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Triste Così

Paris
Palais Garnier
01/28/1998 -  et 31 janvier, 2, 5, 8, 11, 14, 18 février 1998
Wolfgang Amadeus Mozart : Così fan tutte, K. 588
Melanie Diener (Fiordiligi), Angelika Kirchschlager (Dorabella), Bruce Ford (Ferrando), Russel Braun (Guglielmo), Anna Maria Panzarella (Despina), William Shimell (Don Alfonso)
Orchestre et Choeurs de l’Opéra National de Paris, Gary Bertini (direction)
Ezio Toffolutti (mise en scène, décors et costumes)

Cosi fan tutte fut longtemps boudé par un public peu enclin à se passionner pour les troubles sentimentaux de la jeune noblesse italienne. La complexité psychologique de l’oeuvre devient pourtant son plus grand atout lorsqu’elle a cessé d’être un obstacle, lorsque la scénographie exploite cette richesse de l’ambiguité. Ce n’est malheureusement pas le cas dans cette production d’Ezio Toffolutti qui mise davantage sur la joliesse des décors aux teintes pastels que sur la caractérisation des personnages. Pour cette reprise, les interprètes s’enlisent dans une fadeur ennuyeuse tout juste rehaussée par quelques rares moments de tension, d’émotion. Pour ses débuts parisiens, Melanie Diener arbore un timbre chaleureux enrichi par un médium solide et moelleux. Hélas, la voix est languissante et ses partenaires ont parfois bien du mal à la tirer vers eux pour qu’elle reste en mesure. Ce manque de souplesse, de tranchant s’avère être un réel handicap dans "Come Scoglio" où la soprano manifeste plus d’apathie que de rage. D’ailleurs, il est difficile de cerner cette Fiordiligi peu vertueuse qui lance des oeillades suggestives dès le premier acte et parvient malgré sa pauvreté psychologique à toucher dans un "Ei parte senti" irrésistiblement habité au second acte. En Dorabella, Angelika Kirchschlager est on ne peut plus impersonnelle. Elle a beau avoir des moyens incontestables, une technique irréprochable, un physique avantageux, elle ne se glisse jamais vraiment dans la peau de son personnage. Où sont l’identification initiale à une soeur aînée, l’espièglerie de la jeune fille immature, la joie de vivre boulimique? Ainsi, si elle est somptueuse au disque, la jeune mezzo autrichienne doit encore faire des progrès à la scène pour réussir à s’imposer réellement et à conquérir définitivement notre coeur. Du côté des messieurs, le tableau n’est pas plus flatteur. Il y a donc peu de choses à dire de Bruce Ford et de Russel Braun qui ne retiennent ni l’un ni l’autre l’attention. Ils interprètent Ferrando et Guglielmo comme ils chanteraient n’importe quels autres rôles et s’ils ne pèchent par aucun défauts majeurs, ils provoquent l’indifférence la plus complète. Le couple de trouble-fête que forment Despina et Don Alfonso brille surtout par la prestation de William Shimell qui voit dans son rôle un Don Giovanni vieillissant et cynique, tandis qu’Anna Maria Panzarella campe une charmante soubrette comme il y en a eu tant d’autres. La direction sèche et mécanique de Gary Bertini ne contribue pas à inspirer les chanteurs. Le chef n’exploite pas les atouts d’un orchestre riche en coloris, il nivelle toutes les scènes au même plan, il ignore les nuances, les soupirs, les épanchements, les emportements de cette partition sublime. Ce spectacle nous apporte finalement une triste démonstration : il est hélas possible de s’ennuyer dans Così.



Katia Choquer

 

 

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