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Juxtaposition/continuité

Strasbourg
Cité de la Musique et de la Danse
09/30/2010 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Don Giovanni, ouverture
Bruno Mantovani : Concerto pour violoncelle
Arnold Schoenberg : Verklärte Nacht

Marc Coppey (violoncelle)
Orchestre Philharmonique de Strasbourg, Bruno Mantovani (direction)


B. Mantovani (© P. Stirnweiss)


Créé à Saarbrücken en 2005 par Jean-Guihen Queyras et Günther Herbig, le Concerto pour violoncelle de Bruno Mantovani constitue, selon les propres commentaires du compositeur, un travail de « recherche sur les notions de juxtaposition et de continuité »... Vaste programme, ladite problématique pouvant concerner tout aussi bien l’ensemble de notre production musicale savante contemporaine, continuellement gênée aux entournures par ces notions de narrativité et de continuité.


Lors d’une première écoute ce Concerto attire l’attention par les échanges instantanés qu’il ménage entre de brèves incises du violoncelle solo et un partenaire orchestral qui reprend ces éléments à la volée. Moments cursifs d’écho ou de résonances, prépondérants au début et à la fin d’une œuvre qui tente sans la réussir une structure en arche, le centre de gravité de la partition paraissant saturé par un amoncellement orchestral gras qui noie le soliste et l’oblige à de longs et pénibles séquences d’ostinati sans grâce. Intuitivement la référence au Concerto pour violoncelle de Schumann pourrait intéresser, mais manque en ce cas ici une véritable assimilation du vertige schumanien, jeu subtil autour d’une bascule vers le vide qui reste aujourd’hui l’apanage des grands artisans du presque silence comme Lachenmann ou Zender. De plus la gageure de se limiter à un orchestre traditionnel, cordes en effectif moyen et vents par deux, paraît en partie compromise par une partie de timbales dont le tapage continuel dérange. Un concerto acceptable, cela dit, et vaillamment défendu par Marc Coppey, dont les sonorités élégantes trouvent cependant peu d’occasions de se dégager d’un tissu orchestral trop lourd.


Bruno Mantovani, qui présente toutes les œuvres du programme par un court préambule explicatif, s'est fait par ailleurs plaisir en disposant autour de son Concerto deux incontournables du répertoire, défendus avec des compétences de chef d’orchestre perfectibles mais un engagement physique louable. L’Orchestre Philharmonique de Strasbourg s’efforce de le suivre mais s’enlise dans le tempo très lent de l’Ouverture de Don Giovanni, défi à la lourdeur que seul de très grands maîtres d’œuvre comme Klemperer ou Celibidache pouvaient naguère transcender. La version pour orchestre à cordes de La Nuit transfigurée paraît mieux habitée, avec quelques déficits en homogénéité que l’acoustique de l’auditorium de la Cité de la Musique souligne sans mansuétude. Une soirée au demeurant sympathique, dont l’absence de prétention contraste avec l’environnement verbal volontiers boursouflé qui reste l’un des péchés récurrents des concerts du Festival Musica.



Laurent Barthel

 

 

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