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A la recherche du violoncelle baroque français

Paris
Cathédrale Saint-Louis des Invalides
10/05/2010 -  et 3 octobre 2010 (Versailles)
Jean-Marie Leclair : Sonate en trio en ré mineur, opus 4 n° 1
Jean-Philippe Rameau : Hippolyte et Aricie : «Cruelle mère des amours»
Jean Barrière : Sonate pour violoncelle et basse continue en do mineur, Livre II n° 6
Batistin Stück : Cantate «Pur ti connobi al fine» *
Christoph Willibald Gluck : Iphigénie en Tauride : «J’ai perdu mon Eurydice»
Antonio Vivaldi : Sonate en ré mineur pour deux violons et basse continue RV 63, «La Follia»
Joseph Pignolet de Montéclair : Cantate «La Morte di Lucrezia»

Marie Kalinine (dessus)
Ensemble Pulcinella: Lorenzo Colitto, Stéphanie Paulet (violons), Laurent Stewart (clavecin), Jocelyn Daubigné (flûte), Eric Bellocq (luth), Ophélie Gaillard (violoncelle et direction)


O. Gaillard


Dans le cadre somptueux de la cathédrale Saint-Louis des Invalides et du cycle «Lauréats des Victoires de la musique classique» sous l’égide et avec le soutien du CIC, Ophélie Gaillard et son ensemble Pulcinella donnaient ce soir un concert original, parcourant l’œuvre de plusieurs compositeurs (notamment français) du XVIIIe siècle qui ont pour point commun d’être peu souvent interprétés dans les habituelles salles de concerts.


Une partie des œuvres au programme relevaient de la simple musique de chambre. Pour commencer, Jean-Marie Leclair (1697-1764), qui fait partie de ces compositeurs célèbres en leur temps mais délaissés aujourd’hui. Considéré comme le père de l’école française du violon (également illustrée par Besson, Senallié et Jacques Aubert), il a notamment composé plusieurs ouvrages pour cet instrument, notamment force sonates et concertos. La sonate en trio est un genre auquel les compositeurs français ont assez fréquemment eu recours, qu’il s’agisse de Jean-Fery Rebel (1666-1747) pour le violon, ou de Jacques-Martin Hotteterre (1674-1763) et Michel De La Barre (1675-1745) à l’attention de la flûte, leurs instruments de prédilection respectifs. Cette Sonate en trio de Leclair, comportant deux mouvements eux-mêmes subdivisés en deux parties, et faisant appel à deux violons, un violoncelle, un luth et un clavecin, ne se caractérise pas par une grande imagination. On n’en appréciera pas moins la belle seconde partie du premier mouvement, le motif mélodique en canon étant joué avec entrain par l’équipe de Pulcinella.


A tout seigneur tout honneur pourrait-on dire, Jean Barrière (1707-1747) faisait figure de passage obligé tant il fut un maître du violoncelle à son époque, propre ce soir à permettre à Ophélie Gaillard de montrer l’étendue de ses talents. Au sein de ses quatre livres de sonates pour violoncelle, la jeune soliste a choisi d’en jouer une issue du Livre II (1735), rappelant (puisqu’elle se livra à une brève présentation orale de chacune des œuvres) que Barrière avait véritablement révolutionné la technique instrumentale du violoncelle, étant un des premiers à le faire passer de l’état d’élément de la basse continue à celui de soliste. Des quatre mouvements, on retiendra surtout le troisième (Larghetto), mélodieux et dépouillé à souhait, oubliant de ce fait un bien décevant Adagio introductif où Ophélie Gaillard connut de sérieux problèmes de justesse.


Enfin, une nouvelle illustration du thème célèbre des «Folies d’Espagne» que Salieri, Marin Marais et Lully notamment ont illustré avec talent. Bien qu’Ophélie Gaillard eût annoncé Corelli, c’est Antonio Vivaldi (1678-1741) qui était le compositeur à l’honneur. En effet, alors qu’Arcangelo Corelli (1653-1713) destine ses «Folies» à la flûte à bec, Vivaldi a composé sa Sonate en ré mineur pour deux violons et basse continue: ce fut bien l’interprétation donnée ce soir. Lorenzo Colitto au premier violon et Stéphanie Paulet au second furent superbes, Ophélie Gaillard animant avec verve les cinq musiciens de l’ensemble.


Si la partie «orchestrale» du programme s’est avérée d’un bon niveau, on restera davantage sur sa faim en raison d’une partie «vocale» globalement décevante. Remplaçant au dernier moment Marina de Liso, la jeune mezzo-soprano Marie Kalinine (elle est née en 1979) s’avère fragile en plus d’une occasion. Qu’il s’agisse de l’air «Cruelle mère des amours» d’Hippolyte et Aricie de Jean-Philippe Rameau (1683-1764) ou du célébrissime «J’ai perdu mon Eurydice», extrait d’Iphigénie en Tauride de Christoph Willibald Gluck (1714-1787), elle n’émeut que rarement, handicapée par une prononciation défaillante et une implication perfectible. On sera, en revanche, plus convaincu par son interprétation des deux cantates composées respectivement par Batistin Stück (1680-1755), compositeur italien comme ne l’indique pas son nom, et Joseph Pignolet de Monteclair (1667-1737). Certes, la prononciation de la langue italienne semble davantage convenir à Marie Kalinine, mais c’est surtout la théâtralité inhérente à ces deux pièces qui lui permet de donner une plus grande expression à son chant, servi par une voix chaude et puissante.


Le site d’Ophélie Gaillard
Le site de l’ensemble Pulcinella
Le site de Marie Kalinine
Le site d’Eric Bellocq



Sébastien Gauthier

 

 

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