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Cherubini face à Haydn

Eisenstadt
Schloss Esterhazy
09/11/2010 -  
Joseph Haydn : Ouverture de «Philémon et Baucis» – Symphonie n°103 «Roulement de timbales», en mi bémol majeur
Luigi Cherubini : Symphonie en ré majeur – Ouverture de «Démophoon»

Capella Augustina, Andreas Spering (direction)


A. Spering (© Marco Borggreve)


Fondateur en 1996 de la Capella Augustina, l’orchestre des châteaux de Brühl, Andreas Spering, qui a dirigé les dernières représentations de Don Giovanni à Aix, est un familier de Haydn, dont il a gravé, entre autres, un très beau Retour de Tobie pour Naxos – et il a fondé en Allemagne le premier festival Haydn. Sa présence aux « Haydntage » d’Eisenstadt allait donc de soi, comme celle de Cherubini dans le programme, puisque le festival fête cette année les anniversaires. Le compositeur de Médée, en outre, admirait profondément Haydn, depuis qu’il avait, comme violoniste, participé aux premières à Paris des Parisiennes ; dès qu’il arriva à Vienne en 1805 pour diriger des concerts, il alla rendre visite au vieux maître, qui l’estimait aussi beaucoup, et lui remit un diplôme d’honneur de l’Institut de France. A la mort de Haydn, Nicolas II Esterházy lui proposa, à Paris, de lui succéder à Eisenstadt au poste de maître de chapelle, puis reprit sa parole - cela lui valut une demande de dédommagement en bonne et due forme.


Après une ouverture de l’opéra pour marionnettes Philémon et Baucis, tonique, ébouriffante ou charmeuse, où l’on admire d’emblée la rondeur et la saveur des instruments, la souplesse des phrasés, la Symphonie en ré majeur de Cherubini, qu’enregistra Toscanini, trouve naturellement sa place. Non qu’elle égale les Symphonies de Haydn, même si elle s’en souvient – notamment dans les caquètements du Trio du Menuet, qui rappelle La Poule. Le chef tire tout le parti possible de cette partition inégale, aux contrastes dynamiques souvent appuyés et parfois très heureux, qui sent le compositeur de théâtre. L’Allegro initial pétille et sourit, vif dans ses rythmes et ses couleurs, le Larghetto cantabile gagne beaucoup à être ainsi dramatisé, le Menuet affiche une franche santé et ne manque pas d’esprit, avec de jolies combinaisons de timbres, et le Finale, plein de fougue, rappelle décidément l’opéra.


La fougue devient violence dans une tempétueuse Ouverture de Démophoon, où l’on sent Cherubini plus à son affaire et que le chef domine parfaitement, sans vaine agitation – une manie de certains chefs baroqueux. C’est cependant dans la Cent-troisième Symphonie de Haydn, tellement au dessus de celle de Cherubini, que chef et orchestre brillent le plus. Une symphonie dont le compositeur offrit le manuscrit autographe à son cadet italien… Le roulement de timbales initial, comme chez Harnoncourt hier ou Minkowski aujourd’hui, est joué fortissimo sur l’intervalle tonique-dominante. L’Allegro con spirito témoigne ensuite d’un remarquable sens des contrastes et de la conduite du discours, avançant à la fois avec une inépuisable énergie et une impeccable maîtrise. Le chef respecte bien, dans l’Andante, le più tosto Allegretto, auquel il confère une séduction bonhomme et dont il met à nu toute la richesse polyphonique. Pas trop rapide, le Menuet n’a pas moins de grâce dans ses accents populaires, auquel le Trio s’enchaîne naturellement. L’Allegro con spirito final confirme la virtuosité de l’orchestre, dont a notamment beaucoup admiré les bois ; le chef, lui, laisse la musique tourbillonner tout en structurant avec la plus grande rigueur un mouvement génialement bâti sur un seul thème.


On reste chez Haydn pour les bis, un pétulant Finale de la Quatre-vingt-huitième Symphonie et l’Andante de l’Ouverture de Philémon et Baucis.



Didier van Moere

 

 

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