico Menini (Ruedi)
Chœur de l’Opernhaus de Zurich, Ernst Raffelsberger (préparation), Orchestre de l’Opernhaus, Gianluigi Gelmetti (direction musicale)
Adrian Marthaler (mise en scène), Jörg Zielinski, Adrian Marthaler (décors), Marcel Keller (costumes), Elfried Roller (lumières)


(© Suzanne Schwiertz)


Après Les Pêcheurs de perles (lire ici) et la création mondiale de Gesualdo (lire ici), l’Opernhaus de Zurich poursuit sa saison avec une troisième nouvelle production chantée en français: Guillaume Tell de Rossini, dans la version originale écrite pour Paris en 1829. Avant Le Comte Ory du même Rossini en janvier, cette saison très française souligne l’attachement du directeur, Alexander Pereira, au répertoire lyrique de l’Hexagone, de bon augure pour son intronisation à Salzbourg en 2012.


Nul n’ignore que Guillaume Tell est le héros national suisse, un mythe indéboulonnable, même si certains historiens remettent désormais en question non seulement la célèbre flèche tirée sur la pomme placée sur la tête de son fils, mais aussi l’existence même du personnage. Le metteur en scène Adrian Marthaler (frère de Christoph et connu notamment pour avoir réalisé La Traviata à la gare de Zurich en 2008 pour la TV suisse) en profite pour livrer une vision très personnelle et ironique de la Suisse d’aujourd’hui. Dans des décors de cartes postales encombrés de symboles fleurant bon les clichés (le chocolat, les montres, les banques, le fromage, les cloches de vaches, l’arbalète..., tout y passe, ou presque), Tell mène son combat contre les envahisseurs, qui ne sont pas ici les Autrichiens mais... les fonctionnaires et les technocrates de l’Union européenne cherchant à mettre au pas ce peuple de montagnards tellement attachés à leurs traditions et ne faisant décidément rien comme tout le monde. A la fin du spectacle, lorsque les choristes pénètrent dans la salle pour chanter la liberté retrouvée, sur scène un îlot suisse planté d’un drapeau rouge à croix blanche s’éloigne immanquablement de l’Europe. Ironie certes, mais néanmoins tout un symbole à l’heure où Bruxelles exerce une forte pression sur Berne, notamment dans le domaine du secret bancaire. Quoi qu’il en soit, cette production a manifestement réjoui bien des spectateurs, dans un pays où la majorité de la population ne cache pas son scepticisme face à l’UE.


Initialement prévu dans la fosse, Thomas Engelbrock a déclaré forfait à la première répétition, lorsqu’il s’est rendu compte que l’Opernhaus, théâtre de répertoire comme le veut la tradition dans l’espace germanophone, ne pouvait lui garantir la présence des mêmes musiciens tout au long des répétitions et des représentations. La direction e eu la main heureuse en lui trouvant pour remplaçant Gianluigi Gelmetti, spécialiste de l’ouvrage. Malgré plusieurs décalages avec le plateau, sa lecture ne manque pas de brio, donnant à la partition un caractère héroïque, au détriment parfois des nuances. Le plateau vocal est dominé par le Tell élégant et raffiné de Michele Pertusi, au legato exemplaire. Les aigus éclatants d’Antonino Siragusa en Arnold font forte impression, quand bien même le ténor a tendance à forcer. Eva Mei est légèrement en retrait, Mathilde étant pour elle un rôle à la limite de ses moyens vocaux, mais l’émotion qui se dégage de son personnage fait oublier les problèmes. Une mention particulière est à décerner à l’Hedwige de Wiebke Lehmkuhl et surtout au Jemmy de Martina Janková, de même qu’au chœur, dans cet ouvrage où son rôle est capital.



Claudio Poloni

 

 

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